Et cette démarche a donné des résultats : 70 % des personnes ayant déposé des dossiers ont obtenu leur régularisation la première année. La proportion s'est néanmoins réduite à la moitié pour le deuxième dépôt.
On constate depuis 2008-2009 un durcissement de la Préfecture. Le fait est qu'il y a encore une dizaine d'années, la législation était plus souple. Elle s'est depuis durcie, mais un sanspapier qui entrait dans les critères pouvait encore espérer être régularisé, même par dépôt individuel. Puis un minimum de démarche collective -ne serait-ce que l'aide ponctuelle d'une association- est devenu indispensable. Par la suite, l'obéissance aux critères -travail, famille- n'a été prise en compte que lorsqu'une mobilisation collective était organisée, et il est arrivé que des personnes n'ayant pas un très « bon » dossier obtiennent malgré tout leurs papiers grâce à la pression exercée sur la Préfecture. On est à l'heure actuelle dans une situation où même quelqu'un présentant dans un cadre collectif un dossier « en béton essuie quasi systématiquement un rejet, parfois motivé de façon ubuesque.
La fréquence des contrôles est à l'avenant. Signalons au passage que pendant certaines périodes -c'est le cas en ce moment-même-, les rafles sont quasi quotidiennes dans le quartier Figuerolles.
Autonomie des sans-papiers dans leurs démarches, maintien d'un rapport de force.
Devant cette évolution, les membres de la Coordination ont dû prendre acte que le soutien et la mobilisation, qui étaient suffisants dans les premières années, doivent être renforcés. Nous avons donc modifié notre
fonctionnement. Il a été convenu d'être particulièrement vigilants quant à nos prises de décision : leurs modalités, leurs
dates, leur rendu. Il nous a paru aussi indispensable d'encourager la participation active des sans-papiers eux-même en
faisant le plus souvent possible, lors des réunions de comité, un point sur la situation politique et le travail de
mobilisation, avant d'aborder la constitution des dossiers.
Par ailleurs, la constitution des dossiers était par le passé prise en charge intégralement par les militants, ce qui à la longue a demandé de plus en plus d'énergie. Nous adoptons cette année une autre démarche, visant là encore à obtenir une mobilisation collective et autonome des premiers concernés. Le montage des dossiers est suivi par un groupe de deux ou trois soutiens pour un groupe plus important de sans-papiers. Il s'agit bien à présent d'un suivi en plusieurs étapes, par lequel chacun constitue son dossier par catégories de pièces : état civil, famille, situation administrative, travail, santé, tous documents pouvant valoir argument pour une régularisation. A terme, la simple entraide entre les sans-papiers devrait alléger le travail des soutiens, libérant ainsi du temps pour le travail de mobilisation. Car dans le même temps, il nous
a semblé que seule la création d'un rapport de force favorable face à la Préfecture pouvait donner de l'efficacité à ce type
d'action collective.
Une manifestation le 21 novembre à la Paillade.
En septembre, de nombreux sans-papiers ont rejoint les comités de la Paillade et de Figuerolles, dans l'objectif d'un nouveau dépôt de dossiers à la Préfecture. Le montage des dossiers a commencé, en attendant la première étape de la mobilisation: une manifestation partant du marché des halles de la Paillade le samedi 21
novembre à 14h30 (Station de tram : Les Halles). Le Réseau éducation sans frontière (RESF), qui soutient les
familles sans-papiers d'enfants scolarisés, et les Amoureux au ban public, qui aident les couples mixtes en butte aux
tracasseries administratives, se sont associé à nous pour préparer cette manifestation. Un appel à soutien a été lancé en direction des organisations du mouvement social montpelliérain. Le Collectif des réfugiés et demandeurs d'asile est invité à s'exprimer à cette occasion.
UNE FORTE MOBILISATION EST INDISPENSABLE
Site de la Coordination : http://soutienauxsanspapiers.hautetfort.com