Je m'y attendais, malheureusement. L'année dernière, il avait bénéficié d'une mesure identique et le parquet avait également fait appel. Il opposait à Cipriani le fait de ne pas avoir indemnisé
les victimes, de ne pas présenter un "projet professionnel" suffisant - il devait travailler 24 heures par semaine dans une association caritative - et d'être "manipulable" parce que trop
fragile psychologiquement. Cette fois, il avait la possibilité de travailler une trentaine d'heures pour la banque alimentaire et le Secours populaire. Il devait indemniser les victimes, même
si, compte tenu de son petit salaire, il s'agit évidemment d'une mesure symbolique. Mais là, encore, on lui dit non. C'est la quatrième fois, depuis 2005, qu'on lui refuse cette mesure de
semi-liberté. Le parquet fait preuve d'acharnement.
Georges Cipriani a près de 60 ans. Il est détenu depuis plus de 23 années, c'est à dire qu'il a purgé cinq ans de plus que la peine incompressible qui avait été prononcée. Il me paraît évident
qu'il n'y a aucun risque de récidive. C'est un homme malade [il a séjourné en hôpital psychiatrique - NDLR] même si l'administration ne prend pas en compte les affections psychiatriques. En
fait, cela va au-delà de l'acharnement: nous sommes face à une volonté d'anéantissement de la personne. C'est une forme de vengeance d'Etat à l'encontre des anciens d'Action directe. Quel que
soit le regard que l'on porte sur leur passé, il faut bien constater que la France est le dernier pays à détenir des activistes pour des faits remontant aux années 1980. En Italie et en
Allemagne, les personnes emprisonnées à cette période, pour des faits plus graves encore, ont été relâchées.
Depuis mai 2009, il sait qu'il est atteint d'une maladie dégénérative rare [le syndrome d'Erdheim Chester, une maladie qui calcifie certains organes - NDLR]. En France, il n'y a qu'un
spécialiste pour ce type d'affection, à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière (XIIIe arrondissement de Paris). Actuellement, Jean-Marc Rouillan se trouve à la prison de Fresnes pour six semaines,
mais d'ordinaire il est détenu près de Toulouse. A ce jour, il n'a toujours pas été examiné par ce spécialiste, qui est pourtant prêt à le recevoir! Il n'a aucun traitement adapté. En décembre
dernier, nous avons déposé une plainte pour non-assitance à personne en danger. En octobre, j'ai également déposé une nouvelle demande de libération conditionnelle.
GEORGES CIPRIANI : UNE SEMI-LIBERTE QU’IL FAUDRA ARRACHER !
Le tribunal d’application des peines « antiterroriste » de Paris a accordé hier, 24 février, un régime de semi-liberté à Georges Cipriani, première étape avant sa libération
conditionnelle. Cette décision a logiquement pris en compte la solidité du dossier constitué par Georges Cipriani. Mais, le parquet faisant appel de cette décision, Georges Cipriani ne pourra
quitter la prison d’Ensisheim, comme prévu, le 16 mars. Bien que libérable depuis 2005, il n’a pas pu bénéficier du moindre jour hors de la prison et il devra encore attendre de longs
mois.
Quand cessera donc cet acharnement contre notre camarade ? Rappelons qu’en avril 2009, Georges Cipriani avait déjà obtenu un jugement identique, lequel avait ensuite été infirmé en
appel, le 20 août, sur appel du parquet.
Le 21 février, Georges Cipriani entamait sa 24e année de détention pour les actes accomplis comme militant d’Action directe. La veille, samedi 20 février, une centaine de personnes
venues de Blois, Béziers, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lille, Paris…, mais aussi de Belgique et d’Allemagne s’étaient rassemblées devant la prison de Fresnes pour exiger la libération de
Georges Cipriani et de Jean-Marc Rouillan. Les manifestants firent le tour de la prison en criant des slogans, entre autres : « Libérez Rouillan !, Libérez
Cipriani ! », « 23 ans de prison, 23 ans de résistance ! Halte au chantage au reniement, libération sans conditions ! ». Les mots d’ordre étaient accompagnés par
la clameur qui montait de la prison. Un message de solidarité fut lancé à l’adresse de tous les prisonniers. Des prises de paroles terminèrent cette manifestation, rappelant la situation
actuelle des camarades emprisonnés et l’échéance du 24 février (rendu de la décision du TAP pour Georges Cipriani) et annonçant la suite de la campagne pour leur libération.
Jean-Marc Rouillan se trouve en ce moment au Centre national d’observation (CNO) de Fresnes où, durant six semaines, il doit se soumettre aux examens multiples d’« experts »
prétendant juger de sa « dangerosité ». C’est ce qu’exige en effet la loi Dati sur la « rétention de sûreté », avant l’examen de sa nouvelle demande de libération
conditionnelle. Il y a deux ans, il avait pu obtenir une semi-liberté, qui n’avait duré que dix mois avant qu’il ne soit réincarcéré à plein temps sous le prétexte fallacieux de propos tenus
lors d’une interview. Depuis plus d’un an, atteint d’une maladie rare et évolutive, il demeure sans soins adaptés en raison de son maintien en prison.
Georges Cipriani et Jean-Marc Rouillan doivent être libérés !
Le Collectif "Ne laissons pas faire !"