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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 10:33
L'économie espagnole peut-elle redemarrer?

Alors qu'une manifestation monstre vient de se passer à Madrid, les médias parlent de relance économique pour ce pays pourtant exsangue... Qu'en est il vraiment?

Les médias mettent désormais en avant le nouveau « dragon » espagnol. Ça va cracher du feu ! Ce que ça veut dire, c’est qu’après 30 ans de bulle immobilière et de tourisme, l’Espagne se recentre sur ce qu’elle faisait avant sous le franquisme : produire pour les principaux pays consommateurs d’Europe en profitant d’une main d’œuvre à bas coût. Or, d’une part, au vu du nombre de pays dans le monde qui sont sur le créneau rien ne dit qu’elle va y arriver et d’autre part, tout ça ne risque pas d’améliorer les conditions de vie de la population. Voici donc une série d’articles pour comprendre les enjeux de cette « relance ». Quand on touche le fond, on ne peut que remonter…

Il faut dire que dans le pays c’est pas la fête :

- Chute de l’activité interne : 47 000 PME ont fermé, avec un record historique dans le premier trimestre 2013. Ce qui va forcément de pair avec un endettement privé qui saute au plafond.

- Puisqu’on parle de dette, celle publique est à 93,4 % [1] à la fin de cette année, une des plus fortes augmentations en UE [2]. Et la dette privée, après une légère baisse, reste quand même de 185 % du PIB annuel [3]

- Baisse de l’activité économique de 6,7 % depuis la crise [4]

- Baisse cumulée de la consommation de 10 % en 6 ans [5]. La consommation a baissé dans tous les secteurs. Pour donner un exemple assez étalon comme les voitures : la conso de voitures est passée en 5 ans de 1,5 million à 700 000 par an [6].

- Baisse de la consommation énergétique de 20 %. La misère, ça c’est écologique !

- Plusieurs grands projets, les JO de Madrid 2020 et EuroVegas, sont aujourd’hui perdus ou à la poubelle. EuroVegas, c’était 261 000 emplois fixes et 4,7 millions de visiteurs annuels dans la Communauté de Madrid [7].

- L’immobilier continue de couler [8]. La “correction” de la bulle immobilière pourrait même nécessiter la destruction d’une bonne part des 800 000 constructions vides (estimation basse) qui ont à peine été construites ou ne sont pas terminées. Voilà l’immense gâchis de la surproduction au moment même où c’est la pénurie qui touche la population.

Pour gérer le problème se pose l’idée de créer une « bad bank » qui reprenne les droits sur ces constructions et en détruise une bonne partie. Elle passerait par un gel des propriétés et un dédommagement subventionné… par l’Etat lui-même avec la thune des gens! Joli tour de passe-passe. Finalement l’idée reste de détruire le stock pour relancer l’activité. Forcément, si l’on démolit ce qui a été construit en trop, il faut construire pour la demande à venir… De vrais génies qu’on vous dit [9].

Quant aux maisons appartenant aux banques, la SAREB un organisme financé largement par l’État et qui se fait d’ailleurs appeler « banco malo » (bad bank), les a racheté avec pour but de les revendre d’ici 15 ans pour « limiter la casse »[10].

Pendant ce temps, 500 000 personnes ont été jetées à la rue, des gens vivent dehors toujours en plus grand nombre.

Des dizaines de milliers de petits proprios se sont endettés pour construire des baraques dont ils sont expulsés et qui vont être détruites. Pour les plus démunis, les dettes sont gelées… pour un an. À voir ce qu’on va faire de ces bougres au terme du sursis.

Abracadabra… t’es pauvre!

Pour se réorienter vers son objectif de devenir l’atelier de l’Europe, l’Espagne a dû faire un sacré relooking social :

- Baisse du salaire [11] : la Fondation d’études d’économie appliquée (Fedea) calcule que les salaires ont baissé en Espagne de 12 % entre 2010 et 2012. Un recul salué par le chef du gouvernement espagnol. Dans un entretien au quotidien El País, Mariano Rajoy a estimé, le 10 décembre, que pour sortir de la crise, « une des clés est la modération salariale », ajoutant : « Dans les situations de difficulté, il vaut mieux gagner un peu moins et maintenir le plus grand nombre possible de postes de travail. »

- Mise en place de la réforme du travail, qui défonce le salaire minimum, les salaires et transforme les CDI en contrats jetables[12], mais ce n’est pas une raison pour s’arrêter en si bon chemin ! L’OCDE voit grand et en demande même plus : on remet le bois de chauffe les gars [13]. Le FMI a d’ailleurs fixé son objectif : mettre le CDI au même niveau de flexibilité que les temps partiels [14]. Ben voilà, vous l’avez votre CDI pour tous !

- Ces nouvelles mesures d’austérités se rajoutent à la déjà longue liste des réformes déjà réalisées [15].

- Le taux de chômage est stable cette année à 26 % [16] ! Les arguments du pouvoir ne sont pas très différents de ceux utilisés en France. Ils consistent principalement à communiqué en affirmant systématiquement que c’est le meilleur mois… depuis la crise !

- On note que depuis novembre, on a une légère amélioration, le chômage étant passé à un peu moins de 5,9 millions de personnes. En même temps, c’est dur de faire pire [17]. De plus, un tiers des chômeurs le sont depuis plus de deux ans. Alors forcément, bon nombre d’entre eux ont des dettes, et sont insolvables. Et ça met grave dans la merde les banques espagnoles.

Les banques espagnoles entre deux sauvetages…

Les banques ont déjà été sauvées plusieurs fois en Espagne. C’est un puits sans fond. En 2008, quand tout a pété dans le monde, l’État a dû confirmer une aide de 100 milliards[18].
En juin 2012, ce sont 41,3 des 100 milliards d’euros d’aides de l’UE qui sont passées à perte et profits dans les dettes des banques.

Évidemment, toute cette maille a été donnée aux structures les plus faibles, lorsqu’elles n’ont pas été carrément nationalisées. Eh oui, comme toujours, on nationalise les pertes. Depuis 2008, six organismes sont passés sous tutelle de l’État, il en reste encore trois aujourd’hui.

Assez marrant de voir les hérauts de la nationalisation, qu’ils nous parlent donc du succès du Crédit Lyonnais, de Dexia et de Bankia. Mais on traitera un de ces quatre ce sujet de la « nationalisation » si chère aux réformards de tous poils, si utile à nous faire payer la crise plein pot. D’autres banques encore ont fusionné. Et les plus fortes ont utilisé des fonds propres et des aides d’État.

En tout, c’est l’équivalent de 25 % du PIB espagnol qui y est passé, 250 milliards d’€ !

Face à ces chiffres la crédibilité des hérauts de la nationalisation en prend un coup. Qu’ils essayent encore de nous parler du succès du Crédit Lyonnais, de Dexia et de Bankia. Mais on traitera un de ces quatre dans un autre article ce sujet de la « nationalisation » si chère aux réformards de tous poils et si utile à nous faire payer la crise plein pot.

A force de lire El pais, on aurait presque l’impression que les banques espagnoles ont été remises à flot…Que nenni ! Les chômeurs insolvables et les PME qui coulent, ça c’est pas du fictif ! On a donc désormais 13 % de créances douteuses dans les banques (15 % en 2014 selon les prévisions). Et les entreprises vulnérables seules ont en cumulé 400 milliards de dette [19].

Ce que ça veut dire, c’est qu’on peut s’attendre à un autre, et puis encore un autre « sauvetage » : on fera payer les pauvres, et au bout, rien ne nous laisse penser que ça va s’améliorer.

Pour sortir de ça, la seule solution, c’est que d’autres secteurs rattrapent tout ça, que la croissance reparte, que le chômage baisse… Du structurel quoi ! Et pour ça, le patronat offre une solution improbable, voire loufoque : la « réorientation de l’économie »

Repris sur Tantquil.net

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 14:50
Les milices poussent comme des champignons en Bulgarie

Les milices se multiplient en Bulgarie, comme dans un certain nombre de pays en crise en Europe. Voici un article sur les milices xénophobes eu Bulgarie...

Des « patrouilles citoyennes » se sont constituées pour effectuer des rondes dans les quartiers de Sofia fréquentés par les migrants. Un phénomène inquiétant qui va de pair avec la banalisation du discours néonazi et xénophobe, alors que la Bulgarie connaît une hausse spectaculaire du nombre de migrants, en provenance notamment de Syrie.
C’est un quartier au coeur de Sofia, que l’on a baptisé la « Petite Jérusalem ». On y trouve une église orthodoxe, la cathédrale catholique de la capitale, la grande mosquée de Sofia et la synagogue à deux cent mètres l’une de l’autre. Longtemps symbole de l’harmonieuse coexistence des différents cultes d’un peuple réputé pour sa tolérance, cet endroit est depuis deux mois une zone sensible.

Des centaines de musulmans, dont de nombreux migrants, se donnent habituellement rendez-vous à côté de la mosquée. Mais le spectacle de cette foule dérange désormais certains Bulgares. Plus alarmant encore : cette série d’agressions d’étrangers dans les rues adjacentes au cours des dernières semaines. L’une des victimes, un Bulgare d’origine turque, est toujours dans un état grave à l’hôpital.

Depuis deux semaines, des « patrouilles citoyennes » se sont invitées et prétendent assurer la sécurité aux alentours de la rue commerçante Pyrotska. Une vingtaine d’hommes en civil, la plupart âgés d’une vingtaine d’années, encadrés par trois ou quatre « chefs ». Seul signe distinctif : une bande tricolore aux couleurs du drapeau bulgare (blanc-vert-rouge) à la main droite. L’opération est supervisée par M. Boyan Rasate, la petite quarantaine, vieux ténor du choeur nationaliste qui, depuis quelques mois, abonde de nouvelles recrues qui vocifèrent contre les réfugiés. Le statut de ces « patrouilles citoyennes » est complètement illégal.

La mairie de Sofia précise qu’elle n’a pas autorisé les nationalistes à assurer l’ordre dans la capitale. De même, la police n’a pas donné son accord à cette « initiative citoyenne ». Ces patrouilles n’ont donc aucune prérogative légale, ne sont pas armées et ne devraient pas pouvoir intervenir, sinon en signalant aux autorités d’éventuelles infractions à la loi, comme tout citoyen peut le faire. « On ne peut pas les arrêter, ils ne font que se promener comme tous les autres », se justifient ainsi les policiers. Du coup, les forces de l’ordre ne font rien pour mettre fin au spectacle des nationalistes qui pavanent au milieu de la foule et attirent les caméras.

Depuis le début de la crise des réfugiés syriens qui affluent par centaines tous les jours, l’extrême droite a le vent en poupe. Le parti d’extrême-droite ATAKA est au parlement et ses deputés nationalistes assurent la majorité parlementaire au gouvernement Oresharski.

Eux-mêmes se font cependant déjà doubler à leur droite, où se créent des groupuscules nazis à la rhétorique débridée et anticonstitutionnelle. Ils font exploser l’audimat des principales chaînes de télévision qui se les arrachent. Ainsi peut-on entendre des propos flatteurs sur « les programmes sociaux de Hitler et ses idées intéressantes sur l’avenir de l’Europe » dans les émissions matinales...

Les débuts de M. Simeon Kostadinov, leader du Parti nationaliste de Bulgarie sur la chaîne de télévision publique ont suscité un vrai tollé de la part des spectateurs. Le jeune homme, auteur de « La Guerre tzigane contre nous », en a indigné plus d’un par ces philippiques à l’encontre des « islamistes barbus en burnous » qui fourmilleraient selon lui dans les rues de la capitale.

Mais si les réseaux sociaux se révoltent, la réaction contre la poussée fasciste dans la rue reste atone. La manifestation antinazie le 17 novembre n’a réunie que 300 personnes. Les tentatives de certaines ONG de saisir le parquet pour propos anticonstitutionnels dans les documents du Parti nationaliste de Bulgarie restent pour l’instant sans suite.

Selon l’historien Dimitar Bechev, la sensibilité des institutions et de la société bulgare aux problèmes racistes n’est pas encore éveillée. On peut voir aussi dans le manque de réaction de la part du parquet aux propos ouvertement racistes dans les médias une manoeuvre perfide ayant pour but de légitimer les nationaux-populistes d’ATAKA comme étant le moindre mal. C’est à leurs voix au parlement que tient la majorité actuelle, rappelle M. Bechev.

Acharnés à combattre le communisme, nous avons oublié l’autre monstre du XXe siècle – le fascisme, et voilà que la moitié des bâtiments à Sofia sont vandalisés de croix gammées, constate Ivaylo Ditchev, Professeur en anthropologie culturelle à l’Université de Sofia. Entre-temps, la rhétorique fasciste se banalise et gagne du terrain tout en modifiant les moeurs.

A en croire Ruslan Trad, jeune journaliste bulgaro-syrien, après les récentes agressions, les immigrés noirs et arabes préfèrent se promener en groupe. La plupart sont persuadés que les actes violents feront désormais partie du quotidien. Il n’est pas exclu qu’ils provoquent aussi des actes de rétorsion de la part des immigrés, ajoute M.Trad.

Alors que tous les effectifs de la police sont mobilisés à assurer l’ordre dans la capitale, en proie à une vague de protestations depuis le mois de juin, les « patrouilles citoyennes » se promènent librement à la tombée de la nuit le long de la rue piétonne et commencent à faire partie du paysage.

Récemment, une « contre-patrouille » d’activistes scandalisés a cherché à tirer au clair le statut des nationalistes en leur demandant des explications devant les caméras. « Mais je n’ai obtenu pour toute réponse que la menace chuchotée qu’on me casserait la gueule », confie le chef de cette patrouille anti-fasciste, Assen Genov.

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 10:29

Voici un article de Tantquil.net sur la situation économique en Pologne, qui à l'heure de la crise, semble bien se porter ou du moins en apparence...

Depuis le début de la crise, la Pologne est présentée comme l’un des pays qui s’en sort le mieux en Europe. Comparativement à pas mal de ses voisins, elle n’a pas encore trop souffert de l’austérité en cours. Il est vrai que des moyens très importants sont mis en œuvre par l’Union Européenne (UE), qui voit dans le pays le futur « gros » d’Europe de l’Est et donc pas mal de marchés juteux en perspective.

Alors que la majorité catholique et conservatrice perd de sa crédibilité face à une nouvelle droite plus libérale,( c’est vous dire l’ambiance) la Pologne est l’un des derniers coins d’Europe à avoir mis en place des mesures d’austérité.

Mais, comme on va le voir, la situation n’a rien de paradisiaque.

Hors de la zone euro, et pour l’instant hésitante à y rentrer, la Pologne pratique ces derniers temps par le biais de sa Banque Centrale une politique de relative baisse des taux d’intérêts (ceux ci ont baissé de 4,6% à 3,2% en quelques mois). Il s’agit de tenter de pousser à une relance des investissements. En gros, ils suivent l’idée que si les intérêts sont bas il y a plus de bénéfice à s’endetter pour investir. Tout le monde fait ça en ce moment… Y a qu’à voir comment ça marche trop bien. Son économie est dopée par l’absence de salaire minimum, de cotisations retraite, et d’assurance maladie pour les prolos.

Le « miracle polonais » ou pourquoi la Pologne ne coule pas aussi vite que les autres.

La Pologne semble faire office de « bon élève » de l’UE. C’est le seul pays d’Europe à ne pas avoir connu de récession en 2009, malgré un sacré ralentissement de l’économie. En résulte une politique d’austérité plus « modérée ».

Pour comprendre ce « miracle », il faut revenir en arrière : il y a huit ans, la Pologne entrait dans l’UE avec un solde migratoire très négatif et surtout un salaire de base très faible…

 

En somme on avait :

- Plein de prolos qui quittent le pays, peu qui entrent

- Ceux qui restent qui coûtent pas chers à employer.

Dans ce contexte, entre les investissements venus de l’étranger et ceux des capitalistes locaux, l’économie se développe… et le chômage baisse, passant de près de 20% à 7%. Bon, maintenant il est remonté à 12,9%. Sachant qu’il ne peut être perçu que pendant 6 à 12 mois (entre 100 et 200 € environ).


L’Europe met le paquet

Cette année encore, c’est le pays le plus aidé de l’Union pour le développement de ses infrastructures. Les aides s’élèvent à 67 milliards d’euros, 82 en tout avec les aides « normales » de l’UE.

Si l’on rajoute tous les sous apportés par l’organisation de l’Euro 2012 (ce genre de rassemblements sportifs servent avant tout à développer les infrastructures de marchés potentiels), on comprend que la Pologne est un sacré enjeu économique pour l’Europe.

Avec cet argent, l’Etat a augmenté l’aide publique aux entreprises, cachant provisoirement qu’en fait, depuis la crise, les investissements étrangers se tarissent.

Ce que ça veut dire en clair, c’est que la Pologne est à la merci de la crise : elle vit complètement sous perfusion. Et quand c’est l’UE qui tient la perf, y a de quoi s’inquiéter, demandez aux autres pays « aidés ».

Ce « succès » s’explique aussi par une précarité généralisée.
Si aujourd’hui les polonais ont un faible taux de chômage, c’est surtout dû à la multiplication des statuts précaires.
Ainsi, on estime qu’avec la Slovénie et la Pologne est la championne du travail temporaire chez les jeunes prolétaires, puisque plus de 60% des salariés de moins de 25 ans travaillent sous ce type de contrat. Et ça n’est pas parti pour s’arranger : depuis 2009, les patrons polonais n’ont plus de limitations dans le nombre de CDD : il suffit d’en faire un nouveau tous les 24 mois. Elle est pas belle la vie ?

Mais les jeunes prolos Polonais sont aussi très touchés par le chômage : les 18 à 34 ans représentent plus de la moitié des chômeurs déclarés, et le taux de chômage de leur tranche d’âge est deux fois plus élevé que la moyenne nationale de 11,7% (données de juillet 2011).

Du côté des salaires, ils restent très faibles (les Polonais gagnent en moyenne 1/5 du salaire de leur modèle économique : l’Allemagne de Merkel) et il y a une véritable crise du logement dans ce pays. Et les salaires ont augmenté moins vite que l’inflation ( y a que dans la bouche des capitalistes que ça veut dire qu’ils ont augmenté, de fait)

Le « miracle polonais » est surtout une bombe à retardement

La Pologne rattrape donc son retard économique. Dans la dette aussi. Jusqu’ici c’était l’un des pays les moins endettés du fait de la très faible dette privée. Il faut dire qu’ils partent de loin, les polonais, avec un marché intérieur assez faible : forcément, les ménages se sont pas endettés des masses, quand ils ont pas tous simplement mis les bouts. Ya qu’à voir tous les Polonais qui travaillent dans les tâches les plus difficiles (manutention, chauffeurs, BTP…) un peu partout en Europe pour s’en convaincre. Le pays ne connait pas une forte immigration, au contraire c’est surtout l’émigration des prolétaires polonais un peu partout en Europe qui pose problème : travailler en Pologne reste compliqué. Ainsi dans ce pays où les groupuscules nazis pullulent* (* il y a notamment eu en novembre de très gros affrontements entre nazis, flics et antifascistes ), les autorités ont annoncé décembre 2011 une régularisation des sans-papiers du pays, qui sont en général Biélorusses, Ukrainiens…ou Vietnamiens.

Le déficit budgétaire annuel du pays, c’est à dire la différence entre les recettes et les dépenses de l’état est bien loin des exigences de -3% maximum de l’Europe. Le déficit était de -7,8% en 2010, -5,1% en 2011. Depuis 2012 le seuil de 55% du PIB de l’endettement public a été atteint. C’est à dire que les dettes de l’État correspondent à 55% de toute la richesse créée dans le pays durant un an, mesuré par le PIB. C’est beaucoup, cela équivaut à plusieurs années de budget de l’État, qui n’oublions pas, ne taxe qu’une partie des richesses du pays.

On est encore bien loin de la moyenne européenne (82,5 % en 2011), mais c’est ce qui a servi à justifier les premières mesures d’austérité.

De son côté, la croissance est en baisse cette année (elle est à 1,4% ce trimestre, contre 4,3 l’an dernier), et les mauvaises nouvelles se multiplient dans l’emploi avec notamment FIAT et quelques grosses boîtes qui « dégraissent ». Mais le principal secteur qui débloque en ce moment, et qui pourrait faire des dégâts dans le système bancaire, c’est la construction.

Enfin, l’augmentation du chômage, plus l’inflation supérieure aux salaires ne promet rien de bon. Par ailleurs, l’augmentation de la TVA à 23% n’arrange rien. Les crédits à la consommation ont explosé, et le taux de « créances douteuses » dans ce secteur est passé de 6,6 à 18,3 % fin 2011.

 

 

Les mesures « anti-crise » depuis 2009 : l’Etat se prépare au conflit social.

Sous prétexte de sentir un tassement à venir de l’économie, ont été mises en place des mesures permettant plus de « flexibilité », avec en 2009 un élargissement de la période de référence de 4 à 12 mois. Pendant cette période, les patrons peuvent compenser des journées de travail courtes et longues : le prolo s’adaptera. Les horaires peuvent changer d’une semaine sur l’autre, et le travail peut « reprendre » après un arrêt dans la même journée sans que les heures soient revalorisées comme supplémentaires.

Les horaires aussi peuvent changer d’une semaine sur l’autre, et le travail peut « reprendre » après un arrêt dans la même journée sans que les heures soient revalorisées comme supplémentaires : bref, le calendrier polonais du travail, c’est un peu comme celui des jobs d’été en France.

La principale « réforme » a été celle des retraites, qui place de départ à l’âge de 67 ans à l’horizon 2020. Cette mesure, la plus impopulaire de l’histoire des sondages en Pologne (7% favorables !), laisse présager des conflits sociaux importants dans les années à venir. Le gouvernement s’y prépare déjà : il a mis en place des restrictions du droit de rassemblement.

Face à la montée de la dette publique, les pouvoirs publics ont aussi décidé de prendre les choses en main, en attaquant deux secteurs qui ne servaient à rien : l’éducation et la santé. Voici quelques mesures

  • Fermeture de 1500 écoles et dortoirs en 2011.

  • Suppression de 7500 emplois de professeurs l’an dernier, reconversion de nombreux postes en emplois précaires.

  • Projet de privatisation des hôpitaux (en cours d’étude)

  • Pénalisation des docteurs si leurs prescriptions sont jugées excessives

  • gel des salaires de l’ensemble de la fonction publique, à l’exception des agents de police et des services de sécurités spéciaux ainsi que de certains enseignants

Des mesures sociales…Pour les patrons

Le gouvernement a pris en compte que c’était dur d’être patron. Aussi, si l’entrepreneur polonais rencontre des difficultés économiques importantes (baisse de 25% du C.A. sur trois mois), il peut aller jusqu’à diviser par deux le nombre d’heures de travail, sans l’accord de ses employés, et bien entendu payer en conséquence

En plus de tout ça, le gouvernement continue sa politique de privatisation en cours depuis la fin du bloc de l’est. Ce qui lui permet de renflouer régulièrement ses caisses à hauteur des quelques milliards d’euros chaque année.

Les « alternatives » gestionnaires ».
Le ministre des Finances a déclaré que son gouvernement était dans la lignée de… Margaret Thatcher. D’autres groupes veulent aller bien plus loin. C’est le cas du principal think tankde droite conservatrice polonaise, le FOR (* Forum Obywatelskiego Rozwoju ), qui propose tout bonnement d’accélérer les privatisations, stopper les dépenses dans l’enseignement, supprimer les aides maternité, réduire les aides aux chômeurs, supprimer les « avantages » des retraites des agriculteurs, avancer de 2040 à 2020 l’application de la retraite à 67 ans pour les femmes. En gros, des mesures d’austérité comme on les connaît dans l’Europe en crise . Une petite note spéciale pour la proposition de supprimer les aides pour les enterrements des plus pauvres, tout de même.

Du coup la droite conservatrice a organisé une manifestation très importante il y a quelques mois, couplant leur rejet de la retraite à 67 ans et le fait… qu’une télé catho n’ait pas accès direct au réseau hertzien !

Du côté de la gauche social-démocrate, le SLD, le « front de gauche » polonais, connaît comme ses confrères européens un « coup de boost » depuis la crise. Il est constitué notamment de l’ancien Parti Communiste polonais, dans un pays où les symboles communistes sont interdits depuis 2009. Savant mélange de revendications pour les libertés individuelles, les droits des femmes ( la Pologne est avec l’Irlande le dernier pays d’Europe qui refuse le droit à l’IVG) et des minorités, et ajoutant depuis 2009 des mots d’ordre « anti austérité », il oscille autour de 13%.

Réponses du prolétariat

En septembre 2011, une grande manifestation a été organisée à Varsovie, par…la CES. La CES, c’est la Confédération Européenne des Syndicats, dont font partie la CGT et la CFDT. Les délégués CGT lors de leur intégration en 2005, passaient presque pour des gauchistes. La Confédération s’était d’ailleurs, par exemple, positionnée pour le Traité Européen en 2005.

Quelques grèves de grande ampleur ont eu lieu en Pologne cette année. Dont une partie durant l’Euro de football.

« Le collectif « Du pain et non des Jeux » réunit environ 800 contestataires à Poznan. « Le noyau de notre comité est formé d’anarchistes et de socialistes mais regroupe aussi des travailleurs des secteurs du soin ou de la petite enfance et d’associations de locataires », décrit Magdalena Malinowska, l’une des leaders du collectif. »

Idem durant un concert de Madonna. Les Polonais protestent contre les mesures d’austérités, les conditions de travail et les salaires bas à l’occasion de ces rassemblements de l’industrie du divertissement, qui cachent la misère et les conditions de vie difficile des prolétaires derrière un rideau d’abondance et de fête.

Enfin, pas mal de luttes sont menées sur la question du logement, notamment sur Poznan, suite à la multiplication des expulsions.

En fait, à chaque fois qu’on vous parle de miracle en économie, le pays s’effondre. On avait parlé du miracle italien y a vingt ans, l’Italie est dans la merde, il y a dix ans c’était l’Espagne…

Alors que dire de nos bourgeois qui parlent aujourd’hui de « miracle polonais » ?
Ben qu’il n’y a rien de miraculeux, quand on voit le paquet de pognon investi par l’Europe ET la Russie dans l’économie polonaise…

 

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