Pour connaitre son ennemi, la commission antifasciste d'Alternative Libertaire dégage des synthèses sur divers mouvements fascistes. Voici celle
sur les identitaires...
Synthèse n°1
Janvier 2012
commission antifasciste d'Alternative Libertaire
Identitaires : situation, alliances, avenir
Genèse et axes de campagne
La mouvance identitaire française est aujourd'hui principalement représentée par le Bloc
Identitaire (BI) et sa myriade d'organisations de jeunesse locales (Projet Apache, Rebeyne, Jeune
Bretagne...), toutes rattachées au Bloc (officiellement structurée autour du réseau « Une autre
jeunesse ») mais qui contournent ainsi l'interdiction des Jeunesses Identitaires prononcée car
considérées comme une émanation d'Unité Radicale. En effet, le Bloc Identitaire s'est créé en 2003
suite à la dissolution d'Unité Radicale, groupuscule auquel appartenait Maxime Brunerie, incarcéré
en 2002 après avoir tiré sur Jacques Chirac fraichement réélu au second tour face à Jean-Marie Le
Pen.
Cette nouvelle formation abandonne, au moins en public, la thématique de l'antisémitisme et
se recentre sur une islamophobie farouche, des campagnes anti-immigrés et promeut la thématique
du racisme anti-blanc et de la lutte contre les racailles. Contrairement au FN, les identitaires sont
« pro-européens » (mais pour une Europe blanche et chrétienne bien sûr).
Alliances politiques
Adeptes du buzz médiatique plus que de l'action de terrain (qui est alors filmée et
photographiée), ils ont organisé avec Riposte Laïque un apéro-saucisson pinard en 2010 puis en
décembre de la même année les Assises de l'Islamisation avec la même association. Des membres
de la LDJ (extrême droite sioniste) ont été aperçus dans le service de sécurité.
Le Bloc Identitaires s'est constitué en parti lors d'une convention tenue à Orange en 2009
puis a décidé en novembre 2010 de présenter un candidat, Arnaud Gouillon, à l'élection
présidentielle. Celui-ci se retire de la course en septembre 2011, officiellement pour raisons
financières. Cependant la campagne menée jusque là (quelques déplacements pour visiter les
émanations locales du BI, un discours lu au mégaphone devant 20 personnes et diffusé sur le net) ne
semble pas avoir atteint des plafonds records. Toutefois, il est évident que la « course aux
signatures » (qui n'a probablement pas été menée) était hors de portée, mais ce retrait constitue
également un gage de bonne volonté adressé au FN avec lequel des rapprochements sont en cours.
Philippe Vardon, un des dirigeants national du BI et leader emblématique de Nissa Rebella, la
section locale du Bloc, a ainsi entamé des discussions avec le FN. Nissa Rebella est la plus grosse
implantation du Bloc avec un relatif ancrage local. L'organisation s'est déjà présentée à plusieurs
élections dont les municipales de 2008 (3,03%) et les législatives partielles de la cinquième
circonscription (4,61 %).
Hors, cette section vient, dans le cadre d'une consultation nationale des adhérents du Bloc,
de voter à 79% pour un soutien à Marine Le Pen à l'élection présidentielle (soutien à aucune
candidature, 12%, alignement sur la décision nationale 9 % des voix). Les militants ont aussi le
choix entre Nihous (CPNT) dont le conseiller en communication - Bruno Larebière - est un ancien
cadre du Bloc et Bayrou (Modem). Pour ce dernier, cela est à rapprocher de l'ironie dont aiment
faire preuve les militants identitaires et qui leur assure parfois le buzz médiatique. Lors de la
primaire PS ils avaient appelé à voter pour Montebourg le candidat de la « démondialisation ». Il
paraît donc loin le temps où en 2010 Vardon et Le Pen père s'affrontaient violemment lors d'un
débat télévisé. Ce résultat serait même la conséquence d'un possible accord pour les prochaines
législatives avec une investiture de Vardon par le FN à la clef.
Un réalité locale contrastée, une présence virtuelle efficace
Bien que le Bloc qui met en avant l'aspect régionaliste de son mouvement revendique de
nombreuses sections, la plupart se contentent d'une vitrine internet, un des points forts du BI dont
plusieurs cadres sont issus du secteur de la communication. Ainsi, il suffit de visiter quelques sites
pour constater une qualité graphique certaine et une prise en compte des nouvelles technologies
pour la propagation virale de l'info. Blogs, twitter, facebook sont mis à contribution. Les identitaires
se sont même dotés d'une pseudo agence de presse, Novopress, dont les contenus sont repris dans
Google Actualité. Certains « journalistes » s'y sont même laissés prendre. Le choix des sujets et
l'angle sous lequel ils sont traités laisse pourtant peu de place au doute.
De implantations locales existent toutefois. Si il y a de sections fantômes, d'autres qui
comptent trois péquins armés d'un caméscope et d'une connexion haut-débit ou même des adeptes
de l'isolement dans une propriété en forêt (Bretagne, Bourgogne) on peut citer Paris, Lyon ou Nice
comme des villes où les identitaires disposent d'une capacité de nuisance. Dans ces trois cas, ils
peuvent compter de renforts issus des stades de foot. Le Virage Nord à Lyon (dont des membres des
Bad Gones et de Lyon 1950), les jeunes hooligans de la Milice Paris (Boulogne) pour le Projet
Apache ou encore certains ultras de la BSN (Brigade Sud Nice).
Un mouvement en perte de vitesse ?
Cependant, sur les deux première ville citées, le mouvement semble battre légèrement de
l'aile. De là à penser que les dirigeants se dépêchent de nouer des alliances avec le FN tant que leur
mouvement jouit d'une certaine aura et de son image d'activisme...
Sur Paris, le Projet Apache a récemment du fermer le local qu'ils occupaient dans le XV
e
arrondissement, probablement car ils ne pouvaient plus le payer. Le local de la 'Traboule' à Lyon se
trouve au coeur de plusieurs polémiques et sa pérennité est sérieusement remise en cause. Plus
généralement, depuis leur marche des cochons qui avait dégénéré en attaques de kebabs, les
identitaires semblent en perte de vitesse tandis que deux nouveaux mouvements nationalistes ont
émergés sur la ville : une section du GUD apparemment montée par un lycéen et surtout un fauxnez
de l'Oeuvre Française mené par le médiatique Alexandre Gabriac, exclu du FN pour sa
propension à tendre le bras droit en public : les Jeunesses Nationalistes. Cependant, en ce qui
concerne la baisse d'activité du Projet Apache, elle serait en partie due à la consigne reçue par la
génération la plus active de quitter le mouvement de jeune afin de monter le BI sur Paris.
Quand à la marche aux flambeaux organisées en l'honneur de Sainte-Geneviève, patronne de
Paris (et des gendarmes), qui est un peu leur Jeanne d'Arc, elle n'a réuni cette année que 400
personnes selon Paris Fierté, une grosse centaine selon des camarades présents sur place. En outre
le profil du participant était celui d'un homme, souvent jeune et parfois armé pour le groupe de
supporters qui a clôt la marche. Plutôt raté pour l'aspect familial recherché et un net échec alors que
suite à l'action dont elle avait été victime l'année dernière on aurait pu penser que la mobilisation
serait en hausse, surtout pour le 1500
e anniversaire de la morte de SteGeneviève. Cette désaffection
pour une marche qui constitue leur clin d'oeil annuel aux catholiques traditionalistes prend tout son
sens dans un contexte marqué par l'activisme de Civitas, des mobilisations dans lesquelles le
Renouveau Français voire les Jeunesses Nationalistes et l'Action Française ont su trouver une place.
Comme un symbole, Novopress qui a relayé l'hommage de Civitas à Jeanne d'Arc de Vendredi a
mis deux jours avant de faire de même pour cette marche, et même en gonflant les chiffres a du
annoncer deux-cents personnes de moins que pour celle de l'avant-veille.