Dans un retour sur les emeutes de 2005, voici une tentative
de liste exhaustive des évènements qui on agité la France en novembre 2005. On y apprend notamment qu'une grand mère de 64 ans a participé aux émeutes...
Pour des raisons de lisibilité nous ne restituons qu'une partie de la chronologie...
CHRONOLOGIE des événements du 27 octobre au 20 novembre 2005
parue dans La révolte des cités françaises, symptôme d’un combat social mondial
Sources. Nous avons utilisé pour cette chronologie les quotidiens Libération, Le Parisien, le Monde... et les agences AFP, Reuters...ainsi que les sites Internet Nouvelobs.com et http://fr.wikipedia.org/wiki/Émeute...
Les sites cites2france.skyblog.com/ et cettesemaine.free.fr,qui ont publié aussi des chronologies des émeutes, s’appuient principalement (ainsi qu’une kyrielle d’autres sites) sur nouvelobs.com
En dernière instance, en dehors de quelques reportages de journalistes qui ont recueilli des faits directement, la principale source de toutes ces recensions est la police.
D’après certaines informations, le ministère de l’Intérieur aurait donné, dès le début des « émeutes », des ordres aux préfets pour que toutes les informations soient filtrées avant d’être transmises aux médias. On peut supposer que cette pratique a éliminé des statistiques témoignant de l’expansion générale des « troubles » tout ce qui a pu se passer dans les localités de moindre importance ou isolées.
Ainsi qu’en témoigne cette lettre d’un camarade de province (Saône-et-Loire) : « ...En tout cas, cette fois, les révoltes ne se sont pas limitées qu’aux grandes cités des grandes villes ; elles ont éclaté même dans de petites villes, par exemple Montceau-les-Mines (30 000 habitants) où il y a eu quatre nuits consécutives d’émeutes ( voitures incendiées, magasins brûlés, bagarres avec les flics, etc.). Je sais qu’au Creusot il ne s’est quasiment rien passé, à Dijon, il y a eu au moins deux nuits où ça a chauffé, comme à Châlon-sur-Saône . Dans l’Allier je sais qu’à Vichy il y a eu des voitures incendiées mais rien d’autre... »
Ÿ C’est toujours suite à une bavure ou à un contrôle policier, entraînant la mort d’un jeune, que les quartiers « s’enflamment ». La mort de deux mineurs à Clichy-sous-Bois, alors qu’ils se croyaient ou étaient poursuivis par la police, n’a pas échappé à la règle.
Jeudi 27 octobre
Ÿ Trois adolescents enjambent les grilles d’un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Deux d’entre eux, Zied Benna, 17 ans, d’origine tunisienne, et Bouna Traore, 15 ans, d’origine malienne, trouvent la mort en s’électrocutant. Le troisième, Muhittin Altun, âgé de 17 ans,dont les parents sont des Kurdes de Turquie, est grièvement blessé. La polémique portera notamment sur le fait de savoir si ces garçons cherchaient à échapper à la police, celle-ci affirmant qu’elle ne les poursuivait pas, le survivant et d’autres jeunes témoignant d’une course-poursuite. Muhittin Altun confirmera le 10 au juge d’instruction la « course poursuite » dont lui et ses camarades faisaient l’objet.
Ÿ La presse évoquera, le même jour, la mort survenue dans la rue d’une autre banlieue parisienne, Epinay-sur-Seine, d’un quinquagénaire employé dans une entreprise d’éclairage public. Jean-Claude Irvoas, qui se promenait en prenant des photographies de lampadaires pour son travail, avait été roué de coups de poings et de pieds par trois hommes sous les yeux de sa femme et de sa fille. Il était mort peu après. Fait divers qui comme d’autres n’est pas en lien direct avec la révolte des cités mais participe d’une atmosphère de violence et sera utilisé pour faire l’amalgame avec les « émeutes ». Deux hommes seront arrêtés pour cette affaire, puis un troisième le mercredi 9 novembre.
Ÿ A Clichy-sous-Bois, la nouvelle du décès de Zyed Benna et de Bouna Traoré jette dans la rue plusieurs dizaines d’adolescents, environ 200 selon le ministère de l’Intérieur. « On a vu les jeunes se masser progressivement et venir au contact », indique un secouriste. Ils s’en prennent d’abord aux pompiers venus tenter de secourir les trois garçons réfugiés dans le transformateur ; les pompiers doivent transporter le blessé au centre de secours de Clichy-sous-Bois pour échapper aux caillassages.
Nuit du 27 au 28 octobre
Ÿ Vers 23 heures, la brigade de sapeurs-pompiers de Paris déclenche le plan de secours « troubles urbains » tandis que des « bandes incontrôlées de plusieurs dizaines de jeunes », selon les termes de l’état-major des sapeurs-pompiers de Paris, s’en prennent aux engins en intervention, au centre de secours de Clichy-sous-Bois et à d’autres bâtiments. 23 voitures sont incendiées.
Nuit du 28 au 29 octobre
Ÿ 400 jeunes affrontent pendant deux heures les policiers à Clichy-sous-Bois et dans la ville voisine de Montfermeil. Une balle réelle est tirée contre un fourgon de CRS. 29 voitures sont brûlées, les vitres d’un centre commercial brisées, des abri-bus vandalisés ; une école, la poste et la mairie font l’objet de caillassages. Face à ces jeunes, jusqu’à 300 policiers ont répliqué jusqu’à 2 heures du matin.
Ÿ Un classique en pareil cas que la police sait en principe bien gérer. Mais cette fois, l’explosion de colère et de haine de la jeunesse des cités va se généraliser. N’ayant pas la possibilité de faire la grève, les jeunes vont s’en prendre à tout ce qui dans leur vie courante apparaît comme des centres de contrôle, d’interdiction et de répression : centres commerciaux, écoles primaires ou maternelles, églises, bus et dépôt de bus, véhicules, trains, personnes, poste de police, mairies, poste, Sécurité sociale, tribunaux, centres culturels, théâtres, gymnases...
Samedi 29 octobre
Ÿ 500 personnes défilent en silence dans Clichy-sous-Bois, en mémoire des deux mineurs morts.
Ÿ Vers 18 heures, on apprend à Bobigny (préfecture de Seine-Saint-Denis) qu’un dispositif renforcé de près de 400 policiers va être mis en place.
Nuit du 29 au 30 octobre
Ÿ La rage reprend. Vers 23 h 30, la police ne compte que 17 feux de poubelles et de véhicules, mais dans la nuit, 20 véhicules seront incendiés à Clichy-sous-Bois. « Quelques échauffourées » selon la police, 6 policiers légèrement blessés.
Dimanche 30 octobre
Ÿ Les affrontements s’étendent à la limite de Clichy-sous-Bois et Montfermeil, 8 voitures incendiées.
Ÿ Une grenade lacrymogène utilisée par les CRS atteint une mosquée de Clichy-sous-Bois. Le 7 novembre, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, déclarera que la grenade, dont les gaz ont pénétré dans l’édifice, « n’a pas éclatée dans la mosquée ».
Ÿ 22 personnes en garde à vue, dont 9 interpellées durant la nuit. 11 jeunes vont être déférés dimanche soir devant le parquet de Bobigny en vue de leur mise en examen.
Lundi 31 octobre
Ÿ Trois adultes âgés de 20 à 27 ans sont condamnés par le tribunal de Bobigny à huit mois de prison, dont deux ferme, pour avoir lancé des projectiles contre des policiers.
Nuit du 31 octobre au
1er novembre
Ÿ La révolte fait tache d’huile : échauffourées à Clichy-sous-Bois (un cocktail Molotov est lancé vers le PC des forces de sécurité) et dans six autres villes de Seine-Saint-Denis (Aulnay-sous-Bois, Bondy, Montfermeil, Neuilly-sur-Marne, Sevran, Tremblay-en-France), ainsi qu’à Chelles (Seine-et-Marne), ville limitrophe de Montfermeil. 68 véhicules incendiés dans le département.
12 interpellations
Mardi 1er novembre
Le jeu de l’apaisement est rangé au placard, et l’Etat, sa police et sa justice... sont sur le pied de guerre.
Ÿ Les familles des deux adolescents morts à Clichy-sous-Bois refusent d’être reçues par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, en raison des propos qu’il tient sur les banlieues, attribuant la tension qui y règne à des « voyous », des « racailles » (Argenteuil, 25 octobre) qu’il faut « nettoyer au Kärcher » (La Courneuve, 21 juin).
Le 20 juin 2005, un enfant est tué par une balle perdue lors d’une fusillade à la Cité des 4 000 à La Courneuve. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, déclare lors de son déplacement sur place vouloir « nettoyer la cité au Kärcher ». Le 25 octobre, lors d’un déplacement à Argenteuil, Nicolas Sarkozy utilise le mot « racaille » reprenant le terme utilisé par une femme du quartier à laquelle il s’adressait.
Mais Sarkozy est présent à l’entrevue que les familles acceptent avec le premier ministre, Dominique de Villepin. Celui-ci assure que « toute la lumière sera faite sur les circonstances de cet accident ». Le ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, Azouz Begag, dénonce la « sémantique guerrière, imprécise » du ministre de l’Intérieur.
Ÿ Mardi soir, 13 personnes sur les 19 interpellées samedi et dimanche sont déférées devant le parquet de Bobigny. 8 d’entre elles seront jugées en comparution immédiate le 2 novembre. 4 mineurs, interpellés pendant le week-end, sont remis en liberté.
Nuit du 1er au 2 novembre
Ÿ Les affrontements reprennent en Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne, Yvelines et Val-d’Oise, 228 voitures sont incendiées.
Ÿ 34 interpellations
Ÿ Le nombre d’incendies de voitures, qui peut paraître une comptabilité dérisoire, est pour la police un indice de la violence des émeutes. En temps « normal », une centaine de véhicules sont incendiés chaque jour dans l’Hexagone, pour toutes sortes de motifs (escroqueries à l’assurance, affaires privées ou vengeance, ou encore pour faire disparaître des traces ou des indices mettant en cause le milieu du banditisme).
Le ministère de l’Intérieur entend par « véhicules », il faut entendre non seulement des voitures, mais aussi des autobus, des motos et des cyclomoteurs. Lorsque, le 17 novembre, le ministère annoncera le retour à une situation « normale », ce sera en raison de la fin des affrontements entre jeunes et policiers et du retour à moins de cent véhicules brûlés dans la France entière.
Ÿ Seine-Saint-Denis. A Bobigny, deux véhicules de la Direction départementale de l’équipement (DDE) sont incendiés. A Bondy, le sabotage d’un transformateur EDF plonge la ville dans le noir ; le magasin Mondial Moquette de cette ville (4 salariés) est incendié.
Incidents à La Courneuve, Tremblay-en-France , Sevran, Livry-Gargan, Pierrefitte, Clichy-sous-Bois.
A Aulnay-sous-Bois, à la limite du Blanc-Mesnil, sept (selon Le Parisien, six selon Le Monde du 10 novembre) autocars détruits dans la zone d’activité du Coudray.
Ÿ A Pau, dans le « quartier sensible » de l’Ousse-des-Bois, série d’actes de violence ces deux dernières nuits .
Mercredi 2 novembre
Ÿ Sarkozy annule son voyage au Pakistan et en Afghanistan.
Ÿ Le président de la République appelle, en conseil des ministres, à « l’apaisement des esprits ».
Ÿ Dominique de Villepin lui aussi reporte un voyage, au Canada, et annonce « un plan d’action » avant la fin novembre, tout en affirmant qu’il n’y a « pas de solution miracle face à la situation des quartiers ».
Ÿ Entrée en vigueur du Plan de lutte contre les violences urbaines mobilisant 17 compagnies de CRS dans 17 département sensibles.
Ÿ Seine-Saint-Denis. Vers 19 heures, une quarantaine d’individus vandalisent le centre commercial de Bobigny, la préfecture du département. La vitre d’une boutique de prêt-à-porter est brisée et les extincteurs vidés. Selon un gardien, les assaillants étaient cagoulés et ont blessé à la nuque une employée dans un supermarché. Trois commerçants seraient légèrement blessés.
Ÿ 6 jeunes adultes comparaissent à Bobigny. Des peines de 1 mois et 3 mois ferme sont prononcées contre 2 d’entre eux.
Ÿ Au Blanc-Mesnil, un bus de la ligne 251 est caillassé et stoppé par un barrage de poubelles ; le chauffeur et les passagers descendent ; le bus est ensuite incendié.
Une ou deux rames du RER B sont visés par des pierres à hauteur du Blanc-Mesnil. « Une trentaine de jeunes ont caillassé la rame, actionné de nombreux signaux d’alarme et volé les effets personnels de plusieurs voyageurs ».
Ÿ Le 2 novembre, une quinquagénaire handicapée âgée de 56 ans est gravement brûlée (20 %) au cours de l’attaque d’un bus à Sevran (Seine-Saint-Denis).
La presse rapportera le 4 ce fait divers particulièrement choquant, indiquant qu’un bus de la ligne 15 des Courriers d’Ile-de-France (CIF) transportant une cinquantaine de personnes avait été pris dans un guet-apens mercredi 2 vers 21 h 30 et forcé de s’arrêter par des conteneurs (bennes à ordures) enflammés placés au milieu de sa route, selon le parquet de Bobigny. Des dizaines d’individus ont alors lancé une bouteille d’essence enflammée dans le bus conduisant le chauffeur à demander aux passagers de descendre. La victime n’a pu sortir et un jeune homme l’aurait aspergée d’essence [« deux jeunes montent à bord et vident des bidons d’essence, aspergeant le conducteur et la passagère munie de béquilles assise à l’avant. Après avoir brisé des vitres, les assaillants jettent des chiffons embrasés dans le bus », écrit Le Parisien] ; d’autres auraient lancé un chiffon enflammé dans le véhicule. » « Après l’attaque du bus, les 200 émeutiers mettent à sac le centre social. » (Le Parisien.)
Vendredi 10 mars 2006, soit près de quatre mois après les faits, trois adolescents de 15 et 16 ans domiciliés à la cité des Beaudottes (interpellés le 7 mars) ont été mis en examen pour violence volontaire avec arme, en réunion et avec préméditation et pour destruction volontaire par incendie commise en réunion ayant entraîné une ITT (Incapacité totale de travail) supérieure à huit jours. Ils encourent vingt ans pour ces chefs d’inculpation. Les trois mineurs ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire dès le samedi 11.
Parmi eux se trouvaient, selon la police, les « deux principaux auteurs », le garçon qui a versé l’essence et celui qui a jeté le chiffon enflammé. Le troisième aurait participé au « guet-apens » tendu au bus. Tous trois ont reconnu leur rôle dans le drame. L’un d’entre eux a expliqué qu’il avait tenté de sortir la victime du bus, ce dont semblent témoigner des vêtements brûlés trouvés à son domicile. D’après l’enquête, il ne semble pas que les suspects aient volontairement aspergé d’essence la femme, mais plutôt qu’elle soit tombée dans l’allée du bus où avait été répandue l’essence, et qu’ils ne se soient aperçu qu’a posteriori de sa présence.
Nuit du 4 au 5 novembre
Ÿ 897 véhicules incendiés, dont 656 en Ile-de-France, 241 en province.
253 interpellations.
Ÿ Seine-Saint-Denis. Les forces de l’ordre (700 pompiers, 1 400 hommes, dont 8 compagnies de CRS et 5 escadrons de gendarmes mobiles) ont été renforcées par un hélicoptère équipé d’une caméra.
A Bobigny, alors que plusieurs personnes comparaissent au tribunal correctionnel, cinq voitures prennent feu dans les sous-sols du tribunal des prud’hommes. A Aubervilliers, à 18 h 45, un entrepôt textile de 5 000 m2 est en feu. Des cocktails Molotov sont jetés sur les pompiers, la police intervient.
A Noisy-le-Grand, des incidents éclatent lorsque le centre commercial ferme plus tôt que d’habitude. Un cocktail Molotov est lancé contre une école primaire. Un café-tabac est pillé.
A Saint-Denis, en plein centre-ville, des conteneurs en plastique flambent. Un engin incendiaire (qui ne provoque aucun dégât) est lancé sur le parking du commissariat.
A Pantin, heurts entre jeunes et policiers.
A Montreuil, incendies d’un magasin Leader Price,d’un parking couvert, d’une concession Renault.
A Pierrefitte, un engin incendiaire est lancé contre la synagogue ; l’incendie d’une voiture a provoqué une coupure d’électricité dans une partie du village. Une soixantaine de personnes sont allés se réfugier sur la place de l’église. ; deux personnes sont interpellées.
A Villetaneuse, un bureau de poste est incendié.
A La Courneuve, un début d’incendie dans une crèche est maîtrisé.
A Montmagny, un magasin Franprix a été attaqué.
A Persan, un parking souterrain incendié.
A Stains, durant la nuit, une agression est commise dans la rue contre un homme de 60 ans, Jean-Jacques Le Chenadec. « Rien ne permet pour l’instant de relier [ce fait] aux violences urbaines que nous connaissons actuellement », indique un policier. L’homme, hospitalisé dans le coma, mourra lundi dans l’après-midi. Nicolas Sarkozy reçoit alors sa veuve, et le maire (PC) de Stains appelle à manifester à 18 h 30 sur les lieux de l’agression, boulevard Maxime-Gorki. Jean-Paul Le Glou, adjoint au maire chargé des questions de sécurité, précise que « lier ces faits avec les violences urbaines n’a rien d’évident », et que « le quartier de la Croix-Blanche est distant de près d’un kilomètre du Clos-Saint-Lazare, la cité de Stains où se sont déroulés les incidents des derniers jours ».
Ÿ Hauts-de-Seine. A Suresnes, vers 22 h 30, 44 véhicules brûlent sous une halle de marché. A Gennevilliers, plusieurs dizaines de policiers sont déployés dans la cité du Luth, où quelques voitures ont été incendiées et où 9 jeunes gens avec des cocktails Molotov sont interpellés. A Clichy, 4 véhicules brûlés, un départ de feu dans un magasin Franprix. A Clamart, un camion détruit par un cocktail Molotov.A Colombes, des pompiers caillassés alors qu’il éteignent un incendie de voitures.
Ÿ Val-d’Oise. 37 véhicules brûlés,
34 interpellations.
A Sarcelles, tir à balle réelle sur un bus. A Villiers-le-Bel,les CRS bouclent une cité après des jets de cocktails Molotov et incendies de voitures ; des dégradations ont été constatées dans la bibliothèque.. A Garges-lès-Gonnesse, feu de conteneurs, jets de pierres contre une voiture de journalistes.
Ÿ Seine-et-Marne. A Meaux, heurts entre jeunes et policiers et pompiers. Un véhicule de secours est incendié par un cocktail Molotov alors que les pompiers interviennent pour un malaise dans un immeuble.
A Torcy, l’espace culturel Mosaïque, mitoyen du collège Jean-Monnet, a été incendié ; les flammes ne se sont pas propagées à l’établissement scolaire.
Ÿ Essonne. 60 incendies de voitures. Véhicules de police et de pompiers caillassés. A Corbeil-Essonne, dans le quartier de Coquibus, un policier blessé par deux pavés. Un engin incendiaire contre une concession Opel et un dépôt de pneus usagés. Plusieurs interpellations. A Epinay-sous-Sénart, incidents.
A Saint-Michel-sur-Orge, la mairie est ravagée en partie par un incendie. A Brétigny-sur-Orge, une école maternelle et primaire a été détruite en partie.
Ÿ Yvelines. Selon la préfecture, 38 voitures ont été incendiées et 16 personnes ont été interpellées, dont 7 à Sartrouville qui s’apprêtaient à mettre le feu à l’ancienne mairie annexe.
Aux Mureaux, affrontements entre une cinquantaine de jeunes et une soixantaine de CRS. ; quatre policiers légèrement blessés, 15 interpellations. Incendies de voiture (une douzaine) aux Mureaux, à Mantes-la-Jolie et à Elancourt, 9 interpellations
Ÿ Le ministère de la Justice annonce que sur les 1 206 personnes interpellées depuis le 27 octobre, une centaine ont été déférées à la justice. Une vingtaine d’adultes majeurs ont été condamnés à des peines de prison ferme, en Ile-de-France, et trente placés sous mandat de dépôt dans l’attente d’un jugement. Cinquante mineurs ont été présentés devant le juge des enfants.
Ÿ En Seine-Saint-Denis, 12 lignes de bus RATP sont interrompues. Le trafic du tramway et celui du RER B sont perturbés.
Ÿ Hauts-de-Seine. Le trafic des bus est interrompu dans plusieurs communes. A Colombes, un autobus est caillassé ; un bébé de treize mois qui se trouvait à bord aurait été blessé ; l’information sera démentie le lendemain.
Ÿ A Paris, la permanence du député UMP Pierre Lellouche est visée par un cocktail Molotov.
Ÿ Loire. Vers 16 heures, à La Ricamarie, banlieue de Saint-Etienne, un bus est incendié par un groupe de jeunes. Le chauffeur et une passagère sont légèrement blessés. Un adolescent de 17 ans avouera, mercredi 9, sa participation à l’incendie de cet autobus.
Jeudi 10, 7 mineurs seront présentés au parquet. Le trafic des bus est entièrement sus pendu dans l’agglomération par la société STAS et ne reprendra que mardi matin. En début de soirée, à Saint-Etienne, une école maternelle du quartier de Montreynaud est incendiée. Au Coteau, banlieue de Roanne, huit poids lourds sont incendiés.
Ÿ A Rouen, une voiture incendiaire est lancée sur le commissariat de police du quartier des Sapins.
Ÿ Incidents sporadiques à Toulouse, Orléans (une mairie annexe et une voiture de police sont la cible,en plein jour, de jets de pierre), Rennes.
Ÿ Essonne. A Grigny, quartier du Buffle, départ de feu dans une école. Alors que depuis quelques nuits les émeutiers semblaient éviter un contact direct avec les forces de l’ordre, de violents affrontements se sont produits à Grigny entre 200 jeunes et des CRS. Dans le quartier du Méridien, une trentaine de CRS atteints par des projectiles [34 blessés dans les rangs des forces de l’ordre]. Deux policiers, atteints par des tirs de pistolet à grenaille et de fusil de chasse, sont hospitalisés. Aucune arrestation n’a été signalée lors de ces heurts à Grigny,mais le mardi 8, le parquet d’Evry ouvrira une information judiciaire pour « tentative d’homicide volontaire ».
Ÿ Un bureau de police à Clermont-Ferrand est totalement détruit.
Nuit de dimanche 6 à lundi 7
Ÿ C’est la plus forte nuit d’émeute : 1 408 véhicules sont incendiés à travers 274 communes, menant à l’interpellation de 395 émeutiers présumés.
Les actes de violences ont commencé dès l’après-midi, en banlieue parisienne comme en province (Orléans, Blois, Nantes Rennes, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Lyon, Saint-Etienne, Lille, Strasbourg...). Le mouvement, qui s’était brusquement étendu samedi en province (554 voitures brûlées), a explosé dimanche (982 voitures brûlées), alors qu’il diminuait « significativement » en Ile-de-France.
Ÿ A Paris, 9 jeunes gens, dont un mineur de 17 ans, sont interpellés dimanche soir et placés en garde à vue pour des dégradations et une tentative d’incendie d’un dépôt-vente.
Ÿ Seine-Saint-Denis. A Aulnay-sous-Bois, un centre social. est ravagé. Trois cocktails Molotov sont lancés contre la façade du domicile de Martine Valleton, maire (UMP) de Villepinte.
Ÿ Hauts-de-Seine. A Asnières, un studio de production télévisuelle est détruit par un incendie d’origine criminelle. A Suresnes, un entrepôt pharmaceutique.est détruit.
Ÿ Val-de-Marne. A Villejuif, plusieurs cocktails Molotov ont été lancés sur la caserne des pompiers, vide au moment des faits, selon la préfecture. Au Kremlin-Bicêtre, des cocktails Molotov ont été jetés sur la police. Bilan : 8 policiers légèrement blessés, un car brûlé, une vingtaine de voitures brûlées dont deux jetées sur une station d’essence, une centaine de CRS mobilisés, 19 arrestations, des cabines téléphoniques et arrêts de bus cassés, 15 voitures cassés, des poubelles et motos brûlées.
Une crèche « prise pour cible » à Saint-Maurice : 4 mineurs de moins de 16 ans seront mis en examen samedi pour y avoir jeté des cocktails Molotov.
Ÿ Des véhicules brûlent à Rouen (où une voiture bélier est lancée contre un commissariat de police d’un « quartier sensible »), au Havre, à Rennes, à Nantes, à Orléans (où des affrontements opposent policiers et casseurs cagoulés, plus un lancer de cocktail Molotov contre une rame de tramway), à Toulouse (une trentaine), Lille.
Ÿ Nice. Un peu après minuit, une vingtaine de voitures ont brûlé depuis le début de la soirée dans différents quartiers.
Vers 20 heures, un jeune homme de vingt ans est mis en examen et écroué à Nice pour jets de projectiles sur les forces de l’ordre et détention d’engins explosifs.
Ÿ Deux cocktails Molotov sont lancés contre le presbytère de l’île de Thau à Sète (Hérault), sans faire de dégâts.
Ÿ .
Ÿ Le conseil général de Seine-Saint-Denis annonce que des « mesures de gardiennage » ont été prises dans une quarantaine de collèges (sur les 116 du département) pour éviter que les établissements soient touchés par les émeutes.
Ÿ A Bobigny, un jeune homme de 19 ans est condamné à dix mois d’emprisonnement dont quatre ferme et six avec sursis pour avoir lancé un cocktail Molotov sur des policiers samedi à Saint-Ouen.
Ÿ Val-d’Oise. A Cergy le gymnase de Gency, une salle polyvalente, une école et une maison de quartier sont incendiés.
Ÿ Essonne. Au Vigneux-sur-Seine, l’école Louise-Michel et la bibliothèque sont incendiées.
Ÿ Lundi 7,Creil (Oise) : une Pakistanaise du quartier du plateau Rouher est placée en garde en vue pour « manquement aux obligations parentales », après l’interpellation de l’un de ses cinq enfants, âgé de 15 ans, arrêté en flagrant délit dimanche alors qu’il s’appêtait à incendier une voiture d’une société d’ambulances avec une bombe aérosol et une boîte d’allumettes. « Une première dans le cadre des violences urbaines qui embrasent depuis plusieurs jours l’agglomération creilloise ». Libérée le mardi, elle devra suivre un stage de « parentalisation » avec des psychologues !
Ÿ Isère. A La Tour-du-Pin, vers 7 heures, un début d’incendie dans une école primaire et maternelle est maîtrisé. La bibliothèque est détruite.
Ÿ .A Toulouse, dans l’après-midi, un bus de la ligne 3 est incendié par une quinzaine d’individus en cagoule dans le quartier de la Reynerie. Un des assaillants d’un autobus saisit une grenade lacrymogène lancée par la police, « vraisemblablement pour la renvoyer sur les forces de l’ordre », reprennent les journaux et les sites web, « pour l’éloigner d’un groupe d’enfants », indique la CNT-AIT (voir page 53) ; la grenade explose et lui arrache la main ; il devra être amputé.
55 incendies de voitures.
Ÿ A Toulouse, à 20 heures, un jeune homme de 18 ans est condamné à 8 mois ferme pour avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre.
Ÿ Le premier ministre, Dominique de Villepin, resté dans l’ombre de Chirac depuis le début de la crise, estime vers 20 h 30 sur TF1 que « des réseaux criminels organisés appuient les désordres » ; il annonce les mesures visant à rétablir l’ordre : restauration des subventions aux associations des « quartiers sensibles », proposition d’avancer l’âge de l’apprentissage à 14 ans, multiplication des bourses au mérite et des « internats d’excellence » et, côté répression, la mobilisation de « 1 500 policiers et gendarmes de plus » et, surtout, le recours exceptionnel par les préfets au couvre-feu en vertu d’une loi de 1955 appliquant l’état d’urgence dans tout ou partie de vingt-cinq départements (voir à la date du 9 novembre).
Cette loi, fabriquée pour faire face aux « rebelles » algériens (loi qui précédait les « pouvoirs spéciaux » en Algérie, votés par le PS et le PCF), a été appliquée en France en 1961 lors du putsch des généraux, le 17 octobre de la même année quand la police a assassiné des centaines d’Algériens, puis en 1985 en Nouvelle-Calédonie face à la révolte des Kanaks. L’état d’urgence, inutilisé en France métropolitaine depuis 1961, même pas en Mai 68, prend l’aspect d’une nouvelle provocation. Il prend effet le mercredi 9 novembre avec la publication au Journal officiel du décret du ministère de l’Intérieur. Il peut rester en vigueur douze jours, soit jusqu’au 20 novembre. Au-delà, il faut une loi. L’état d’urgence sera prolongé pour trois mois.
L’article 5 de la loi de 1955 donne pouvoir aux préfets « d’interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté, d’instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé, d’interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics ».
Ils peuvent prononcer « des interdictions de séjour ou des assignations à résidence » ; exiger la remise des armes, ordonner la fermeture de lieux publics y compris cafés, restaurants, salles de spectacle ou de débat ; interdire des réunions ; faire diligenter des perquisitions de nuit en dehors de toute procédure judiciaire. Le refus de se soumettre au couvre-feu ou à ces mesures est puni, selon l’article 13 de la loi, de huit jours à deux mois d’emprisonnement et d’une amende.
Ÿ A Vaulx-en-Velin, un début d’incendie dans une école maternelle est maîtrisé par les sapeurs-pompiers.
Ÿ Lille, 25 incendies de véhicules.
Ÿ Vers 22 heures, à Evreux, 7 jeunes hommes de 19 à 22 ans sont condamnés à des peines de 8 à 12 mois ferme, pour violences urbaines.
Ÿ Vers 23 heures, à Nancy, deux condamnés à 8 mois de prison dont 4 ferme pour l’incendie d’une voiture ; à Orléans, 3 condamnés à 8 à 10mois ferme.
Nuit du 7 au 8 novembre
Ÿ 1 173 voitures ont été brûlées dans toute la France au cours de la nuit du 7 au 8 et 330 arrestations ont été opérées.
Ÿ Seine-Saint-Denis. Nette décrue des violences, selon la préfecture. A La Courneuve, vers 20 h 30, 300 à 400 personnes manifestent à l’appel de la mairie et d’associations pour dire « non aux violences ».
A Villepinte, un gymnase a été incendié.
Ÿ Val-d’Oise. Sarkozy à Cergy.
Ÿ A Nanterre (Hauts-de-Seine), deux hommes de 23 ans sont condamnés à 8 mois et 1 an de prison ferme pour avoir fourni un bidon d’essence à des mineurs.
Ÿ Exemples donnés par Le Parisien : à Nantes, le 8, deux jeunes hommes de 18 et 21 ans condamnés à trois et quatre mois ferme pour fabrication et détention d’un cocktail Molotov ; à Belfort, trois adolescents de 18 à 19 ans condamnés à des peines de un à deux mois ferme pour incendies de véhicules.
Ÿ Outre les 106 condamnés, ont été écrouées 72 personnes en préventive ; donc 178 détenus,parmi lesquels 23 mineurs.
En tout, 170 mineurs ont été présentés à un juge des enfants, dont 33 ont été placés sous mandat de dépôt et écroués.
Ÿ Un Français de 16 ans et un Ghanéen de 18, originaires de Seine-Saint-Denis, soupçonnés d’avoir appelé à l’émeute sur leurs blogs, sont mis en examen pour « provocation à une dégradation volontaire dangereuse pour les personnes par le biais d’Internet ».
Ÿ Ain. Un incendie ravage les bâtiments de la maison de la petite enfance de Saint-Maurice de Beynost, commune proche de Miribel.
Ÿ Le conseil régional d’Ile-de-France indique qu’il votera le lendemain mercredi un plan d’urgence de 20 à 30 millions d’euros pour les communes sinistrées par les violences urbaines et pour les victimes de déprédations.
Ÿ Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, reporte le voyage qu’elle devait effectuer du 11 au 15 novembre en Australie et en Nouvelle-Calédonie en raison de la situation en France.
Ÿ Le maire (UMP) d’Orléans prend à midi un arrêté municipal instaurant un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans dans sa commune.
Ÿ Le conseil des ministres prend le décret d’application de la loi sur l’état d’urgence permettant aux préfets d’imposer un couvre-feu « dans des zones qui seront définies ». Ce couvre-feu sera applicable « à partir de 0 heures »mercredi. Le président de la République réunira à la fin de la semaine un nouveau conseil des ministres où sera présenté un projet de loi permettant la prorogation de l’état d’urgence au-delà des douze jours prévus par le texte de 1955.
Ÿ Les syndicats de police expriment leurs réserves sur la décision gouvernementale d’instaurer un couvre-feu.
Ÿ Le tribunal de Bobigny doit juger dans l’après-midi au moins une quinzaine de jeunes gens.
Ÿ « On ne peut pas dire que les patrons n’engagent pas les personnes venant de banlieue (...), mais la culture banlieue est relativement antinomique avec la culture de l’entreprise », estime lors d’un « point presse »le président de l’Assemblée des chambres de commerce et d’industrie, Jean-François Bernardin, ajoutant que les patrons « vont au plus facile » en matière d’embauche.
Ÿ Le conseil des prud’hommes de Bobigny est fermé « jusqu’à nouvel ordre », le personnel du greffe exerçant son droit de retrait « en raison de la multiplication des actes violents ».
Ÿ Mardi matin, à Toulouse, aucun bus ne circule,les conducteurs ayant fait valoir leur droit de retrait.
Ÿ Une nouvelle provocation de Sarkozy, son premier déplacement nocturne en province depuis le début des émeutes, à Toulouse : « Soit les bandes gagnent, soit la République l’emporte », dit-il.
Il constate 184 voitures brûlées à 22 heures, contre 272 la veille, mais deux fois plus d’interpellations (en France). Il y aura en tout, dans la nuit de mardi à mercredi, 617 voitures incendiées, contre 1 173 la veille.
Ÿ Vers 18 heures. Villepin annonce que tous les jeunes de moins de 26 ans habitant dans une des 750 « zones sensibles » seront reçus « dans les trois prochains mois » par l’ANPE pour se voir proposer une formation, un stage ou un contrat ; 20 000 contrats d’accompagnement seront offerts ; les crédits de l’Agence nationale de la Rénovation urbaine seront augmentés de 5 % ; 5 000 postes d’assistants pédagogiques seront créés dans les 1 200 collèges « sensibles » et les bourses au mérite seront triplées (pour atteindre 100 000) en 2006.
Fin avril 2006, selon le ministre du travail Gérard Larcher, 120 000 jeunes auraient été reçus par l’ANPE depuis le mois de décembre, sur les 160 000 identifiés. Parmi eux, 17 000 se sont vus proposer un emploi, 30 000 une formation, 16 000 un contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis).Le ministère reconnaît cependant que l’impact sur le taux de chômage des jeunes en ZUS (autour de 40 %) reste impossible à évaluer.
Ÿ Les premiers couvre-feux, mardi 8 au soir : à Amiens (Somme) pour les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés applicable à minuit ; à Orléans de 21 heures à 6 heures jusqu’au 30 novembre ; et à Savigny-sur-Orge (Essonne), de 22 heures à 7 heures pendant un mois.
A Savigny-sur-Orge, selon la mairie, 5 adolescents seront contraints dans la soirée de rentrer chez eux. A Amiens, 2 mineurs ont été remis à leurs parents.
Ÿ Couvre-feux pour les mineurs aussi applicables mardi soir, à Dugny (Seine-Saint-Denis), Asnières et Montrouge (Hauts-de-Seine), Elancourt (Yvelines). Ÿ S’affirment opposés au couvre-feu les maires de Bondy (PS) (Seine-Saint-Denis), Pau (PS), Bègles (Vert).
Ÿ Les préfectures de l’Hérault, d’Eure-et-Loir et du Val-d’Oise ont pris des arrêtés interdisant la vente au détail de carburant aux mineurs. Cette mesure « bidon », car il est toujours possible de siphonner de l’essence d’un véhicule, et même de s’en procurer dans les grandes surfaces, sera étendue par arrêtés dans plusieurs départements et villes, avec des variantes (certains préfets interdisent la vente au détail aux mineurs seulement, d’autres comme celui du Val-de-Marne l’étendent aux majeurs dépourvus de pièce d’identité, d’autres à tout le monde) : Val-de-Marne, Val-d’Oise, Drôme, Hérault, Eure-et-Loir, Charente, Landes, Rhône, Loiret, Var, à Amiens, Bordeaux, Caen et Lisieux (Calvados).Le préfet de police de Paris le fera à son tour le 11 novembre.
Ÿ
Selon Le Parisien du 9 novembre (événements du 8) : « Dans le quartier de la Reynerie, affrontements avec les forces de l’ordre. Les effectifs, renforcés d’une centaine d’unités, étaient épaulés par un hélicoptère équipé d’un puissant projecteur. En une heure les pompiers ont dû intervenir six fois dans les quartiers du Mirail, Bellefontaine, la Reynerie et Empalot. 16 voitures ont été incendiées. »
Ÿ A Nice, un homme qui marchait dans le quartier des Moulins reçoit mardi sur la tête un haltère jeté du quinzième étage d’un immeuble. Il mourra le mardi 15 sans avoir repris connaissance. Le drame est mis dans un premier temps sur le compte des violences urbaines, ce que même la préfecture refuse de faire par la suite
Ÿ Vers 20 heures, des policiers indiquent qu’une cinquantaine de jeunes ont tenté en fin d’après-midi de piller un hypermarché et que 9 d’entre eux ont été arrêtés et placés en garde à vue.
Ÿ Nord. A Lille, 12 voitures incendiées ; à Arras, un incendie dans une grande surface de meubles.
Ÿ. Chalon-sur-Saône, une bibliothèque incendiée.
Ÿ. Incidents à Grenoble, à Clermont-Ferrand.
Nuit du 8 au 9 novembre
Ÿ 300 communes touchées.
Cela fait maintenant 13 jours que les confrontations destructrices narguent le pouvoir, que les appels au calme des « grands frères », des curetons islamistes, et des maires de tous bords ne parviennent pas à refroidir les « petits frères déchaînés », qui, comme diront les RG, se concurrencent dans des actions de plus en plus dures. Le bilan pour l’Etat et ses lois répressives n’est pas brillant, et la presse de droite et d’extrême droite se déchaîne et demande l’intervention de l’armée, contre 10 000 jeunes sachant très bien gérer leur guérilla urbaine, pendant que la gauche vertueuse ne cesse de réclamer « une police de proximité » et la « mixité ».
Bilan national de la nuit mercredi à midi : 617 véhicules incendiés, 280 interpellations.
Ÿ En cette douzième nuit d’émeute, pour la première fois, le nombre de voitures incendiées est plus important en province qu’en Ile-de-France.
Ÿ La police notera ici (en région parisienne) une « diminution sensible », là (en province) une « légère décrue »ou une « baisse d’intensité » des violences, notamment dans les Alpes-maritimes, dans le Nord-Pas-de-Calais , en Picardie, à Nantes, à Rennes, à Strasbourg et dans l’Est, à Toulouse (20 véhicules brûlés et 6 interpellations),
Ÿ Les pompiers venus de province épauler ceux d’Ile-de-France ont regagné leurs régions d’origine.
Ÿ En Seine-Saint-Denis, une vingtaine d’incendies de véhicules, une dizaine d’interpellations, altercations entre jeunes et policiers à Epinay-sur-Seine, caillassages à Bobigny, quelques dégradations de bâtiments (collège Paul-Painlevé à Sevran, gy
Ÿ Nord. A Auby, un incendie a complètement détruit la médiathèque et endommagé la mairie. Au total, dans la nuit, quatorze bâtiments publics seront la cible d’engins incendiaires dans le département. A Lille, huit lignes de bus sont interrompues. Ÿ Rhône. A Lyon, des heurts ont lieu et un jet de cocktail Molotov à la station Mermoz du métro (ligne D) provoque un arrêt des transports dans toute l’agglomération.
A Vaulx-en-Velin, plusieurs bus ont été caillassés, dont un a été brûlé. A Décines, un coktail Molotov est jeté contre une école maternelle : une salle de cours est en partie détruite.
Ÿ Ain. A Miribel, plusieurs feux ont été allumés autour d’une crèche qui a subi quelques dégâts.A Oyonnax, une salle occupée par la Croix-Rouge a été visée, sans être gravement endommagée.
Ÿ Jura. A Dole, neuf bus de transport scolaire de la société Monts-Jura sont la cible d’un incendie. Les pompiers procèdent à l’évacuation de 24 habitants d’un immeuble proche.
Ÿ A Marseille, dans les quartiers nord, des heurts ont lieu dans lanuit et 17 personnes, dont plusieurs mineurs, ont été interpellées et placées en garde à vue .Des vigiles d’un centre commercial ayant interpellé un mineur soupçonné de vol à l’étalage, ont été aussitôt pris à partie par un groupe d’une cinquantaine de jeunes. A l’arrivée de la police, le groupe s’est replié vers une cité voisine en caillassant au passage un bus de la ville et en incendiant une voiture.
Ÿ Pas-de-Calais. A Outreau, les autorités évacuent une centaine d’habitants d’un immeuble à cause de l’incendie volontaire de 6 voitures en sous-sol. A Arras, deux grands magasins (But et Saint-Maclou) ont été incendiés (voir page 61). Une salle des fêtes ainsi qu’un local de chaufferie ont été brûlés. Découverte d’une cave contenant de nombreux cocktails Molotov et quelques litres d’essence.
Mercredi 9 novembre
Ÿ L’arrêté du ministère de l’Intérieur appliquant l’état d’urgence dans tout ou partie de vingt-cinq départements précise les zones où les préfets peuvent instituer le couvre-feu :
Alpes-Maritimes : Nice, Saint-Laurent-du-Var. Bouches-du-Rhône : Marseille. Côte-d’Or : Dijon, Chenôve, Longvic. Eure : Evreux, Gisors. Haute-Garonne : Toulouse, Colomiers, Blagnac. Loiret : Orléans. Meurthe-et-Moselle : Nancy, Vandœuvre-lès-Nancy. Moselle : Metz, Woippy. Nord : l’ensemble des communes de la communauté urbaine de Lille-Métropole. Oise : Méru, Creil, Nogent-sur-Oise. Puy-de-Dôme : Clermont-Ferrand. Bas-Rhin : Strasbourg, Bischheim. Haut-Rhin : Mulhouse. Rhône : Lyon, Vénissieux. Paris : Paris. Seine-Maritime : Rouen, Le Havre. Seine-et-Marne : l’ensemble des communes du département. Yvelines : l’ensemble des communes du département. Somme : Amiens. Vaucluse : Avignon. Essonne : l’ensemble des communes du département. Hauts-de-Seine : l’ensemble des communes du département. Seine-Saint-Denis : l’ensemble des communes du département. Val-de-Marne : l’ensemble des communes du département. Val-d’Oise : l’ensemble des communes du département.
Le couvre-feu prendra effet le mercredi 9 au soir et durera jusqu’au 4 janvier 2006. Plus de 1 000 hommes (CRS, gendarmes, et policiers) seront mobilisés pour son application.
Ÿ Des arrêtés de couvre-feux seront pris dans les Alpes-Maritimes (21 communes avec des mesures spécifiques pour Nice et Saint-Laurent-du-Var), en Seine-Maritime (Rouen, Le Havre, Elbeuf), dans la Somme (Amiens), dans l’Eure (Évreux) et dans le Loiret (Orléans et 5 autres communes).
Ÿ A Evreux (Eure), le préfet prend un arrêté de couvre-feu applicable le soir même, de 22 heures à 5 heures, dans une zone du quartier de la Madeleine. Cet arrêté restera le seul à s’appliquer aux majeurs autant qu’aux mineurs.
Ÿ
Ÿ Du 27 octobre au 9 novembre, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis, 50 000 habitants), dont le maire (PCF) menace de démissionner en cas d’application du couvre-feu par le préfet, 88 voitures ont été incendiées, ainsi que six autocars et deux poids lourds ; un gymnase a brûlé,deux entrepôts, une piscine et une petite entreprise ont fait l’objet de « vaines tentatives » (?). 24 personnes âgées de 15 à 20 ans ont été interpellées.
Ÿ Le préfet des Hauts-de-Seine explique qu’il a décidé de ne pas prendre d’arrêté instaurant le couvre-feu, en raison de la « baisse sensible » des violences ces derniers jours dans le département. Les préfets de Seine-Saint-Denis, de l’Essonne, puis ceux du Val-d’Oise, des Yvelines, de Seine-et-Marne ont une attitude similaire.
Ÿ A partir du 9, toutes les lignes de bus de Toulouse s’arrêteront de circuler à 19 heures. Les sept lignes du sud de la ville à 17 heures. La société Connex modifie le parcours d’une dizaine de lignes qui ne passeront plus par les quartiers dits à risques. Le métro ne circulera plus dans le sud de la ville après 17 heures.
Le 9, vers 17 heures, le préfet de Haute-Garonne annonce qu’il n’y aura pas « pour ce soir » de couvre-feu dans le département.
Ÿ Vers 18 heures, le tribunal correctionnel juge en comparution immédiate deux jeunes majeurs qu’il condamne à 8 mois de prison ferme pour incendie de véhicules ; et, après 20 h 30, en condamne deux autres à la même peine.
Ÿ Le trafic des transports de l’agglomération de Lyon est interrompu tous les soirs à partir de 19 heures, jusqu’à dimanche.
Le préfet du Rhône indique vers 17 heures qu’il ne prend pas d’arrêté instaurant le couvre-feu.
Ÿ A Bordeaux, le préfet de Gironde interdit la vente et le transport de carburant dans des récipients dans la communauté urbaine. Le préfet du Loiret fait de même pour tout son département.
Ÿ A Cenon, dans la banlieue de Bordeaux, un échange de tirs a lieu dans l’après-midi entre des personnes circulant en voiture et des piétons. Il n’y a pas de blessés. L’information sera connue dans la soirée.
Ÿ Le tribunal correctionnel de Nantes condamne trois jeunes à des peines de deux à trois mois de prison ferme pour participation aux violences urbaines.
Ÿ Le préfet des Bouches-du-Rhône annonce à son tour qu’il ne prend pas pour l’instant d’arrêté instaurant le couvre-feu dans son département, qu’il juge « relativement épargné ».
Ÿ Le préfet du Vaucluse annonce qu’il n’a pas instauré le couvre-feu.
Vers 19 heures, ce sont ainsi 19 préfets sur les 25 concernés par l’état d’urgence qui se sont abstenus d’instaurer des couvre-feux, les six autres étant ceux des Alpes-Maritimes (dans 21 communes), de Seine-Maritime (à Rouen, Le Havre et Elbeuf), de la Somme (Amiens), de l’Eure (à Evreux), du Loiret (dans 6 communes dont Orléans) et de l’Oise (dans 4 communes). Ce dernier cependant ne sera pas appliqué. Ces arrêtés ne concernent que les mineurs, sauf celui du quartier de la Madeleine à Evreux. Celui-ci entre en vigueur à 22 heures ; il concerne 20 000 habitants. Des barrières sont installées et des forces déployées pour matérialiser le périmètre où il s’applique.
Nuit du 9 au 10 novembre
Ÿ « Un reflux important » selon le directeur général de la police nationale :482 véhicules incendiés et 203 interpellations en France dans la quatorzième nuit d’émeutes, de mercredi à jeudi.
Ÿ Dans le Rhône, plus de 60 véhicules brûlés dans la nuit du 9 au 10, contre 88 la nuit précédente.
Ÿ Dans le « Grand Ouest », 83 voitures brûlées contre 100 la nuit précédente et 240 la nuit d’avant. A Evreux, dit la préfecture, la nuit s’est « bien passée » : on a vu quel dispositif policier était mis en place.
Ÿ En Seine-Saint-Denis, où la police estime la situation « très calme », le dispositif de « cellule de crise » est désactivé.
Le 9 vers 23 heures le maire de Rosny-sous-Bois s’en prend à une équipe de journalistes de France 2 qui aurait, selon lui, contribué à « aggraver, voire à provoquer des troubles » dans sa ville, « semblant fraterniser » et « être protégée par les délinquants du quartier ».La directrice de l’information de France 2 se dira le lendemain « consternée » par cette accusation.
Ÿ A Belfort, une école est incendiée en partie.
Ÿ Nord. Baisse du nombre d’incendies (27 véhicules brûlés à 23 heures). Une cantine scolaire partiellement détruite par les flammes à Villeneuve-d’Ascq.
Ÿ A Sens (Yonne), un policier municipal est légèrement blessé par une balle tirée à la carabine alors qu’il effectuait une patrouille dans un « quartier sensible ».
Ÿ A Grenoble, la direction des transports en commun reconduit jusqu’au 13 novembre la fermeture du réseau tram-bus à 20 h 30.
Ÿ A Grenoble, un garçon de 19 ans est condamné en comparution immédiate à 13 mois ferme pour avoir jeté, dans la nuit de lundi à mardi, un engin incendiaire contre un tram ; un autre, de 19 ans lui aussi, est condamné à 1 an ferme pour avoir, selon l’accusation, incendié dimanche soir à Voiron un camion, un WC de chantier et 2 voitures.
Ÿ A Nice, un homme d’une vingtaine d’années est condamné à 1 an ferme pour l’incendie d’un transformateur EDF dimanche à Vallauris.
Ÿ En début de soirée, à Toulouse, 27 voitures sont incendiées ; l’une d’elles a été poussée dans l’enceinte d’une école maternelle.
4 interpellations.
Ÿ A Toulouse, après 23 heures, le tribunal correctionnel juge en comparution immédiate deux jeunes majeurs qu’il condamne l’un à 9 mois ferme pour violences sur un policier, l’autre à 180 heures de travaux d’intérêt général pour dégradation d’un abribus.
Jeudi 10 novembre
Ÿ A 14 heures, conférence de presse du président de la République.
Ÿ Les préfets du Var, de la Drôme, du Rhône interdisent la vente et le transport de carburants dans des récipients porta
Nuit du 10 au 11 novembre
Ÿ La presse commence à parler d’un retour progressif au calme, alors que les actes de violence se poursuivent au cours de cette 15e nuit d’émeutes. 7 policiers sont blessés, dont 4 à Lyon.
Un bilan provisoire établi à 4 heures vendredi matin marque même un coup d’arrêt à la tendance baissière enregistrée depuis les trois dernières nuits. Il indique une légère hausse en Ile-de-France, avec 89 véhicules incendiés contre 79 la nuit précédente, contre-balancée d’une baisse tout aussi légère en province, avec 306 véhicules brûlés contre 315 la veille. La même stabilité se remarque avec le nombre d’interpellations : 168 contre 169 la veille.
Bilan total de la nuit : 463 véhicules incendiés, dont 111 en Ile-de-France. 201 interpellations.
Ÿ A 20 h 50, jeudi soir, France 2 diffuse les images de deux policiers lançant des coups de pieds et de poings à un jeune homme à La Courneuve.
La veille, mercredi 9,. Fouad A., 19 ans, a porté plainte contre des policiers du commissariat de La Courneuve qui l’ont frappé alors qu’il était à terre, après sa garde à vue dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7. La scène avait été filmée par une équipe de France 2. Le ministre de l’Intérieur a suspendu le 9 les huit policiers (deux ont porté les coups et six ont été témoins). Cinq seront déférés au parquet de Bobigny le 11 novembre, les trois autres remis en liberté.
Le 11 à 18 h 30, l’un d’eux est placé en détention provisoire, les 4 autres sous contrôle judiciaire. Le syndicat de policiers Alliance juge leur mise en examen « inacceptable ». La cour d’appel de Paris décidera, lundi 14, la remise en liberté de ce policier.
Quant à Fouad A., il sera de nouveau interpellé le matin du samedi 12, soupçonné d’avoir jeté des pierres sur des policiers, et mis en examen lundi 14 pour « violences aggravées ». Il est pourtant remis en liberté, mais le parquet de Bobigny fait appel de cette décision.
« On l’aurait de source sûre vu jeter des pierres sur un camion de pompiers. La coïncidence est trop belle . Mais ce n’est pas ici l’essentiel. Il se peut que ces accusations soient fondées. Il se peut qu’elles ne le soient pas. Et s’il est un cas dans lequel on doit veiller scrupuleusement au respect de la présomption d’innocence, c’est bien celui-là. Mais qu’elles le soient ou qu’elles ne le soient pas, quel sens peut bien avoir la publicité faite autour de cette interpellation précise, quand des centaines d’autres demeurent anonymes ? Pourquoi pointer justement celle-ci ? C’est sans doute parce que la culpabilité de ce garçon rendrait aux yeux de certains plus légitimes les violences dont il avait fait l’objet », écrit Laurent Lévy sur le site lmsi.net (« les mots sont importants »),en ajoutant : « A ce jour [22 janvier 2006] rien n’a filtré sur les suites de cette affaire. Peu importe : la rumeur a rempli son office. »
Ÿ Dans la région parisienne, on constate l’incendie de la salle des fêtes Marcel-Pagnol à Epinay-sous-Sénart dans l’Essonne et quatre bus caillassés à Dammarie-les-Lys, en Seine-et-Marne.
La nuit précédente, un total de 40 véhicules avaient été incendiés dans les deux départements alsaciens.
Ÿ A Saint-Quentin dans l’Aisne un concessionnaire voit 80 de ses voitures d’occasions partir en fumée.
Ÿ Dans la nuit de jeudi à vendredi, des véhicules de police ont été brûlés dans l’enceinte du palais de justice de Bordeaux.
Vendredi 11 novembre
Ÿ Couvre-feu pour les mineurs non accompagnés à Emerainville (Seine-et-Marne), entre 22 heures et 6 heures. Et pour ceux de Mont-de-Marsan et de Saint-Pierre-du-Mont (Landes).
Ÿ Le 11, seules 10 personnes avaient violé le couvre-feu instauré dans cinq départements.
Ÿ Vaucluse. A Carpentras, une mosquée est endommagée par deux cocktails Molotov qui ont été lancés par un homme masqué circulant en scooter dans le hall du bâtiment pendant la grande prière du vendredi.
Ÿ Le préfet du Tarn-et-Garonne interdit à son tour la vente de carburant en bidon.
Ÿ A Evreux une douzaine de personnes dont trois mineurs ont été déférées au parquet suite aux violences du quartier de la Madeleine.
Ÿ Paris. Le pouvoir visiblement craint pour la capitale, et pour rassurer la population parisienne, il décide d’interdire la vente et le transport de carburant au détail (bidons ou jerricans).
Vendredi 11 à 17 heures, le préfet de police interdit en outre dans la capitale, du samedi 10 heures au dimanche 8 heures, « toute réunion de personnes de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics », sous peine de huit jours à deux mois d’emprisonnement et/ou une amende de 3 750 euros.. Motif officiel : « Des messages diffusés depuis quelques jours sur l’Internet et par SMS ont appelé le 12 novembre à des rassemblements dans Paris et à des “actions violentes” selon les termes de leurs auteurs. » Une manifestation du MRAP reste cependant autorisée.
Ÿ Le 11 novembre sera jugé calme par les autorités, malgré l’augmentation des violences urbaines.
Ÿ Aucun incident notable dans le centre de Paris, alors que les autorités redoutaient une « descente » de plusieurs dizaines, voire centaines de casseurs.
Ÿ En banlieue lyonnaise, tendance à un retour à la normale : vers minuit, dimanche,la police compte 15 véhicules incendiés ; 3 personnes transportant de l’essence sont interpellées, selon la préfecture.
Ÿ Dans le nord de la France, les pompiers sont intervenus une quarantaine de fois pour divers incendies dont des feux de véhicules, de poubelles, de biens publics et privés. La police a interpellé 8 personnes.
Ÿ En Alsace et en Lorraine, à 4 heures, 9 voitures avaient été incendiées, contre 13 lors de la soirée précédente.
A Strasbourg, interpellations de 18 adolescents, les plus jeunes âgés de 10 et 11 ans.
Lundi 14 novembre
Ÿ Le gouvernement approuve un projet de loi prorogeant l’état d’urgence pour trois mois, à compter du 21 novembre.
Ÿ Le Conseil d’Etat rejette une requête qui demandait la suspension de l’état d’urgence (voir samedi 13), mais il souligne que les pouvoirs de perquisition doivent rester « sous contrôle judiciaire ».
Ÿ La Cour d’appel de Paris décide de remettre en liberté le policier placé en détention provisoire après sa mise en examen pour des coups portés à un jeune homme à La Courneuve (voir page 57).
Ÿ A 20 heures, le président de la République déclare entre autres qu’il faut sanctionner les familles qui refusent de prendre leurs responsablilités en matière d’autorité parentale, qu’il faut être strict dans les règles du regroupement familial, qu’il faut renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière et les trafics qu’elle génère, mais que les « enfants des quartiers difficiles » sont, « quelles que soient leurs origines [...] tous les filles et les fils de la République ». Il appelle les élus à respecter la loi qui leur impose d’avoir au moins 20 % de logements sociaux dans leurs communes et annonce la création d’un service civil volontaire qui concernera 50 000 jeunes en 2007.
Ÿ A Toulouse, trois bureaux de poste des quartiers du Mirail, Bagatelle et Bellefontaine, se mettent en grève à l’initiative de Sud et de la CGT pour dénoncer « un service à deux vitesses ».
Ÿ A Mulhouse, un jeune homme de 19 ans, déjà connu de la justice, est condamné pour l’incendie d’une voiture à 6 mois ferme.
Ÿ A Caen, 3 jeunes hommes sont condamnés en comparution immédiate à 2 ans ferme pour l’un et 18 mois ferme pour les deux autres, pour avoir mis le feu la semaine précédente à des bâtiments publics.
Ÿ A Valenciennes, une quinzaine de jeunes gens, dont un seul majeur, sont interpellés dans le secteur de Bruay-sur-l’Escaut, où une école a brûlé le 7 novembre.
Ÿ A Amiens, un jeune homme de 19 ans est condamné à 6 mois ferme et deux autres de 18 ans sont condamnés à 3 mois ferme pour dégradations, violences et outrages à agents,à la suite des affrontements de vendredi.
Ÿ A Besançon, 3 jeunes gens majeurs condamnés à des peines de 2 à 6 mois ferme pour avoir caillassé des policiers.
Nuit du 14 au 15 novembre
Ÿ En début de soirée (avant 23 heures), 17 voitures sont incendiées dans l’agglomération lyonnaise.
Ÿ Sarkozy rend visite aux policiers de Bobigny.
Ÿ Le retour au calme semble se conforter. A 5 h 30, mardi, la police compte 162 véhicules incendiés et 42 interpellations en France. Le bilan définitif de la police (à 9 h 20) est de 215 véhicules incendiés (dont 60 en Ile-de-France et 155 en province).
Seules sept communes ont été le théâtre de plus de cinq incendies de voitures, dont Paris (13 au lieu d’un seul la veille) et Lille (11). 71 interpellations.
Aucun policier blessé.
Police et gendarmerie restent mobilisées avec 11 200 éléments engagés.
Ÿ En région parisienne, selon le ministère de l’Intérieur, des engins incendiaires ont encore été lancés contre des bâtiments publics : la trésorerie principale de Bobigny et un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l’office du tourisme de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).
En Seine-Saint-Denis, en outre, un autobus a été caillassé à Noisy-le-Sec et un local de poubelles à été incendié à Montfermeil, ce qui a nécessité l’évacuation d’appartements voisins. Ÿ En Seine-Maritime, des pierres ont été lancées sur des autobus à Rouen.
Ÿ Cher. Un local associatif a été incendié à Bourges.
Ÿ A Toulouse, à 7 h 45, le bilan des violences atteint son niveau le plus bas depuis 10 jours : 7 voitures incendiées, 4 feux de poubelles.
Ÿ Rhône. Un autobus caillassé à Décines .
Ÿ Loire. A Saint-Etienne, 6 (18 selon Wikipédia) autocars ont été détruits dans l’incendie d’un entrepôt. A Saint-Chamond, plusieurs engins incendiaires (au moins trois) ont été jetés contre une mosquée, provoquant de légers dégâts.
Ÿ A Cambrai (Nord), une crèche a été la cible d’engins incendiaires.
Mardi 15 novembre
Ÿ Le couvre-feu instauré en Seine-Maritime à Rouen, au Havre et à Elbeuf est levé en fin de matinée.
Dans l’après-midi, la préfecture de l’Eure indique que le couvre-feu imposé au quartier de la Madeleine à Evreux sera levé à partir de mercredi.
Ÿ A Sarreguemines (Moselle), 3 jeunes condamnés à 1 an ferme pour des actes de vandalisme commis dans la commune de Carlin où ils résident.
Ÿ Pour sa première visite en banlieue depuis le début des troubles, le premier ministre Dominique de Villepin passe une heure à la Maison de l’économie et de l’emploi d’Aulnay-sous-Bois.
Ÿ Dans un entretien au Monde, le DGPN, Michel Gaudin, déclare que 80 % des interpellés en banlieue seraient connus de la police. Sarkozy reprend cette affirmation l’après-midi devant l’Assemblée nationale.
Ÿ Nicolas Sarkozy annonce que « dix procédures d’expulsion ont été engagées » contre des étrangers ayant participé aux « violences urbaines ».
Ÿ Le soir, l’Assemblée nationale adopte le projet de loi prolongeant de trois mois l’état d’urgence.
Ÿ A Arras, Jérémy V., 20 ans, est condamné à 4 ans ferme pour l’incendie volontaire de deux magasins (voir page 51). Le procureur demandait 3 ans ferme plus 1 an avec sursis. C’est la plus lourde peine prononcée pour des faits liés aux troubles d’octobre-novembre.
« C’était pour faire comme les autres », a dit Jérémy V., un fils d’ouvrier qui vit chez ses parents, quand le juge lui a demandé pourquoi il avait mis le feu aux magasins de meubles But et Saint-Maclou d’Arras, près de chez lui. Puis à une R19, avec son copain Grégory B., la nuit du 8 au 9 novembre,. Jérémy titulaire d’un BEP et d’un bac professionnel de peintre en bâtiment, a avoué aux policiers et aux juges qu’il avait lancé une bouteille de soda remplie d’essence et de chiffons à laquelle il a mis le feu sur le toit de la grande surface de meubles ; l’incendie s’était propagé au magasin de moquettes. Les directions des deux magasins estiment les dégâts à 12 millions d’euros. Pourquoi une aussi lourde peine ? Son casier judiciaire , une peine de sursis pour un petit trafic de résine de cannabis, n’y est pour rien, selon son avocate, Me Marjorie Thuilliez : « C’est un avertissement du tribunal en direction de ses amis, présents à l’audience. On a voulu mettre en garde les futurs incendiaires d’Arras. »
Grégory, 24 ans, qui avait huit citations à son casier judiciaire, dont certaines pour vol et incendie et a avoué avoir plié la porte de la R19 pour prendre l’autoradio, a pris dix mois.
Ÿ Un journaliste du quotidien Le Parisien, Roberto Cristofoli, est placé en garde à vue pour avoir écouté durant les émeutes les fréquences radio de la police avec un appareil fourni par des policiers.
Ÿ A Foix, 2 lycéens condamnés à 3 mois ferme et 5 avec sursis pour avoir « volontairement dégradé cinq véhicules par l’effet d’une substance explosive ».
Nuit du 15 au 16 novembre
Ÿ Au cours de cette 20e nuit d’émeutes, 163 véhicules (27 en région parisienne et 136 en province) ont été incendiées en France et 50 personnes ont été interpellées.
Au total, 8 973 véhicules auront été incendiés en 20 nuits, selon le décompte de la police, et 2 888 personnes interpellées.
Cinq communes comptent plus de cinq véhicules brûlés, dont Arras (11), Brest (11),et Vitry-le-François, où l’incendie d’un garage a provoqué la destruction de 11 véhicules.
Le ministère de l’Intérieur indique que « le niveau de mobilisation des forces de l’ordre reste élevé avec 10 600 policiers et gendarmes engagés », alors qu’on « ne relève pas d’affrontement majeur. »
Ÿ Isère. A Pont-Evêque, un policier a été blessé lors de l’interpellation d’un groupe de personnes qui lançaient des bouteilles d’acide en direction de la mairie. A Grenoble, un collège incendié.
Ÿ Rhône. Un garage incendié à Saint-Fons.
Ÿ A Lyon, 4 mineurs sortis non accompagnés après 22 heures sont arrêtés. Ÿ Hérault. Incendie dans l’école de Lunel.
Ÿ Dans la Drôme, à Romans-sur-Isère, l’église Saint-Jean-d’Ars est gravement endommagée par un incendie qui ne fait pas de victime. Samedi 19 novembre, 4 mineurs âgés de 14 ans à 17 ans seront mis en examen pour cet incendie, sous le chef d’accusation de « dégradation volontaire par une substance incendiaire sur un édifice religieux ».
Ils auraient agi par mimétisme. Cet acte est passible de vingt années d’emprisonnement car la destruction volontaire d’un édifice religieux est considérée par le droit français comme une « circonstance aggravante ». Ils habitent tous les quatre le quartier sensible de la Monnaie, où se situe l’église. Ils n’auraient pour l’instant pas reconnu les faits.
Trois des quatre garçons, connus des services de police, avaient déjà été condamnés. Deux d’entre eux, âgés de 15 et 17 ans, ont été placés en détention provisoire. Les deux autres, âgés de 14 et 15 ans, ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
Mercredi 16 novembre
Ÿ Le Sénat débat du projet de loi prolongeant l’état d’urgence. Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy justifie cette prolongation par le fait que le retour au calme n’est pas « définitivement acquis ».
Ÿ Rhône. Le préfet annonce le maintien jusqu’à jeudi matin du couvre-feu imposé aux mineurs de 22 heures à 6 heures dans 13 communes.
Ÿ Le bâtonnier de Seine-Saint-Denis crée une « cellule de vigilance » composée d’avocats volontaires afin d’apporter une aide juridique aux étrangers menacés d’expulsion pour avoir participé aux émeutes.
Nuit du 16 au 17 novembre
Ÿ Le 17 novembre, la direction générale de la police nationale décide de ne plus « communiquer » sur le sujet quotidiennement, comme elle le faisait depuis vingt et un jours.
C’est que les chiffres tendent à devenir « normaux »,c’est-à-dire de moins de 100 véhicules brûlés en une nuit : il y en a eu 98 dans la nuit de mercredi à jeudi ; et moins de 50 interpellations : il y en a eu 33, essentiellement pour transport d’engins incendiaires et infraction au couvre-feu concernant les mineurs.
De plus, aucun affrontement notable ni incendie de bâtiment ne semble avoir troublé cette nuit.
Selon un dernier bilan de la police nationale, 9 071 voitures, deux-roues motorisés ou autobus ont été incendiés depuis le début des violences et 2 921 personnes ont été interpellées.
Près de 10 000 policiers et gendarmes demeurent cependant en alerte dans les cités sensibles où, au total, 126 gardiens de la paix, gradés et officiers, ont été blessés lors d’affrontements ou de guet-apens.
Ÿ A Aix-en-Provence, une école maternelle est très légèrement endommagée par deux ou trois jeunes qui ont escaladé vers 22 heures la clôture de l’école, et ont mis le feu au bureau de la directrice, à une poubelle et à la voiture du gardien. Ce dernier a immédiatement alerté les secours.
Jeudi 17 novembre
Ÿ La préfecture de la Somme annonce sa décision de suspendre le couvre-feu à partir du 18 novembre à 8 heures.
Ÿ Couvre-feu levé dans le Loiret (6 communes), dans le Rhône (13 communes),
Ÿ A Vienne (Isère), 1 condamné à 3 ans ferme pour destruction avec des cocktails Molotov de trois autocars et 1 condamné à 2 ans ferme pour s’être attaqué à une cantine scolaire à Beaurepaire.
Vendredi 18 novembre
Ÿ 93 véhicules ont été brûlés au cours de la nuit du 17 au 18 novembre en France contre 98 la nuit précédente. Une porte-parole de la Direction générale de la police nationale (DGPN) a fait état de 12 interpellations.
Ÿ A Evry, 1 personne majeure et 2 adolescents , interpellés mercredi 16, sont déférés au parquet d’Evry pour avoir incendié une crèche le 6 novembre.
Ÿ A Angers, un jeune homme de 19 ans est condamné à 2 ans ferme et 1 avec sursis pour avoir incendié 13 voitures à Cholet.
Ÿ A Paris, 2 500 personnes manifestent contre l’état d’urgence.
Ÿ Fin de l’interdiction de vente de carburant au détail en Eure-et-Loir.
Ÿ Denis Fauriat, secrétaire général du parquet de Seine-Saint-Denis, et les magistrats de différents tribunaux de grande instance montrent au cours d’une conférence de presse, chiffres à l’appui, que la plupart des 2 921 interpellés (dont 590 ont été écroués dont 107 mineurs) sont plutôt des gamins sans antécédent judiciaire. Ainsi, à Bobigny, sur 212 personnes déférés au tribunal de grande instance, « la très grande majorité des majeurs avaient entre 18 et 22 ans et leur passé pénal n’était pas important », et « la très grande majorité » des mineurs avaient « un profil de primo-délinquant ». Même analyse à Lyon, Nancy, ou Marseille.
Sur environ 1 800 prévenus, 120 seulement sont étrangers.
« A Lille, ceux qui ont peuplé les tribunaux ces derniers jours sont des fils d’ouvriers “et de plus en plus, de chômeurs” qui vivent dans les quartiers en difficulté, Français dits “de souche”, ou issus de l’immigration belge, polonaise, portugaise, espagnole, maghrébine et africaine. » (Libération du 18 novembre.)
Ÿ A Pau, 3 jeunes sont mis en examen et placés sous mandat de dépôt après l’incendie du lycée Saint-John-Perse (200 000 euros de dégâts).
Ÿ A Auch, un jeune homme de 19 ans condamné à 4 mois dont 1 et demi ferme pour l’incendie de 2 véhicules.
Ÿ Bilans. Selon la DGPN, 650 personnes ont été écrouées, dont un peu moins de 20 % de mineurs. Parmi les interpellés, 6 % à 8 % sont étrangers. Selon la Chancellerie, au 18 novembre, 422 personnes avaient été condamnées à des peines de prison ferme, 577 mineurs présentés à des juges pour enfants dont 118 placés sous mandat de dépôt.
Samedi 19 novembre
Ÿ Publication au Journal officiel de la loi prolongeant l’état d’urgence. Le texte entrera en vigueur à partir du lundi 21 à 0 heure. Il proroge pour trois mois (jusqu’au 20 février) l’état d’urgence institué le 8 novembre pour une durée de 12 jours par deux décrets qui arrivent à échéance dimanche soir à minuit.
Jacques Chirac lèvera l’état d’urgence à partir du 4 janvier (décret adopté par le gouvernement mardi 3 janvier).
Lundi 21 novembre
Ÿ A Trappes (Yvelines), vers 4 heures, plusieurs voitures sont incendiés par des cocktails Molotov dans la cour du lycée de la Plaine-de-Neauphle, et le gardien de l’établissement meurt asphyxié alors qu’il tentait d’éteindre les flammes.
L’enquête aboutira à l’interpellation jeudi 3 février de 4 jeunes dont 1 mineur de 17 ans.
24 novembre
Ÿ 200 parlementaires UMP demandent au ministre de la Justice s’il envisage d’engager des poursuites contre les groupes de rap ou chanteurs Monsieur R, Smala, Lunatic, 113, Fabe, Salif et Ministère Amer.
Ÿ Le ministère de l’intérieur indique que 1 540 interpellations ont été effectuées dans le cadre des enquêtes judiciaires en banlieue depuis les émeutes, chiffre qui s’ajoute aux 3 200 émeutiers arrêtés en flagrant délit.
Ÿ Lors d’une visite à un bureau de poste de Villetaneuse incendié dans la nuit du 4 au 5 novembre, puis au bureau du quartier sensible d’Orgemont à Epinay-sur-Seine, le ministre de l’industrie François Loos indique que sur tout le territoire, entre le 27 octobre et le 23 novembre, 51 établissements postaux et 108 véhicules ont été détériorés. Le préjudice est évalué à près d’un million d’euros.
Ÿ A Brest, 3 hommes de 18 à 29 ans sont mis en examen pour « tentative d’assassinat », pour des tirs à balles réelles sur des policiers dans la nuit du 7 au 8 novembre.
Cette analyse est en de nombreux points contradictoire avec celle du ministre de l’Intérieur, du procureur général de la cour d’appel de Paris, Yves Bot, ou encore du maire du Raincy, Eric Raoult.
Le rapport des RG souligne que les islamistes n’ont eu « aucun rôle » dans le déclenchement et dans l’expansion des émeutes : « Ils avaient tout intérêt à un retour rapide au calme pour éviter les amlgames. » Cette note d’une petite dizaine de pages, arrivée le 23 novembre sur le bureau du ministre de l’Intérieur, parle d’une « fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d’exclus de la société française. ». Pour les RG, « tout s’est passé comme si la confiance envers les institutions mais aussi le secteur privé, source de convoitise, d’emploi et d’intégration économique, avait été perdue ». Ils évoquent une crise plus grave que de simples violences urbaines : un mouvement singulier par son ampleur (274 communes touchées), sa durée dans le temps (vingt jours avant le retour au calme) et son coût (plus de 250 millions d’euros).
2006
Pour le passage à la nouvelle année, la presse introduit le terme « réplique » utilisé lors du Tsunami l’année précédente. Cette tentative de « naturaliser » un événement social avec ses causes bien réelles, montre l’impuissance et l’angoisse du monde bourgeois qui prend conscience que la terre tremble sous ses pieds.
Ÿ Le 2 janvier, l’Elysée annonce que Jacques Chirac décide de mettre fin à l’état d’urgence à compter du 4.
Ÿ Le 11 janvier, le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, a constaté lors de l’audience solennelle de rentrée du TGI de la capitale, en dressant le bilan de l’activité de ce tribunal (57 personnes ont été déférées à Paris), qu’il n’y avait eu en novembre « nulle trace de revendication de type identitaire, de structuration ou d’organisation de mouvements qui apparaissent largement spontanés, nul stigmate d’une impulsion ou d’une récupération politique ou religieuse. » Et d’ajouter son commentaire : « Les motivations des actes sont difficiles à cerner [...] il en ressort massivement une dimension ludique et immature. »
Ÿ 17 janvier. A Grasse, 2 jeunes gens de 18 ans sont été condamnés, l’un à 1 an l’autre à 6 mois ferme, le premier pour avoir poussé une voiture en flammes vers les forces de l’ordre dans la nuit du 7 au 8 novembre dans la cité de la Zaïne, à Vallauris (Alpes-Maritimes) ; le second, pour avoir incendié le 9 novembre à Cannes la voiture d’une relation, par « vengeance de famille ».
Ÿ Au 26 janvier, 7 procédures d’expulsion ont été engagées contre des étrangers, selon le ministère de l’Intérieur, qui n’a pas souhaité se prononcer sur leur aboutissement. En novembre, Sarkozy avait déclaré que « 120 étrangers, pas tous en situation irrégulière, avaient été condamnés ». En fait, la commission d’expulsion du TGI de Pontoise n’a eu à se prononcer que sur deux cas (voir page 48).
Ÿ Samedi 25 février. Pau. 5 jeunes, dont 4 mineurs, sont mis en examen pour une trentaine d’incendies de voitures et de poubelles commis à Pau entre novembre et février. 1 a été placé szous mandat de dépôt, les autres mis en liberté sous contrôle judiciaire.
Ÿ 25 février. Le ministère de l’Intérieur indique que « M. Djoussou, ressortissant béninois, vient d’être éloigné vers Cotonou, par un vol commercial d’Air France qui a quitté Roissy hier en début d’après-midi » (voir page 48).
Ÿ Le 28 février, le ministre délégué à l’Aménagement du territoire annonce la création d’une circonscription de police en Seine-Saint-Denis couvrant Montfermeil et Clichy-sous-Bois. Un hôtel de police sera construit dans cette dernière ville.
Ÿ Le 7 mars, une femme âgée de 63 ans est interpellée à Chenôve (Côte d’Or), dans la banlieue de Dijon, pour « destruction de biens dangereuse pour les personnes » : elle est soupçonnée d’avoir allumé 13 feux de poubelles depuis septembre au pied de son immeuble. Placée sous contrôle judiciaire, elle a obligation de consulter un psychiatre.
Chenôve a été le théâtre de « violences urbaines » en novembre et plusieurs jeunes gens ont alors été arrêtés et jugés pour d’autres incendies.