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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 11:09

Suite à un sondage du journal Le Monde, les médias français ont multiplié les titres alarmants sur une montée « des crispations » en France. L’extrême droite se lèche les babines. Petit démontage.


Le résul­tat inquié­tant d’un son­dage publié sur trois plei­nes pages dans Le Monde du 25 jan­vier a été repris dans toute la presse, en chœur et sans se poser de ques­tions. Dans une enquête sur « Les cris­pa­tions alar­man­tes de la société fran­çaise », 70 % des Français juge­raient qu’il y a « trop d’étrangers dans leur pays », et qu’à 62 % ils ne sen­ti­raient « plus chez eux comme avant ». Autre infor­ma­tion alar­mante : 87 % esti­me­raient que la France a besoin « d’un vrai chef pour remet­tre de l’ordre », ou à 86 % que « l’auto­rité est une valeur trop sou­vent cri­ti­quée aujourd’hui ». Le quo­ti­dien en conclut que « les ingré­dients d’un popu­lisme massif sont donc réunis ».

Diantre, le moment serait grave et le fas­cisme à nos portes !

PNG - 277.5 ko
Sur Francetvinfo, le 26 janvier, on se lâche

Sans sous-esti­mer la ques­tion du racisme ou du popu­lisme en France, on peut tout de même se poser quel­ques ques­tions sur ce son­dage. En pre­mier lieu, les affir­ma­tions pro­po­sées aux sondés sur leur rap­port à l’immi­gra­tion ou à l’auto­rité ne leur lais­sent que deux choix, alors qu’il s’agit de sujets par­ti­cu­liè­re­ment fins ou com­plexes. Pire, les ques­tions sont for­mu­lées de manière anxio­gène pour celles rela­ti­ves à l’immi­gra­tion, et favo­ra­bles au « popu­lisme » pour celles concer­nant l’auto­rité. Elles influen­cent ainsi elles-mêmes les répon­ses.

Le besoin d'un vrai chef

La façon même dont le son­dage d’Ipsos est réa­lisé est également pro­blé­ma­ti­que : « par Internet ». Déjà que la fia­bi­lité des son­da­ges est sou­vent proche de zéro, celle de ceux réa­li­sés en ligne atteint le néant.

Alain Garrigou, qui tient le blog « Régime d’opi­nion » consa­cré aux son­da­ges cri­ti­que sévè­re­ment le son­dage par Internet dans cette affaire :

Sur un panel de plu­sieurs cen­tai­nes de mil­liers d’inter­nau­tes contac­tés par cour­rier électronique, les volon­tai­res répon­dent aux enquê­tes mises en ligne. On a donc affaire à des échantillons spon­ta­nés. (…) Ce recours au volon­ta­riat a un défaut que connais­sent bien les son­deurs : des per­son­nes poli­ti­sées, sou­vent à l’extrême droite, s’expri­ment plus volon­tiers.

Par ailleurs, Le Monde oublie com­plè­te­ment de com­pa­rer ses chif­fres à ceux d’une autre enquête, qu’il avait publié le 2 juillet 1998. Déjà à l’époque, le jour­nal fai­sait flip­per tout le monde en affir­mant que « 70 % des Français étaient « tentés » par le racisme. Le chif­fre fit l’effet d’une bombe. On le reprit en boucle tel quel, sur les ondes, dans les éditoriaux [1]. » Autant dire que le chif­fre ne semble pas avoir trop évolué, donc, en 14 ans. Bon, mais alors, qu’est-ce qui pousse Le Monde à publier des trucs pareils ? Est-ce qu’on veut lutter contre les idées de l’extrême droite quand on pose des ques­tions sur le « racisme anti-blanc », une notion inven­tée par les Identitaires ?

Complicité

Le son­dage a été réa­lisé avec la com­pli­cité de la Fondation Jean Jaurès, un think tank « socia­liste », et le Cevipof, le centre de recher­ches poli­ti­ques de Sciences Po, qui aime bien répé­ter que la France est à droite, comme la plu­part des cher­cheurs qui le com­po­sent d’ailleurs. Et il a bien fallu qu’ils se met­tent à trois, avec Ipsos, pour four­nir une ana­lyse de haut vol. Celle-ci serait comi­que [2] si elle ne repre­nait pas tex­tuel­le­ment la socio­lo­gie de cui­sine de l’extrême droite : les Français seraient répar­tis entre « bobos » (la caté­go­rie qui tue où tu mets tout le monde dedans), « liber­tai­res » (esti­mée à 12%, la Fédération Anarchiste et Alternative Libertaire vont faire des mil­lions de cartes d’adhé­sion pro­chai­ne­ment), « ambi­va­lents », « cris­pés » ou encore « popu­lis­tes » (les fâcheux, mais dont la rédemp­tion est proche grâce à la Gauche pop’ qui va leur per­met­tre d’être à la fois raciste ET de gauche).

Parce que tiens, c’est jus­te­ment de la Fondation Jean Jaurès qu’est issue « la Gauche popu­laire ». Cette nou­velle ten­dance du Parti Socialiste, emme­née par l’ex-strauss-kha­nien Laurent Baumel, appelle à aban­don­ner des poli­ti­ques jugées trop favo­ra­bles aux immi­grés afin de reconqué­rir l’électorat ouvrier du Front National. L’un des média­ti­ques fon­da­teurs de la Gauche Populaire, Laurent Bouvet, est l’auteur de concepts de poids comme celui que lui jalou­sent les Identitaires d’« insé­cu­rité cultu­relle ». Responsable de la Fondation Jean Jaurès et membre du Cévipof, Laurent Bouvet a d’ailleurs accepté l’invi­ta­tion du site Novopress pour dis­cu­ter fin 2011 [3] !

Quand la pseudo-enquête du Monde et de ses aco­ly­tes permet ensuite à Marine Le Pen de clai­ron­ner (dans le même jour­nal !) que « Les Français pen­sent comme nous », on se demande à quoi jouent les incen­diai­res du Monde… Mais sur­tout quelle est l’étrange stra­té­gie que mène cette gauche réac­tion­naire qui consiste à sures­ti­mer et, au final, à légi­ti­mer les sen­ti­ments racis­tes, isla­mo­pho­bes et popu­lis­tes.

 

Repris sur rebellyon

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 14:19

2502_Militaire_gare_montaprnasse_inside.jpgLe maintien de l’ordre est un moment ou l’état exerce une violence sur ses « citoyens » ou plutôt sur ses sujets. Cette violence, est très particulière car elle relève de la violence d’état. Celle-ci est présentée comme la seule légitime, et n’est presque jamais remise en question dans son principe même. Mais qu’est-ce que la violence d’état ?


Il existe une fiction véhiculée par le droit bourgeois qui est celle de l’état de droit : le droit généré par un état doit s’appliquer aux actes des agents de ce même état. Par exemple, si loi punit le vol, les agents de l’état n’auront pas le droit de voler, de même si la loi dit que tous les personnes détournant de l’argent doivent être jugés, tous les agents de l’état sont susceptibles de passer au tribunal y compris le président de la République.

Ce principe ne résiste pas à l’examen des faits. Quelques exemples :

- Les violences aggravées (avec une  arme) sont punies par la loi française de 3 ans d'emprisonnement et 45.000 € d'amende.

Pourtant les forces de police ont le droit de matraquer avec des tonfas qui sont des armes de catégorie 6, lorsqu’il y des blessés, bonne chance pour faire appliquer la loi !

- Un enlèvement, rapt ou kidnapping est l'action qui consiste à s'emparer de quelqu'un ou à le détenir, contre sa volonté, généralement par la force. Il est puni de 5 ans de prison et de 75 000 euros d’amende.

Pourtant, les forces de police peuvent détenir en garde à vue toute personne paraissant suspecte 48h.  Cela peut s’allonger à 96 h en cas de suspicion de terrorisme ou de trafic de stupéfiants.

Avec une décision de justice, cette séquestration peut s’étendre jusqu’à la  perpétuité en prison

- le meurtre est défini à l'article 221-1 du code pénal. Il s'agit du « fait de donner volontairement la mort à autrui ». Il est puni de trente ans de réclusion criminelle.

Pourtant les forces militaires employées par la France (et les autres états) ont le droit de tuer ce qui est  défini très vaguement comme des « combattant ennemis »

Par exemple, le 9 novembre 2002, lors de la répression des manifestations contre l’intervention française à Abidjan en Côte d’Ivoire, les forces françaises ont tiré à balles réelles par hélicoptère et au sol sur les manifestants installés sur les deux ponts de la lagune Ebrié et aux abords de l'hôtel Ivoire. Ces tirs auraient fait, selon une série de sources concordantes, une soixantaine de morts et plus d'un millier de blessés selon RFI (Radio France international).

Les militaires peuvent même remporter des moissons de médailles pour ce type de « bravoure ».

On peut rajouter la police  à cette liste: ses membres ont tué plus de 300 personnes dans les quartiers populaires sans qu’aucun policier n’aille en prison, même si la police n’a pas formellement le droit de tuer en toutes circonstances…

Le rappeur Hamé de la Rumeur a subi 8 ans de poursuites judiciaires pour avoir rappelé ce fait dans le texte «  Insécurité sous la plume d’un barbare »

Le pouvoir d’état

 

On l’aura compris, ce qui caractérise le pouvoir de l’état c’est le monopole « légitime » et « légal » de la violence sur ses citoyens ou plutôt sur ses sujets.

Cette exception, ce droit à la violence sur les corps de ses sujets est justifié très largement par les textes juridiques, par les hommes politiques, les médias, les intellectuels défenseurs de l’ordre établi…

L’argument massue est la préservation de l’ordre public.

L’ordre public, ce terme ne veut rien dire. Ce qu’il veut réellement dire c’est l’ordre établi ou encore l’ordre social, c'est-à-dire notre société de classe bâtie sur l’injustice, l’exploitation des travailleurs et l’aliénation : l’ordre public à préserver, c’est le capitalisme.

A l’heure ou les plans d’austérité s’accélèrent en Europe, ou la contestation massive gagne l’Espagne et qu’au nom d’un choc de compétitivité et de l’austérité, des mesures antisociales vont être prises en France, il faut garder cela à l’esprit.

Pour reprendre le philosophe Tereshenko : la violence d’état, les bavures, ce n’est pas « bad apples in a good basket, good apples in a rotten basket » (pas des mauvaises pommes dans un bon panier, mais des bonnes pommes dans un mauvais panier).

Cela veut tout simplement dire que la répression, la violence disproportionnée et gratuite, les blessures parfois graves, les morts suite à des « bavures », les privations de liberté en garde à vue ou en prison, ne sont pas des abus ou des dérapages d’un pouvoir devenu fou comme on peut le croire. Au contraire, cette violence est au cœur du pouvoir de l’état. Elle permet de préserver l’ordre public, ou plutôt l’ordre social.

 

Oulianov

 

Repris sur Tantquil.net

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 08:56

La CAL de Montpellier vous présente une émission de radio qui traite de problématique sociale actuelle, sous un angle critique. Ca se passe sur Radioc Campus MOntpellier 102.2 FM, de 19h à 20h un Mardi sur Deux.

 

SOMMAIRE:

 

1: Monsieur, comment qu'on se loge quand on a pas de tune?

 

INvités:  Lucien // Militant-squatteur

               Serge // Militant-squateur; en milieu associatif et éducateur spécialisé

 

2: Notre-Dames-des-Landes, what the fuck?

 

INvités: Sandrine // Militante du milieu associatif Nantais

 

3: CROUS, Bourse ou rembourse?

 

INvités: Jasmin Philippe // Ancien militznt et élu CROUS pour Sud étudiant

               Sylvain // Militant du Collectif Luttons contre la précarité de Montepllier et rédacteur  du site Zones Subversives

 

4: Joyeux Noël: Panorama de l'austérité en Europe.

 

INvités: Picsou // Membre du collecti de rédaction de tantquil.net site d'analyse économique

               Julien // Militant de collectif pour une Alternative Libertaire de Montepllier.

 

5: Fascisme et crise, qu'en dit l'antifa?

 

INvités:  Sébastien // Militant Sud étudiant et rédacteur sur Feu de prairie

                Phil // Militant au SCALP MOntpellier

 

6: Edition Musicale I: Rap et engagé

 

INvités : Zack, Théo, Jazz  // Rapeurs et Arti // amateur de rap.

 

7: La France au Mali: Françafrique.

 

INvité: Yare Diagne // membre et militant à SURVIE

 

8: Expression populaire versus GIPN

 

INvités: Alf // Militant en squatt et participant à l'initiative du local d'expression populaire

              Camille // militante participant à l'initiative du local d'expression populaire

 

9: ANI-hilation du droit du travail

 

INvités: Boris// militant à solidaire & sud recherche.

            Nina // Assistante de production à C-P Production & réalisatrice de court métrage sur le travail et  la précarité.

 

10: Dans le Fioraso

 

INvités:  Myriam // militante CGT - UM3

             Dominique // militante CGT - UM1

             William & David // militants Solidaire Etudiant - UM3

 

11 & 12: Très prochainement

 

13: Femmes: ménage ou révolution?

 

INvités: Flo // militante de La Collective

            Elise-Ambre // militante à Alternative Libertaire et le Collectif pour une grève des   

            Femmes à Toulouse.

Interview: Nina // Ancienne militante FSE, commission anti-sexiste.

 

A  SUIVRE...

 

PROCHAINE EMISSION EN SEPTEMBRE BONNE VACANCES A TOUS

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 11:47

precarite-principale-raison-miracle-economiqu-L-FLxfb3.jpegUn petit article sur les emplois précaires sous payés mis en place en Allemagne par la social démocratie, qui décidément a dans ce pays une très longue histoire de trahison (plus qu'ailleurs)...

 

 Ils sont appelés minijobs, ces contrats précaires à temps partiel, dont la rémunération est inférieure à 400 euros par mois. Cela représente 7,4 millions de contrats et permet de faire artificiellement baisser le taux de chômage. Mais clairement pas le nombre de pauvres.

Ces minijobs à salaires très bas sont en outre accusés d’empêcher parfois la création de vrais emplois en Allemagne. C’est ce que dénonce une étude d’un institut dépendant de l’Agence allemande pour l’emploi (BA) diffusée lundi. Ces contrats ultra-précaires, ont été créés lors des grandes réformes du marché du travail de 2003 à 2005 menées par le chancelier social-libéral Gerhard Schröder. Ce sont des emplois à temps partiel dont la rémunération ne dépasse pas 400 euros par mois — 450 à partir de janvier prochain — et qui peuvent être exercés en parallèle de l’aide sociale, ou cumulés. Ce sont des cadeaux qu’adorent les patrons, puisque outre le salaire ridicules, ces emplois sont en outre quasiment dispensés de charges sociales. De la main d’œuvre presque gratuite et corvéable selon les besoins : la “flexibilité” en somme.

La BA recense 7,4 millions de contrats de travail de ce type. Plus d’un tiers des salariés sous contrats de ce type cumulent les emplois. L’étude dénonce “des indices évidents (selon lesquels) les minijobs ont pris la place d’emplois soumis aux charges sociales”. Sans surprises, c’est dans les entreprises de petites tailles et dans les secteurs du commerce de détail et de la restauration, où les “minijobs” sont les plus nombreux, que cet effet serait le plus fort. Ainsi 70% des établissements de restauration emploient au moins 1 “minijobber”, et ces derniers représentent 34% du nombre total de salariés dans ce secteur. Dans le commerce de détail, les chiffres sont respectivement de 63% et 23%. Les minijobbers représentent également 20% des employés d’entreprises de 1 à 9 personnes, et 15% dans celles de 10 à 99 personnes, mais seulement 5% dans celles de plus de 100 salariés. »

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 11:55

revo-espagne.jpgContenu original:Avec la nouvelle année la formule du blog change. En plus de partager des news glanées sur internet ainsi que des infos locales, nous avons décidé de donner plus de place à des contenus originaux, rédigés exclusivement pour notre blog...

Voici une série de textes sur le thème de l’autogestion : qu’est-ce qu’on entend par là ? Quelles expériences ? Quelle théorie ? Quelles sont les limites et les critiques à apporter au concept ?

La Révolution Espagnole sur fond de guerre avec le Franquisme voit de nombreuses tentatives de mise en commun des moyens de production et des terres, parfois réussies parfois rencontrant des limites…

 

Le début de la guerre d’Espagne

 

En 1936, l’économie de l’Espagne est encore en grande partie basée sur le monde agraire. L’industrie commence à se développer, mais reste concentrée dans quelques zones. A la suite de l’offensive franquiste, le pays est en état de guerre, coupé en deux zones, la zone républicaine regroupant 5 millions d’habitants, la Catalogne regroupant à elle seule près des deux tiers de l’industrie, ce qui a représenté un atout de taille.

Cette situation, si elle a pu favoriser l’autogestion en raison de l’écroulement des structures anciennes, a induit deux types d’obstacles : la fermeture des frontières et le blocage des ressources et des débouchés des zones franquistes d’une part, la concentration d’une partie de la mains d’œuvre dans les industries de défense, ou sa mobilisation militaire d’autre part. Le camp républicain s’est retrouvé confronté à des difficultés d’approvisionnement, tant en produits alimentaires qu’en matières premières. On peut ajouter aussi les obstacles politiques –tiédeur du gouvernement Blum, manipulations staliniennes, et, en Espagne-même, entraves aux initiatives autogestionnaires de la part du gouvernement républicain-.

Le mouvement a démarré par une grève de huit jours et la constitution de milices anti-fascistes. Les expériences de reprise en main de la gestion des structures économiques par les travailleurs se sont multipliées, allant même jusqu’à un fonctionnement sans numéraire pendant deux semaines en Catalogne.

 

Les principes de la mise en commun

 

Le principe premier est celui de la mise en commun des moyens de production sur des bases rationnelles et égalitaires, avec une recherche de l’autonomie de fonctionnement de chaque structure, économique ou politique. Les autogestionnaires, après expropriation des terres, des usines et des ateliers, se sont efforcé de mettre en place une restructuration par le bas.

On cherche à mettre en commun aussi bien les marchandises et les matières premières que les ressources financières. Dans le secteur agricole, le fonctionnement collectif, outre la collectivisation des terres, se traduit aussi par l’usage commun des outils et des machines. On applique parfois la « prise au tas » préconisée par Kropotkine, dans des magasins communaux. Dans d’autres cas, ce sont les syndicats ou les coopératives qui prennent en charge la redistribution, pour empêcher le gaspillage et le sabotage.

On retrouve le mode de fonctionnement à la base dans le domaine politique, où c’est le niveau communal qui est privilégié.

Le but est à la fois de sortir de la misère, éventuellement de dégager une marge de production ou de temps pour satisfaire d’autres besoins, et d’améliorer le quotidien, par exemple en développant l’équipement sanitaire.

D’une façon générale, on a cherché à augmenter les salaires et à resserrer leur éventail. Dès 1937, la CNT décide d’une échelle des salaires selon des normes nationales pour les collectivités agraires. Si l’on a pu observer des attitudes diverses concernant l’usage de la monnaie-maintien ou suppression de la monnaie nationale, création de monnaies locales-, la constante a été le refus obstiné de toute spéculation, thésaurisation ou accaparement. Dans ce but, on fixait souvent un prix unique pour les produits alimentaires, on supprimait les intermédiaires, par exemple en expulsant les armateurs du port de Barcelone, ou encore on créait localement une monnaie « fondante », c’est-à-dire perdant sa valeur en très peu de temps, suivant une idée de Malatesta. Le type de solution dépendait le plus souvent du maintien ou non de l’influence de l’Etat dans la zone considérée.

A noter qu’il n’y eu pas de collectivisation des banques, en raison du faible degré d’organisation des employés, syndiqués la plupart du temps à l’UGT, d’inspiration social-démocrate, donc opposée à la collectivisation. Cette absence de réquisition a empêché une centralisation des moyens, qui aurait permis l’établissement d’un plan financier en bonne et due forme.

Un autre trait caractéristique des collectivités, tant agricoles qu’industrielles, est leur attention portée aux chiffres. Cela est lié à la fois à leur volonté d’autonomie et d’entraide, à la nécessité de planifier les échanges pour répartir les surplus, et à l’effort de construction selon un mode fédéraliste, que ce soit sur le plan syndical, politique ou économique. On est frappé, dans chaque structure, par la tenue minutieuse d’une comptabilité, même rudimentaire, par la manie d’enregistrer toutes les opérations parfois5, par la multiplication des enquêtes, par l’attention portée aux statistiques. Les ressources étant limitées, et tout étant à construire, il s’agissait de connaître et de coordonner la production de chacun et d’organiser la circulation des marchandises et des matières premières, si nécessaire d’établir une forme de planification par le bas, de façon à satisfaire les besoins de chaque commune.

Ce mode de fonctionnement impliquait un minimum de formation. De là la mise en place d’écoles pour former des corps de techniciens aptes à apprécier et changer les procédures et à rendre compte auprès de leurs collectivités ou des instances fédérales.

Le manque de formation initial était manifeste non seulement au niveau technique mais plus généralement au niveau culturel. L’histoire aura retenu l’attention particulière portée par les révolutionnaires espagnols à l’alphabétisation, à l’édition non seulement d’ouvrages politiques ou techniques, mais aussi de littérature, à la reprise en main de la gestion des lieux culturels, par exemple les cinémas à Barcelone.

Tous les principes et les modes d’organisation décrits ci-dessus, et les réalisations qu’ils ont induites, n’ont pas entraîné un replis sur soi de chaque commune ou collectivité. Bien au contraire, c’est la solidarité qui a primé, tant entre membres d’une même structure -par la constitution de caisses de compensation- qu’entre les structures –par les échanges des excédents, mais aussi par l’organisation de l’accueil de réfugiés chassés par l’avancée franquiste-.

 

Comment gérer les résistances à la collectivisation ?

 

En ce qui concerne les réfractaires aux nouveaux modes de fonctionnement, les anciens patrons et cadres, lorsqu’ils n’avaient pas fui, étaient autant que possible maintenus en tant que techniciens ou directeurs commerciaux, sous le contrôle des assemblées générales d’atelier ou d’usine. Les individualistes étaient tolérés. Il y avait coexistence à Barcelone de boulangeries gérées par le syndicat de l’alimentation et d’autres à gestion traditionnelle. Mais il était entendu que ces entreprises ne pouvaient pas prétendre à la même solidarité que celles fonctionnant dans le cadre de la collectivisation. Ainsi, dans les campagnes, les petits cultivateurs qui avaient voulu rester indépendants ne pouvaient conserver que les terres qu’ils pouvaient cultiver eux-mêmes, terres qu’ils ne pouvaient plus enregistrer au cadastre, ce qui était un moyen de supprimer le droit d’héritage. De surcroît, ils étaient servis en dernier lors de la répartition des aides.

 

Spontanéité et rôle des organisations

 

Les expériences autogestionnaires en Espagne ont-elles été le fruit d’une mobilisation spontanée ou celui d’une élaboration par une avant-garde syndicale ou politique ?

Il semble en fait que les deux cas de figure ont existé. Il est à noter qu’au début, du fait de l’état de guerre lui-même, de la mobilisation et de l’abandon de nombreuses entreprises par leurs patrons et leurs cadres, les anciennes structures tendaient à l’écroulement. La population de la zone antifasciste a donc du de toute façon se débrouiller souvent par elle-même pour assurer sa survie. On peut remarquer aussi que face à une telle situation, les groupes politiques rattachés au gouvernement étaient somme toute mal armés, en raison de leur attente de directives de la part de leurs comités centraux. Or, comme le fait remarquer G. Leval, le travail de la terre demande des réactions en temps réel. En zone rurale, les tenants de l’autogestion étaient donc de fait avantagés, et ont pu s’organiser en collectivités, sans que les membres des partis politiques institutionnels puissent faire valoir une quelconque initiative.

Autre élément à prendre en compte, la survivance, malgré le développement du centralisme et la domination des caciques en Castille par exemple, du droit municipal et coutumier –possible facteur de réaction, mais aussi phénomène local- et de pratiques d’entraide. Les mentalités avaient donc conservé certains réflexes de fonctionnement local.

Par ailleurs, il aurait été étonnant que le milieu militant libertaire –de surcroît principalement de type social, et non individualiste comme en France- soit resté passif et n’ait pas cherché à impulser certaines expériences pour mettre ses idées en application, ne serait-ce qu’en exerçant un contrôle sur certaines activités, par exemple celui de l’utilisation du charbon par la CNT dans le cadre des transports ferroviaires. De fait, en milieu rural, les expropriations et la collectivisation des terres des grands propriétaires a souvent été organisée par des militants de la CNT.

Cela dit, on a parfois accusé ces mêmes milieux d’avoir imposé la collectivisation par la force. Or, on constate que d’une part, dans certaines zones où se concentraient les troupes anarchistes, soit la collectivisation en restait à un stade embryonnaire, soit les collectivités qui s’étaient constituées fonctionnaient indépendamment des groupes anarchistes stationnant à proximité. Ce dernier fait peut s’expliquer par la concentration des énergies des organisations libertaires dans des tâches de défense, et non pas de soutien ou de direction communale ou économique. D’autre part, des collectivités se sont montées et ont perduré pendant toute la guerre dans des zones où les libertaires étaient peu présents. On peut donc bien parler dans ce dernier cas soit de spontanéité, soit en tout cas d’autonomie vis à vis du mouvement libertaire6.

 

Les réalisations

 

Suivant les principes que l’on vient d’évoquer, les membres des collectivités ont développé divers types d’organisation sociale ou économique. On cite le plus souvent les syndicats de coiffeurs, de chauffeurs taxi et d’autobus, d’employés des bistrots, d’ouvriers du bâtiment, et la réorganisation du port de Barcelone. Il s’agissait de distribuer les salaires, d’acheter du nouveau matériel lorsque le budget était excédentaire (cas de la Compagnie des autobus et de celle des tramways), de supprimer les intermédiaires. Plus largement, le mouvement autogestionnaire a tenté de maintenir et de développer les transports nationaux et internationaux –gestion de la circulation ferroviaire dans la zone républicaine, création de nouvelles lignes maritimes vers l’Amérique du Sud, notamment.

Mais les réalisations qui ont concerné le plus grand nombre se situent en zone rurale. Outre les travaux d’irrigation et la généralisation de l’utilisation d’engrais et de machines, indispensable sur des terres pauvres recevant peu de pluie, les collectivités ont développé un réseau de fermes et de pépinières expérimentales, destinées à la fois à fournir certaines semences, à assurer la formation de techniciens agricoles, et à faire circuler l’information concernant des variétés mieux adaptées aux terres espagnoles.

La socialisation de la médecine

 

Un domaine fut particulièrement développé : celui des questions sanitaires. Comme dans tous les secteurs, juillet 1936 a vu la fuite d’une partie des personnels –religieux- des institutions de bienfaisance. Là comme ailleurs, initiatives de membres d’organisations et initiatives spontanées on émergé pour palier à la nouvelle situation, ce d’autant plus que cet aspect était abordé régulièrement dans la presse libertaire. Certains hôpitaux ont continué à fonctionner sous un autre nom, sous  la direction gouvernementale. D’autres furent créés de toute pièce par les syndicats, le plus souvent rattachés à la Fédération nationale des services sanitaires (CNT). Le financement provenait généralement pour partie du gouvernement catalan, pour partie des municipalités du lieu d’implantation. Une fois les tarifs des consultations et des opérations fixées, le système de sécurité sociale était assuré par la Caisse nationale de prévoyance, dont le fonctionnement passait lui aussi en grande partie par l’Etat. Cette acceptation d’une collaboration avec des structures d’Etat peut paraître critiquable. Le problème est que l’Etat semblait seul à même de dégager un financement suffisant –collecte fiscale-, ce dans un secteur où non seulement les syndicats et l’Etat, mais aussi les partis politiques et l’économie privée étaient partie prenante. Ainsi, de nombreux pharmaciens boutiquiers étaient adhérents de l’UGT, et non de la CNT. Il n’en demeure pas moins que parallèlement, des sociétés de secours mutuel et des centres médicaux installés dans les usines se sont montés, indépendamment de tout contrôle gouvernemental ou politicien.

 

Obstacles, problèmes, réussites et échecs

 

L’obstacle pratique principal était le manque de connaissances en comptabilité des membres des collectivités naissantes. Cette lacune était toutefois contrebalancée par la connaissance des processus de production et des besoins, et par l’esprit d’initiative aiguillonné aussi bien par la nécessité que par la volonté de ne pas échouer, eu égard aux critiques que ne manquaient pas d’émettre aussi bien les Républicains non libertaires que les partisans plus ou moins déclarés de la droite.

Par ailleurs, les autogestionnaires ont pu commettre des erreurs stratégiques dans la gestion de certaines activités. Ainsi, le fait de ne pas rationner le carburant servant au transport ferroviaire en pleine pénurie de guerre peut sembler rétrospectivement peu raisonnable.

 

La controverse autour du Décret de collectivisation

 

Ce décret a été émis par la Généralité le 24 octobre 1936. Il avait été élaboré par son Conseiller à l’économie, Juan Fabregas, par ailleurs membre de la CNT.

Il stipule que doivent être collectivisées « les entreprises industrielles ou commerciales qui occupent plus de 100 salariés, celles des patrons factieux ou ayant pris la fuite », celles ayant entre 50 et 100 s’il y a accord des trois quarts des effectifs, d’autres encore présentant une « importance dans l’économie nationale ».

Chaque entreprise collectivisée est dirigée par un Conseil d’entreprise, qui lui-même désigne des représentants aux Conseils généraux d’industrie, chargés d’établir un plan général. Les diverses tendances syndicales et les techniciens sont en principe représentés dans chacune de ces instances.

Il est généralement admis que ce texte n’a fait que légaliser un état de fait, particulièrement en ce qui concerne l’industrie et les transports.

V. Richards considère cependant que, bien qu’étant produit par un anarcho-syndicaliste, un des but du décret était de limiter les réalisations révolutionnaires dans l’industrie catalane. Il remarque en effet que s’en tenir à ne collectiviser que les entreprises employant plus de 100 ouvriers excluait de fait une partie importante de la population ouvrière du contrôle direct de l’économie. La mention de l’ »économie nationale » en tant que critère pour collectiviser certaines entreprises laisse entendre qu’en dernière instance, c’est le Gouvernement de Catalogne –donc les politiciens- qui décide, et non les conseils d’entreprise ou les syndicats. Et en effet, le plan général et les décisions exécutoires sont bien réservés aux Conseils généraux de l’industrie. Aux structures locales est réservée … l’exécution. Il s’agit bien d’un système centralisé, et non autogestionnaire.

 

Les résultats économiques furent inégaux et irréguliers. On peut dire que de nombreux projets se sont concrétisés et ont fonctionné sur le court terme. Ainsi, le fonctionnement collectif des services publics barcelonais fut dans un premier temps satisfaisant, et de façon plus générale, la collectivisation de la branche des transports fut indéniablement une réussite. La situation fut en revanche nettement moins bonne dans l’industrie textile, qui a souffert de la pénurie de matières premières. Ce secteur a tout de même vu le passage du travail à la pièce au travail à la journée et aux 40 heures par semaine, et si les salaires y ont baissé, il y eu en fait amélioration du coefficient du salaire horaire. Une réussite incontestable fut celle constituée par le maintien quasi permanent de la distribution d’eau, de gaz et d’électricité en Catalogne, interrompue uniquement pendant les bombardements.

En milieu rural, certaines expériences ont été des réussites sur le court terme. Il est vrai qu’au départ, une grande partie des haciendas étaient délibérément laissées en friche par leurs propriétaires. La mise en valeur commune de ces terrains agricoles ne pouvait donc que constituer une amélioration, que ce soit du point de vue de la vie quotidienne des paysans ou de celui des échanges entre villages et du ravitaillement général. Cela est notamment valable lorsque les fermes expérimentales jouaient leur rôle.

Reste la question de savoir si toutes ces structures, tant industrielles qu’agricoles, ont réellement permis de créer, même momentanément un nouveau système. En fait, selon le degré d’individualisme des membres des communes ou des ateliers, on a pu parler aussi bien de collectivisation véritable que de « capitalisme collectif », où la répartition des bénéfices constituait la seule différence avec le système précédent. Mais de façon globale, les résultats des entreprise et le témoignage d’ouvriers semblent indiquer que ces derniers se sentaient réellement des collaborateurs responsables de leurs usines ou de leurs ateliers, tout au moins en Catalogne, l’affaiblissement des entreprises de cette région dans la deuxième moitié de la période étant en grande partie la conséquence de la perte des débouchés due à la situation de guerre, et non pas forcément celle d’une mauvaise gestion.

D’un autre point de vue, on a pu constater la persistance d’inégalités entre secteurs. Etant donné l’état d’urgence dans lequel était plongé le pays, les salaires des travailleurs de l’armement étaient sans comparaison avec ceux des ouvriers agricoles. De même, les revenus des employés de restaurants, de bistrots ou de cinémas très fréquentés restaient supérieurs à ceux des serveurs d’entreprises plus modestes ou moins bien situées. De même, certaines usines ayant une grande réserve de matières premières et un outillage moderne avaient un avantage sur celles moins rentables au départ, ou dont la production était pouvait être considérée comme moins importante pour l’effort de guerre. La demande ou le succès continuaient donc à être des facteurs incontournables.

 

 

Quel bilan?

 

Il semble tout d’abord que les collectivisations ont été le fruit d’un mouvement spontané : la population a résisté aussi bien aux tentatives de contrôle du gouvernement qu’à celles de la CNT-FAI. Dans le même ordre d’idée, la grève générale déclenchée en réaction au Decreto de intervencion montre bien que celui-ci était perçu comme étant destiné à servir les intérêts gouvernementaux, et non ceux de la base.

On peut aussi remarquer que l’organisation locale à la base de l’activité économique a permis de résoudre des problèmes insolubles dans d’autres systèmes : la nécessité de survivre par soi-même, ajoutée au désir de montrer que le système fonctionnait, a freiné la baisse des rendements constatée dans les grandes exploitations de Castilles contrôlées, elles, par l’Etat. La collectivisation a souvent rendu possible une rationalisation impensable dans les petites propriétés ou les latifundia.

Par ailleurs, le mouvement autogestionnaire s’est heurté à deux obstacles :

- L’obstacle gouvernemental et partidaire d’une part : en effet, le contrôle des stocks d’or par le gouvernement entravait l’importation de matières premières. En Catalogne, la loi de collectivisation industrielle d’octobre 1936 révélait la volonté des catalanistes d’instaurer un fonctionnement du haut vers le bas. Dans les cas extrêmes, l’opposition politique pouvait se traduire par des actions militaires, comme lors de l’attaque des collectivités aragonaises par la division communiste de Lister. Ces exemples tendent à prouver que la coexistence d’un pouvoir central et d’un pouvoir autogestionnaire est impossible : le premier ne tolère en effet pas le second.

- Les contradictions internes au mouvement autogestionnaire, d’autre part : ainsi, le refus de toute hiérarchie peut être perçu comme un handicap du point de vue militaire, dans la mesure où un minimum de discipline et de coordination semble souhaitable dans toute armée, même révolutionnaire.

Par ailleurs, G. Leval fait remarquer que les milieux libertaires ont fait preuve d’idéalisme en refusant toute alliance formelle et durable avec l’UGT.

Paradoxalement, des membres de la CNT-FAI ont accepté par la suite d’entrer dans le gouvernement de Largo Caballero. L’inverse aurait été préférable, c’est-à-dire compromis avec les idéaux, pour mener à bien la construction syndicale, et intransigeance quant aux principes –refus de participation à tout gouvernement-. En fait, le refus d’alliance syndicale d’un côté, la participation à un gouvernement de l’autre, ont tous deux contribué à l’affaiblissement du contrôle ouvrier, pourtant en grande partie installé initialement.

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 11:26

 

blog-indonesian-anticommunist-purge.pngVoici un article tiré du blog feu de prairie qui fait un retour sur les massacres de communistes en Indonésie, un massacre politique qu'on tait, contrairement au massacres "communistes" au Cambodge

 

En Indonésie, un auto-génocide équivalent dans ses dimensions a eu lieu. Les chiffres sont impossibles à connaitre. On estime ses victimes à un voire deux millions… Mais ce crime absolu a une particularité. Il a été favorisé et soutenu par les pays occidentaux, notamment par les USA, puis acclamé par la presse. Car les victimes étaient communistes, ou supposées telles. Et dans leur croisade menée contre la « subversion », les « démocraties » capitalistes ne prennent pas de pincettes. Ces crimes ne doivent jamais être oubliés. Nous publions donc  ici un texte tiré du journal Partisan qui évoque ces évènements.


Le Parti Communiste d’indonésie (PKI) comptait 3,5 millions de membres et une quinzaine de millions de sympathisants. Il était par la taille le 3ème parti communiste au monde. En 1965, la répression, couverte par l’occident et en particulier par les USA, fit entre 500 000 et 2 millions de morts. Mais comment en est-on arrivé là ?

L’Indonésie est une ancienne colonie néerlandaise. 87 % de la population est musulmane. Pendant la 2ème guerre mondiale, le Japon occupe l’Indonésie. Les Japonais sont d’abord accueillis comme des libérateurs car ils promettent l’indépendance. Rapidement, ils remplacent les colons hollandais et sont rejetés. L’indépendance est déclarée par Sukarno en 1945. Mais la guerre d’indépendance continuera jusqu’au 27 décembre 1949. Comme après beaucoup de guerres, l’économie est en ruine. Sukarno renforce son pouvoir intérieur. Il cherche la confrontation avec la Malaisie. Critiqué par l’occident, il se rapproche de plus en plus de l’URSS et de la Chine. Le PKI qui a, deux fois déjà, été anéanti par la répression (en 1926 et en 1948), se présente en 1955 aux élections et obtient 16 % des voix. Il a trois ministres dans un gouvernement qui en compte quatre-vingt .

[...]

Nous sommes à l’époque dans la guerre froide. Les USA, déjà empêtrés au Viet-Nam, ont peur qu’un second front s’ouvre en Indonésie. Le PKI est haï par les autres mouvements politiques, notamment le mouvement islamiste. La CIA établit des listes de noms de communistes, des “infidèles” à l’islam, des “sans dieu” réfractaires à l’un des cinq principes du Pancasila (constitution) édicté en 1945. Il manque un détonateur pour éliminer le PKI. Il est trouvé le 1er octobre 1965. Six généraux appartenant à l’aile droite du haut commandement militaire ont été assassinés à Djakarta. Le général anti-communiste Suharto, commandant de l’armée, en attribua faussement la responsabilité à des militaires proches du PKI. Il fait pression sur Sukarno et « obtient » la mission de maintenir l’ordre à Djakarta.

Le général lance les répressions anticommunistes. Les listes de la CIA vont servir : arrestations de masse et exécutions sommaires concernent, dans les deux années 1965 et 1966, plusieurs millions de personnes. Les évaluations précises sont difficiles à établir puisque le tout s’accomplit en dehors du système judiciaire, sous le contrôle de l’armée, qui arme des milices, celles de la Ligue Musulmane en particulier. Dans d’autres régions ce sont des chrétiens qui s’en prennent aux communistes. Des villages sont brulés, les hommes torturés, abattus, les femmes et les fillettes violées et tuées. 1 ou 2 millions de personnes sont exécutées, et de 5 à 7 millions incarcérées, pour des périodes rarement inférieures à 10 ans et pour certaines pour toute la longue durée du pouvoir suhartiste, jusqu’au printemps 1999. Un décret en septembre 1966 « bannissant le communisme » est voté par l’Assemblée Nationale à la botte de Suharto.

Noam Chomsky, faisant une compilation de la presse américaine de l’époque, en ressort ce texte : « L’événement suscita pourtant une orgie d’euphorie. Pour décrire le « stupéfiant massacre de masse », le New York Times parla d’une « coulée de lumière en Asie » et félicita Washington d’être resté discret pour ne pas embarrasser les « modérés indonésiens » qui purifiaient leur société et s’apprêtaient à recevoir une généreuse aide américaine ; c’est « la meilleure nouvelle depuis des années pour l’Occident en Asie ».

 

Repris sur Feu de prairie

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 09:40

 fukushima-copie-1.jpg Nous y voilà , les signaux arrivent de partout sur internet de plus en plus de personnes sont malades au Japon. Fukushima ce n’est pas Tchernobyl, cet accident est arrivé dans le pays qui comporte la plus forte densité de population au monde .

Souvenez vous des conférences de presse de l’ IRSN qui nous disait au début de l’accident qu’il faudrait boire des litres de thé contaminé pour être malade. A l’époque de Tchernobyl, les méthodes de communication étaient les mêmes…


Alors que pendant ce temps là le Dr Kodama et quelques autres médecins et scientifiques Japonais nous indiquaient que son pays etait dans un état de déni de la réalité sanitaire suite à l'accident, et que la catastrophe de Fukushima avait dégagé une trentaine de fois la radioactivité engendrée à la suite des explosions atomiques de Hiroshima-Nagasaki et environ une vingtaine de fois plus de composés Transuraniens ce qui est également à mettre au crédit du Dr Kodama. Ces déclarations n'ont, à ma connaissance, jamais été retranscrites dans les mainstream ni la presse occidentale.


Olivier Cabanel écrivait dernièrement « On se souvient de la flagornerie d’Otsuka Norikazu,ce célèbre animateur de télévision japonais qui, cédant à la provocation facile, avait en direct mangé des produits agricoles japonais pollués par la centrale nucléaire, encourageant ses compatriotes à suivre son exemple, convaincu de l’innocuité des produits consommés, avec le désir patriotique de sauver la production agricole de son pays. Mal lui en a pris, on apprend qu’il a été hospitalisé le 7 novembre atteint d’une leucémie aiguë et Tepco aura des difficultés cette fois à affirmer que la catastrophe nucléaire de Fukushima n’y est pour rien .Les avis médicaux lui donnent 70% de « chances » de mourir d’ici 5 ans ce qui a été confirmé par des experts allemands » ou encore « La santé de nos enfants est maintenant en danger. Nous constatons des symptômes tels que thyroïdes enflées, saignements de nez, diarrhées, toux, asthme… »


L’ IRSN , l’ AIEA ,et l’ OMS ont bien pris garde de ne parler que des niveaux d’irradiation au Japon sans aborder dans le détail les problèmes de la contamination, et pour cause : la contamination est le fait de faire pénétrer dans un organisme vivant un "concentré" de radioactivité dans un volume très faible ; la particule radioactive présente en effet la particularité d'être approximativement de la taille d'une cellule humaine et cette similitude d'échelle explique en partie pourquoi la particule contaminante peut, vue du point de vue de la cellule humaine à proximité, être tout sauf une "faible dose".

D'un point de vue scientifique, il semble tout à fait invraisemblable de comparer, à dose équivalente, une exposition uniforme de l'ensemble d'une entité humaine (corps entier) à la même dose confinée à quelques cellules seulement de ce même corps ; l'échelle n'est simplement pas la même et les effets sont notoirement différents. C'est pourtant la comparaison qui est fréquemment utilisée par certains pour défendre l'idée que la radioactivité est "partout". Peut-être, mais encore une fois, ce n'est pas l'avis de la cellule qui se trouvera placée à proximité d'une masse globalement équivalente à elle et qui la "bombardera à vue" pendant un certain temps. En outre, si la particule radioactive présente une taille inférieure à 10 microns (10 millionièmes de mètre soit 0.01 mm) elle présentera en outre la particularité de se fixer dans les sacs alvéolaires pulmonaires d'où 25% d’entre elles seront difficiles voir impossible à déloger.


Au début de l’accident les Américains avaient demandé que leurs citoyens vivant dans un rayon de 80 km autour de la centrale nucléaire de Fukushima évacuent la zone, ou se mettent à l'abri si une évacuation n'est pas possible en toute sécurité" . L'ambassade avait souligné dans un communiqué, que "de nombreux facteurs", dont la météo, pouvaient influer sur la dissémination des particules radioactives, et avait mentionné la possibilité que celles-ci accomplissent des distances supérieures à 80 km…, La présence constaté de nombreux points chauds contaminés à Tokyo leur a donné raison .
La peste nucléaire à commencé son travail, et l'on commence à compter les morts par centaines, comme l'écrit  Yoichi Shimatsu dans son article très documenté en anglais parru le 3 janvier 2013. Les particules radioactives vont continuer de tuer elles ont le temps devant elles !

 

relayé de Fukushima information : http://www.scoop.it/t/fukushima-informations

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 11:07

1274461524-violent-antigovernment-student-protests-in-slove.jpgVoici un article de camarades slovènes sur la révolte massive contre l'austérité qu'il y a eu dans ce pays et la forte implication des anarco- communistes....

 

En novembre-décembre 2012, la Slovénie a été secouée par sa toute première révolte de masse depuis vingt ans. En moins de trois semaines, pas moins de 35 manifestations ont eu lieu dans 18 villes, rassemblant quelques 70 000 participants. Les affrontements avec la police ont conduit à 284 arrestations et à de nombreux blessés. Dans certaines villes la protestation a pris un caractère franchement anticapitaliste.


Les événements qui ont marqué la fin de l’année 2012 en Slovénie – membre de l’Union européenne et, depuis 2007, de la zone euro – ont commencé mi-novembre avec des manifestations contre la corruption du maire la deuxième ville du pays, Maribor. Le maire a, depuis, démissionné. Le slogan scandé à cette occasion – « Il est fini » (Gotof je, en slovène) – a rapidement englobé plus ou moins tous les politiciens du pays. Une version locale du ¡Que se vayan todos ! (« Qu’ils s’en aillent tous ») argentin de 2001.

Les protestations ont ensuite gagné tout le pays en quelques jours, en prenant la forme d’un mouvement décentralisé, anti-autoritaire et non hiérarchique. Des gens qui n’avaient jamais mis les pieds dans la rue y ont participé, jusque dans les villages les plus calmes d’ordinaire. Les gens ont inventé de nouvelles solidarités, créant des relations de camaraderie dans la lutte. Nous ne savons pas combien de temps nous pourrons tenir dans la rue. Mais ce qui est sûr, c’est que cette expérience émancipatrice a libéré la parole populaire. Personne ne pourra la reprendre.

 

 

 

 

 

Aucune discrimination : ils sont tous finis !


Ces derniers jours ont vu l’Histoire nous tomber dessus de toute sa masse. La révolte à Maribor a initié ce que bien peu croyaient possible : les gens s’organisant par eux-mêmes, acculant leur garde-chiourme dans les cordes, le forçant finalement à s’enfuir, en pleine disgrâce. C’est cette étincelle qui a allumé la révolte plus large contre l’élite politico-économique et l’ensemble du système capitaliste. Nous ne possédons pas la boule de cristal qui nous dira ce qui va se passer ensuite, mais nous sommes assurés déjà qu’il ne faut rien attendre ni du romantisme ni de la naïveté : il va nous falloir une bonne dose d’organisation et de courage.
Du bas vers le haut et de la périphérie vers le centre

À mesure que les protestations se propagent à tout le pays, elles se sont aussi élargies pour devenir une révolte contre l’élite au pouvoir et l’ordre existant. Dans chaque région, les gens rivalisent de créativité pour dire aux politiciens, chacun dans son style, « Vous êtes tous finis ! ». Le caractère décentralisé de la révolte est un élément clé. L’autre aspect important est que tout le processus se déroule du bas vers le haut. Pas de leaders en charge de l’organisation : il n’y a que les gens, sans représentation aucune. Pour défendre cette solidarité et empêcher la récupération de la révolte aux mains de la classe politique, c’est précisément cette décentralisation qu’il nous faut défendre, promouvoir et renforcer !
Police partout, justice nulle part !

Il ne faut pas s’étonner des brutalités policières. Ce qui est étonnant en revanche, c’est l’illusion selon laquelle des policiers pourraient nous rejoindre. Il est vrai que la police n’est pas la cible première de la révolte, et que son horizon n’est pas borné par les heurts avec les flics. Ce qui est ciblé c’est la classe capitaliste et le système dans son ensemble. Néanmoins, la police n’est pas notre alliée et ne le sera jamais, nulle part. Rappelons nous : elle est un rouage de l’appareil de répression de l’État. Sa fonction, structurellement, est de défendre l’ordre existant et les intérêts de la classe dirigeante. Peu importe à quel point les individus en uniforme sont exploités ! Tant qu’ils suivent les ordres de leurs supérieurs, ils demeurent des flics, hommes et femmes. Lorsqu’ils cesseront de le faire, ils pourront rejoindre la révolte.

Nourrir de telles illusions est donc d’une extrême naïveté. Leurs interventions dans les manifestations de ces derniers temps étaient-elles si peu problématiques, et conduites dans l’intérêt des gens, comme certains l’ont prétendu ?

Avons-nous déjà oublié la brutale répression de Maribor et les menaces du ministre de l’Intérieur, Groenak, menaçant de faire la chasse aux organisateurs de toute manifestation illégale ?

Nous ne sommes pas davantage surpris par les discours de « moralisation » des émeutiers et de la violence, qui s’est répandu par le biais des réseaux sociaux. Le gouvernement et les médias nous ont lancé un os et certains d’entre nous sont tombés dans le panneau immédiatement. Mais que sont dix vitres brisées, une porte défoncée à la mairie, et des pavés arrachés en comparaison de la violence d’État ?

Une jeunesse sans futur, le chômage, la précarité, la réduction des bourses scolaires, la réduction des repas dans les écoles, la réduction de personnel dans les jardins d’enfants, la diminution des droits à la santé, du financement de l’éducation et de la recherche, le recul de l’âge de départ en retraite, la baisse des salaires, la suppression de jours fériés, la pénurie de logements sociaux, une jeunesse forcée de vivre dans des meublés ou avec leurs parents vieillissants, le déni des droits aux homosexuels, migrants, femmes et tous ceux dont l’origine sociale ne correspond pas à l’une des religions ou ethnies dominantes. Et ainsi de suite.

Et nous n’avons pas encore commencé de parler de la corruption, du népotisme, du clientélisme et de la criminalité qui règnent dans la classe dominante. Ils nous forcent à travaille davantage mais les fruits de notre labeur sont constamment récupérés par la classe capitaliste. C’est cette exploitation qui est au cœur du système.
Dites-nous maintenant qui est violent avec qui ?

De quel droit condamnons-nous des gens dont le futur a été volé ? La jeunesse n’a rien à perdre. Cessez de les condamner, et ensemble concentrons-nous sur les vrais problèmes.

Plus dangereux encore : les divers appels à l’autorépression et à la coopération avec la police. N’avons-nous pas déjà atteint les sommets inacceptables de la surveillance et de l’utilisation du vidéoflicage ? Les gens qui proposent d’aider la police à retrouver les « émeutiers » ne veulent qu’exclure une large part de la jeunesse de cette révolte.

Coopérer avec la police reviendrait à nous tirer une balle dans le pied, de la même façon que condamner la jeunesse qui s’exprime de manière très directe reviendrait à annuler le potentiel de cette révolte.

Aujourd’hui, ce que les autorités définissent comme une violence, c’est le bris de vitrines. Il nous faut pourtant être clairs : cette définition va rapidement s’étendre à tout ce que le pouvoir définira comme illégal, en termes de protestations, manifestation qu’il est seul à pouvoir interdire ou autoriser. Soyons clairs, aux yeux de ce système qui nous humilie, nous spolie, et nous supprime bon an mal an, nous sommes tous des émeutiers.

Encore une fois, nous disons notre entière solidarité avec tous les interpellés, dont nous exigeons qu’ils soient immédiatement relâchés, et nous appelons à la fin des poursuites judiciaires et médiatiques, l’annulation des sanctions pour les manifestants.
Le pouvoir au peuple, pas aux partis politiques

Après le premier bouillonnement spontané de la révolte, lorsque la créativité des masses se fut pleinement manifestée, un nouvel espace de réflexions stratégiques s’est également ouvert. Si nous voulons que la révolte se transforme en un mouvement social, sur la base de demandes, objectifs et visions concrets, il nous faut les articuler à celles qui existent déjà dans le mouvement et parvenir à une forme d’organisation qui rende possible ce processus. Sans cela la révolte mourra rapidement et rien ne changera.

Pour ce qui concerne les exigences, il nous faut procéder pas à pas et commencer par inclure celles déjà exprimés au sein de la révolte. Assurément il nous faut : préserver le système de protection sociale, de santé et d’éducation publique. Il nous faut aussi préserver les droits des travailleurs existants. Cela dit, il faut que nous soyons clairs sur le fait qu’il ne s’agit pas pour nous de lutter pour préserver l’ancien système. Tandis qu’il n’est pas question qu’on nous retire les droits pour lesquels nous nous sommes battus pendant des années, il nous faut aussi affirmer une perspective stratégique centrale. Tant que le capital et l’État existeront, les schémas d’oppression et d’exploitation continueront de s’exercer sur les services publics – éducation, santé et protection sociale. C’est pourquoi il nous faut, ici aussi, autogérer les luttes dans ces structures et non nous contenter de négocier les miettes. Les droits ne sont jamais donnés, ils faut toujours les arracher par la lutte.

Il se peut qu’une partie de l’élite politique corrompue réalise qu’ils sont tous finis et quitte l’arène politique. Mais ils seront bien assez tôt remplacés par d’autres, qui de nouveau, sans que nous leur donnions quelque légitimité que ce soit, prendront leurs décisions en notre nom. Leurs intérêts ne sont pas les nôtres, et chaque jour qui passe donne des exemples de népotisme et de corruption. Au moyen de lois anti-crise et autres réformes, ils nous repoussent toujours plus loin vers les marges de la société, et au-delà.

C’est pour cette raison qu’il faut qu’ils partent tous, du premier au denier. Ce serait pure naïveté de croire qu’ils sont purs, sans tache, avec nos seuls intérêts à cœur, et qu’il s vont nous sortir de cette crise. Qu’il nous suffirait de trouver les bons, et de voter pour eux.

C’est le système politique et économique, son autoritarisme et caractère de hiérarchie qui rend impossible de vivre dans un monde non aliéné et selon nos désirs et nos besoins. Tant qu’il y a capitalisme, une minorité qui domine une majorité et la relègue vers les franges sociales et économiques de la société, nos ventres seront vides. Si nous ne résistons pas, si nous ne nous battons pas pur une alternative, il y aura toujours quelqu’un pour régner sur nous : le patriarcat au foyer, les doyens et les représentants estudiantins dans nos facs, les patrons dans nos boulots et les politiciens au gouvernement. Cette fausse démocratie qui nous est offerte sous la forme d’élections n’est pas la seule façon d’organiser nos vies.
Organisons-nous là où nous vivons, travaillons, étudions

Si nous voulons que réussissent la révolte et ses exigences, et qu’elles produisent un réel pouvoir populaire, il nous faut organiser l’autogestion. Lorsque nous parlons de l’organisation de la révolte nous pensons naturellement aux formes en rupture avec les formes socio-politiques auxquelles nous sommes habitués. Nous devons nous organiser depuis le bas, sans hiérarchie ni leaders, partout, où nous sommes exploités et opprimés : dans nos quartiers, nos lieux de travail, nos établissements scolaires. Les agriculteurs doivent se lier aux coopératives, et les coopératives avec le milieu urbain.

L’autogestion doit être spontanée et créative, elle doit se développer sur la base de relations librement consenties et établir des structures permettant la complète émancipation des individus. Elle doit suivre le principe de la démocratie directe, de la mutuelle solidarité, anti-autoritaire et antifasciste.

Au démarrage, nous suggérons d’organiser les choses sur la base d’assemblées de démocratie directe (assemblées générales) qui ont toujours formé la pratique des mouvements insurrectionnels sur toute la surface du globe. Nous pouvons nous organiser localement et ensemble façonner l’avenir en identifiant nos besoins et ceux des villes et villages. Ensemble nous pouvons faire des propositions et découvrir notre potentiel, qui devraient nous aider à réaliser que nous sommes capables, pratiquement, de tout faire par nous mêmes.

C’est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité/sororité, une nouvelle unité, où il y a largement assez pour tous, mais rien pour ceux qui veulent nous dominer.

En guise de prochaine étape, nous suggérons une coordination des différents groupes, ainsi que l’établissement de nouvelles formes d’organisation d’une révolte en expansion, mais encore dispersée. Nous suggérons, sur la base de ces principes communs, d’unifier un front de groupes, d’organisations et d’individus. Ce front doit être idéologiquement ouvert, inclusif, et fondé sur des demandes communes, concertées. Il doit s’organiser horizontalement, sans organes centraux officiels, et être fondé sur l’autonomie des individus, un processus de prise de décision par démocratie directe.

Nous appelons tous les groupes, organisations et individus à qui cette approche convient, à s’organiser dans leurs lieux de vie en assemblées ouvertes, qui pourront dans un deuxième temps se rejoindre. Reprenons nos vies en main, ensemble !

Depuis les rues et places, 6 décembre 2012

Fédération pour une organisation anarchiste (FAO), Slovénie. 

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 13:51

palais-d-hiver.jpgContenu original:Avec la nouvelle année la formule du blog change. En plus de partager des news glanées sur internet ainsi que des infos locales, nous avons décidé de donner plus de place à des contenus originaux, rédigés exclusivement pour notre blog...

Voici une série de textes sur le thème de l’autogestion : qu’est-ce qu’on entend par là ? Quelles expériences ? Quelle théorie ? Quelles sont les limites et les critiques à apporter au concept ?

La révolution russe,  au-delà de l’autoritarisme bolchevik voit se développer de nombreuses pratiques qui si elles n’en portent pas le nom, se rapprochent de l’autogestion…

Que s’est-il passé en Russie ?

 

Les tendances autogestionnaires se sont exprimées à travers différentes structures :  

Tout d’abord les structures locales autonomes visant à assurer la production, le ravitaillement, la défense : ce sont les comités, qu’ils soient de grève, d’usine ou de quartier, eux-mêmes fédérés en soviets, et les gardes –dites civiles, urbaines ou ouvrières-.

Ensuite le mouvement coopératif (mutuelles).

Il faut mentionner aussi ce que l’on appellerait aujourd’hui le « mouvement social », sous lequel on peut classer des groupes se définissant selon des critères très divers : groupes de jeunes ou de femmes, institutions sociales de défense de leurs droits, anarcho-syndicalistes, mais aussi groupes sociaux-chrétiens, mouvements de réforme des Eglises, sectes, comités de la Croix-rouge impulsés par la bourgeoisie.

Enfin, il ne faut pas oublier comme acteurs de l’autogestion… les ouvriers ou les paysans eux-mêmes, lorsqu’ils n’appartiennent pas à l’une de ces structures.

En fait, il semble bien que tous ces groupes se soient montés spontanément, devant l’écroulement (rapide) de l’administration d’Ancien Régime et la déliquescence des syndicats : les besoins n’étant plus assurés par les anciennes structures, les gens se sont organisés eux-mêmes. C’est en cela qu’on peut dire que ces institutions étaient bien l’expression du pouvoir populaire.3

Cependant, il fallait compter avec les structures de projet politique : les partis politiques, bien que peu importants en effectifs, restaient vivants et influents dans les milieux ouvriers. Ils s’efforcèrent d’une part de reprendre en main soviets et comités, d’autre part de faire entendre leur voix et de prendre le pouvoir à travers leurs propres structures : il ne faut en effet pas confondre les soviets des comités de grève, d’usine ou de quartier, véritables structures autogestionnaires et fédératives, avec les soviets « de députés ouvriers », formés eux de militants des partis (les premiers s’organisant la plupart du temps sans l’aval des seconds…).

 

Les évènements de Kronstadt

 

Située sur une île, Kronstadt est à l’origine une ville de garnison –ce qui en faisait un enjeu important-. Les habitants, organisés en milices basées sur les comités de maison, disposent donc de matériel militaire et de navires de guerre pour assurer la défense. Une commission technico-militaire est chargée d’établir l’inventaire des forces disponibles et de pourvoir à l’équipement et à l’instruction des combattants.

Par ailleurs, les habitants procèdent à la socialisation des habitations : il s’agit dans un premier temps de répartir équitablement la surface habitable, dans un second temps d’organiser la réparation et l’entretien des toitures et des canalisations par des comités de maison, quartier, d’arrondissement.

Le ravitaillement était censé être assuré suivant les mêmes principes –autogestionnaires et fédératifs-, par la mise en place de communes de culture : les terres disponibles, de superficie réduite, étaient distribuées lors de chaque assemblée générale en lots attribués par tirage au sort à des groupes de dix à 60 personnes chargés de les mettre en valeur.

En plus de ces institutions d’autogestion somme toute classiques, les habitants de Kronstadt organisèrent un système de recyclage des métaux, à partir de deux sources principales : la ferraille courante et le matériel militaire obsolète. Les ouvriers métallurgistes prenaient en fait sur leur temps libre pour fabriquer des outils agricoles. Ceux-ci étaient redistribués aux paysans vivant alentour par les propagandistes de tendance anarchiste, socialistes révolutionnaires  et « maximalistes ».

Toutes ces réalisations, redistributions de terres, de logements, de ravitaillement, d’objets issus du recyclage étaient régulièrement consignées dans les Izvestia de Kronstadt. Un des buts revendiqués par le soviet de Kronstadt était précisément la propagande -par l’exemple ou par l’agitation et la redistribution de biens- en faveur du principe « tout le pouvoir aux soviets locaux ».

Ce soviet s’est en effet efforcé de résister aux prétentions centralisatrices de Lénine –projet de décret sur la répartition des habitations ou des terres- et aux campagnes de dénigrement menées par les bolcheviks.

Il n’en demeure pas moins que l’isolement géographique, s’il constituait un avantage militaire en temps normal –avantage annulé pendant les périodes de gel rendant accessible les positions par l’infanterie adverse- s’est révélée être un inconvénient du point de vue politique –difficulté de diffusion des informations-.

 

L’auto-organisation dans l’Ukraine de Makhno

 

L’Ukraine, d’une superficie double de celle de la France, était un territoire à enjeux : c’était la zone frontière par excellence, terrain de lutte entre Allemands et armées tzaristes puis révolutionnaires. Les luttes furent particulièrement âpres du fait qu’il s’agissait du grenier à blé de la région.

Très opposée aux diverses factions révolutionnaires, une Direction générale autonome s’est créée à Kiev. On dénombrait donc dans la région, pour la période 1917-1922 : les Russes blancs de Dénikine, Krasnov, Maï-Maievsky, les Allemands, l’Armée rouge, l’armée anarchistes dirigée par Makhno, les « Verts » -en fait des bandes de paysans désœuvrés-, acteurs d’une guerre classique, puis d’une guerre civile, avec multiplication des pogroms.

C’est dans ce contexte que s’est développé une révolte paysanne de type national, mais sur des bases de fonctionnement libertaires, dirigée par Nestor Makhno. Ce dernier s’employa à organiser une armée populaire efficace, fonctionnant suivant des principes autogestionnaires : si Makhno, excellent tacticien, est resté chef de cette armée, et s’il existait effectivement une hiérarchie, celle-ci était toujours issue de votes accordant mandat aux sous-officiers élus. La base conservait ainsi le contrôle politique des grandes options stratégiques. Il y eu néanmoins débat sur le problème des permanents, les anarchistes ne tolérant –en principe- que l’existence de permanents techniques, par opposition aux permanents politiques4, cette dernière distinction paraissant avec le recul quelque peu factice, dans la mesure où un technicien détient un savoir-faire qui peut lui permettre de manœuvrer pour imposer ses choix politiques, en tentant de démontrer par exemple que tel choix politique et/ou stratégique est le seul envisageable pour des raisons techniques… quand lui seul ou un autre technicien est capable de déterminer si elles sont ou non invoquées à bon escient.

Parallèlement à cette organisation, des communautés ouvrières autogestionnaires se sont mises en place, de la même façon que dans le reste du théâtre des opérations de la Révolution de 1917.

Dans la mesure où les revendications makhnovistes n’étaient aussi territoriales, et pas uniquement sociales et idéologiques, des tractations eurent lieu entre anarchistes et bolcheviks. C’est dans ce cadre que se déroula notamment l’entrevue entre Makhno et Lénine. Mais au fur et à mesure que les rouges ont pris le contrôle du pays, y compris souvent dans les instances locales autogérées, ils ont mené une politique répressive à l’encontre des libertaires dès 1921, à Moscou, puis à Kronstadt et en Ukraine.


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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 09:37

1820447_3_2fab_a-la-fin-de-la-ligne-d-assemblage-ou-les_737.jpgUn article de la presse bourgeoise sur le mouvement de résistance aux licenciements chez PSA Aulnay...

 

Privés d'accès à l'usine depuis vendredi, les ouvriers d'Aulnay-sous-Bois s'organisent contre leur direction. Et veulent rappeler leur combat au grand public.

 

Aulnay-sous-Bois, ce mardi matin. Au café «le Renouveau», calés dans de confortables fauteuils ou accoudés au comptoir, cinq ou six clients se réchauffent en silence. Dix heures sonnent : de l’autre côté de la vitre, un flot d’hommes se déverse sur le pavé depuis l’immeuble voisin, qui héberge les bureaux locaux des syndicats. Les briquets cliquettent, les cigarettes fument. Des calicots rouges de la CGT mettent une touche de couleur sur les manteaux sombres.

Quelques-uns, le bonnet enfoncé jusqu’aux sourcils, poussent la porte, commandent un café et discutent bruyamment. Ce sont des ouvriers grévistes de l’usine PSA d’Aulnay, promise à la fermeture d’ici 2014. Depuis mercredi dernier, ils sont en grève pour réclamer un plan social plus favorable aux salariés. Et depuis vendredi, la porte de leur usine est fermée et gardée par des vigiles. «Avarie technique», assure la direction, qui évoque aussi un climat de tension autour du piquet de grève. «Lock-out», estiment les salariés, persuadés qu’on tente de briser leur mouvement. «Ils pensaient qu’on se laisserait faire ? La blague!», entend-on dans le café.

«Grévistes, pas sauvages»

Au deuxième étage de l’immeuble voisin, une grande pièce encore pleine de monde. Les grévistes viennent d’y achever leur assemblée générale, fermée à la presse. Dans un coin, on se tranche une brioche, on se sert une boisson chaude. Dans un autre, on fait la queue pour se faire inscrire comme gréviste et récupérer l’autocollant qui le prouve, à poser sur son badge. «On pointe tous les jours, matin et soir, explique Nasri Amar, délégué syndical SUD. Ça servira pour partager l’argent : avec les quêtes dans les grands magasins du coin et les dons d’associations, on a déjà recueilli plusieurs milliers d’euros.»

L'évocation de violences au sein de l’usine indigne ce contrôleur, qui affiche quinze ans d’anciennté : «Il n’y a rien eu de cassé. Peut-être qu’il y a eu de petits dérapages, des poubelles renversées, mais c’est tout. On est des grévistes, pas des sauvages». Même déni de la part de Jean-Pierre Mercier, de la CGT : «On n’est pas des délinquants, mais des ouvriers qui se battent contre le chômage. On a fait rentrer les journalistes dans l’usine vendredi pour qu’ils constatent par eux-mêmes qu’il n’y avait pas de dégâts. Ils sont apparus depuis que nous sommes à la porte.»

Sur les murs, des affiches informent de l’existence de différentes commissions : «cartes», «relations extérieures», «intendance», «propagande»... «On a l’habitude, après les mouvements de 2008 et de 2010», explique Nasri. «Avant de partir en action, n’oublie pas de prendre des affiches et du scotch», peut-on aussi lire. Une action, les grévistes en préparent justement une. La discrétion est de mise : séparés en deux groupes, répartis à cinq par voiture, ils suivent un véhicule de tête seul à connaître la destination finale.

«PS et gauche, ça n’a plus rien à voir»

Sur le chemin, on discute avec le conducteur. Grand gars aux yeux clairs, Julien a dix-huit ans d’usine derrière lui. La couverture médiatique du mouvement le met hors de lui : «Tant qu’on était des miséreux en état de choc, ça plaisait aux caméras. Maintenant qu’on relève la tête, ça fait peur. A la télé, il n’y en a que pour la neige et la guerre au Mali.» Les trois autres passagers approuvent gravement et en remettent sur le personnel politique. Personne à bord n’a voté Hollande.

«Il est de gauche lui ? Non, il est PS, ça n’a plus rien à voir, assure l’une. C’est copains comme cochons avec les patrons, ça.» «Et Mélenchon ? rebondit un autre. Il parle, mais on l’a jamais vu à l’usine, lui non plus.» Julien, lui, a voté pour «l’un des deux seuls partis ouvriers» au premier tour. NPA, LO ? On saura juste qu’il est resté au lit pour le second. La caravane vient de s’arrêter sur le parking d’un centre commercial, en face d’un concessionnaire Peugeot. «J’en étais sûr», s’exclame-t-il, souriant.

Les salariés de PSA lors d'une action à Aulnay, le 23 janvier 2013

En quelques minutes, les vitrines sont recouvertes d’affiches «Non à la fermeture». Un salarié du magasin vient simplement s’assurer qu’on ne touche pas aux voitures des clients. Il dit «comprendre» les grévistes. Ça ne mange pas de pain, mais on l’ovationne. Sur le chemin du retour, quelques ouvriers engagent une bataille de boules de neige. Dans l'après-midi, ils mèneront une opération «péage gratuit» sur l'autoroute, à Senlis. 

«Ils ont accusé le coup en décembre, mais la grève les a remotivés, estime un observateur du mouvement. Il y a parmi eux quelques gars un peu remontésmais globalement ils arrivent bien à temporiser. Ce genre d’action, c’est pour faire quelque chose et aussi faire parler d’eux. C’est ambivalent : on les condamne, mais au moins, ils existent.»

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