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24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 10:03
Y a-t-il un fascisme français?

Une série d'historiens républicains a comme théorrie que le fascisme n'est pas français, et qu'il n'y a jamais eu de fascisme en France, Vichy n'étant qu'un accident, ou au pire un régime vaguement autoritaire. Voici un point de vue contradictoire...

Nous republions ici l'article que nous avions consacré en février 2012 à l'analyse du fascisme de cette époque, dans l’État "France", par l'historien américain Robert Soucy :

Comme nous l'avions déjà dit à l'époque, l'intérêt majeur de cette analyse est sa RUPTURE avec l'historiographie dominante de la "France" des Trente Glorieuses (René Rémond et compagnie), (très) timidement remise en cause à partir des années 1980 : il n'y aurait "pas vraiment eu" de fascisme français pendant l'entre-deux-guerres, ou alors comme phénomène "très marginal" ; "marginalité" qui impose bien sûr de "dé-fasciser" les Croix-de-Feu/Parti social français (500.000 à 1 million de militants et 15% des suffrages à la fin des années 1930, 11 députés, 541 conseillers généraux et 3.000 maires en 1939), soi-disant "trop respectueuses des institutions parlementaires", ou encore l'Action Française ("trop conservatrice et traditionaliste"), mais aussi la floraison de propos autoritaristes (pour un "régime fort"), antisocialistes et anticommunistes violents, antisémites (bien sûr) et xénophobes, pro-Hitler ou (plus souvent encore) pro-Mussolini à la droite (Fédération républicaine)... mais aussi bien au centre de l'hémicycle "républicain" pendant les quinze années précédant le conflit. Tout cela convergeant bien sûr (c'est le but…) dans la thèse de l'"accidentalité" de Vichy, simple "parenthèse sombre" de l'histoire hexagonale, pur fruit de la défaite, de l'occupation étrangère et de la "si humaine lâcheté" devant le traumatisme des évènements, facteurs permettant à une "ultra-minorité illégitime" de s'emparer de l’État français "failli" pour le mettre au service de la barbarie nazie... Peu importe que cette thèse ne résiste pas à la moindre étude historique sérieuse, du moment que cette étude reste ignorée des larges masses… Peu importe que non seulement les pleins pouvoirs à Pétain, mais aussi les fondements juridiques et idéologiques ("L’Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie") de la "révolution nationale" aient été votés par une majorité écrasante (649 sur 907) du Parlement d'alors, le Parlement élu en 1936, celui... du Front populaire. Peu importe que ledit Parlement n'ai nullement été dissous mais simplement "suspendu" (et, certes, purgés des figures les plus éminentes du Front populaire qui auraient "conduit à la catastrophe"), et qu'en janvier 1941 ait été mis en place un "Conseil national" de 213 membres choisis comme suit : "Parmi les politiques, les élus de droite et du centre-droit dominent ; des radicaux-socialistes et des socialistes, issus de la mouvance pacifiste de l'avant-guerre; des PSF (Parti Social Français) comme le colonel François de La Rocque - qui en démissionne 6 mois plus tard - ou Stanislas Devaud, député de Constantine.
La mouvance fasciste ou proto-fasciste est représentée par certains de ces chefs de file comme Jacques Doriot (Seine), chef du Parti populaire français. On trouve quelques parlementaires de la mouvance agrarienne : Louis Guillon, fondateur du Parti républicain agraire et social, le député Pierre Mathé (Côte-d'Or), et Henri Dorgères, délégué à la propagande du Comité central d'action et de défense paysanne.
La droite conservatrice est représentée, par l’intermédiaire des députés Augustin Michel (Haute-Loire), Emmanuel Temple (Aveyron), Ernest de Framond de La Framondie (Lozère), Jean Crouan (Finistère), François Martin (Aveyron), membres de la Fédération républicaine, le sénateur Louis Linyer (Loire-Inférieure), ainsi que des parlementaires conservateurs comme Léopold Robert dit Jean Yole (Vendée), les députés Robert Sérot (Moselle), et Émile Taudière (Deux-Sèvres), républicains indépendants et Jean Le Cour-Grandmaison (Loire-Inférieure), député, président de la Fédération nationale catholique.
Le centre-droit est quant à lui fortement représenté, par des députés Paul Bacquet (Pas-de-Calais), Léon Baréty (Alpes-Maritimes), député du centre-droite (Alliance démocratique), Louis de Diesbach de Belleroche (Pas-de-Calais), Maurice Drouot (Haute-Saône), Joseph Féga, Pierre Dignac (Gironde), André Magnan (Loire), Aimé Tranchand (Vienne) et des sénateurs Jean Boivin-Champeaux (Calvados), Charles Bouissoud, Victor Constant (Seine), Charles-Henri Cournault (Meurthe-et-Moselle), Jean Fabry (Doubs)), membres ou proches de l’Alliance démocratique. Autre tendance du centre-droite également très présente dans ce Conseil, la mouvance radicale indépendante : l’ancien député et ministre Louis Germain-Martin, les députés Albert Dubosc (Seine-Inférieure), Louis Buyat (Isère), Jean Montigny (Sarthe), Paul Saurin (Oran), Gratien Candace (Guadeloupe), ainsi que les sénateurs Jacques Bardoux (Puy-de-Dôme), Edmond Hannotin (Ardennes), Émile Mireaux (Hautes-Pyrénées), André Mallarmé (Alger), Édouard Roussel (Nord) y siègent. Le centre-gauche est essentiellement représenté par quelques radicaux-socialistes : les députés Albert Chichery (Indre), Georges Bonnet, Lucien Lamoureux (Allier), Jean Mistler (Aude), et les sénateurs de la Gauche démocratique Pierre de Courtois (Basses-Alpes), Émile Cassez (Haute-Marne, ancien ministre), Paul Maulion (Morbihan). On trouve également quelques socialistes indépendants : les députés Édouard Barthe (Hérault) et Antoine Cayrel (Gironde), ainsi que le sénateur René Gounin (Charente). Enfin, Gaston Bergery (Seine-et-Oise), député du Parti frontiste, ancien radical-socialiste, fit également partie de ce Conseil. Enfin, un quarteron de socialistes fut également appelé à siéger à ce conseil : les députés René Brunet, Paul Faure (Saône-et-Loire), Isidore Thivrier (Allier), Louis L'Hévéder (Morbihan). S’ajoutent quelques indépendants : les sénateurs non-inscrits Paul Brasseau (Seine-et-Oise), René Courtier (Seine-et-Oise), Jean Jacquy (Marne), Manuel Fourcade (Hautes-Pyrénées).
Des syndicalistes de la mouvance pacifiste et anticommuniste, proches de René Belin en sont aussi membres : Pierre Vigne, secrétaire général de la Fédération du sous-sol, Alfred Savoie, de la Fédération de l'alimentation, Liochon, secrétaire général des travailleurs du livre, Marcel Roy, secrétaire de la Fédération des métaux et Georges Dumoulin, que l'on retrouvera dans l'hebdomadaire L'Atelier et au Rassemblement national populaire de Déat. On relève des conseillers issus du monde agricole ou théoriciens du corporatisme chrétien comme Louis Salleron. Jacques Doriot et le colonel de La Rocque représentent, quant à eux, les publicistes. Pressenti, André Siegfried r
efuse de siéger"... Peu importe que Vichy ait recyclé, quand il ne l'a pas carrément promu, la quasi-totalité du personnel politique et administratif présent en 1939 ; et qu'il n'ait nullement prétendu au monopartisme, se fabriquant au contraire tout un éventail politique de l'extrême-droite à la "gauche" (Déat, Doriot), "continuant" une "France" qui aurait été simplement "expurgée" de son "anti-", de ses "ennemis intérieurs".

Ce qui importe, surtout, c'est que cette négation de la continuité entre la IIIe République du Grand Capital et Vichy permette aussi d’oublier celle entre Vichy et la République d'après-guerre, littéralement truffée de "vichysto-résistants", ces partisans de la "Révolution nationale" ralliés à la "France libre" (généralement) après le débarquement allié en Afrique du Nord (novembre 1942) puis en Italie (été 1943), dont certains seront appelés à de très hautes destinées : Maurice Papon, préfet-proconsul en Algérie, au Maroc et en Corse, puis préfet de police de Paris (1958-67) et ministre du Budget de Giscard (1978-81) ; Raymond Marcellin, Ministre de l'Intérieur de triste mémoire (1968-74) ; Maurice Couve de Murville, Premier ministre (1968-69) et précédemment Ministre des Affaires étrangères depuis 1958 ; sans oublier bien sûr (last but not least) François Mitterrand, inoxydable ministre régalien (Justice, Intérieur) de la IVe République et Président de la Ve (1981-95)… Tout cela tranquillement jusqu’à extinction générationnelle pour cause de vieillesse (vieillesse certes quelque peu écourtée pour un René Bousquet par exemple).

Finalement, si l'on laisse de côté ceux (nombreux) qui aujourd'hui oublient ou minimisent les évènements de février 1934, c'est cette même logique que l'on retrouve chez ceux qui les mettent en avant pour célébrer qui la "victoire de la République", qui celle de ce qui deviendra le Front populaire entre socialistes et communistes (les deux ne faisant d'ailleurs qu'un pour certains) : un fascisme "marginal" ou pas mais en tout cas extérieur (marginal dans ce sens-là) au "système France", se lançant à l'assaut de la "Sainte" République et heureusement défait par la mobilisation démocratique-républicaine se levant des usines comme des campagnes, des bureaux comme des salons littéraires... En réalité, bien loin d'objectifs "révolutionnaires", les ligues d'extrême-droite réclamaient la démission du gouvernement (de gauche) mouillé dans l'affaire Stavisky et la retour à son poste... du préfet de police de Paris, Jean Chiappe, réputé de droite et limogé quelques jours plus tôt. La quasi-totalité des députés du centre et de droite, au demeurant, avaient démissionné en protestation contre ce limogeage... Et pour héroïque qu'elle ait été (de ces moments héroïques qui forgent notre histoire et préparent les victoires de demain), la mobilisation antifasciste socialiste et communiste n'a pas à elle seule "déjoué" le (supposé) sinistre "plan" de prise de pouvoir fasciste : c'est bel et bien la République bourgeoise qui a résisté ou plutôt, la bourgeoisie monopoliste dominante qui a décidé que le moment n'était pas venu et que, en l'état des circonstances, le régime de la IIIe République, certes usé mais doté d'un bel acte de naissance (l'égorgement des Communes de 1871) et de beaux états de service (depuis) dans la répression des mouvements ouvriers et populaires, était encore "le pire à l'exclusion de tous les autres" pour servir ses intérêts. Plus que sur les casques de la garde mobile ou sur la haie de fer des masses ouvrières mobilisées, la tentative des ligues s'est brisée sur une majorité silencieuse travaillée depuis 60 ans par les idéologues et autres "hussards noirs" républicains ; cette majorité silencieuse, acteur essentiel de l'histoire, qui n'a jamais été que la volonté des dominants faite peuple et que Gramsci appelle "société civile", la même sur laquelle se brisa la tentative putschiste d'Alger en 1961 ; sachant au demeurant que toutes les ligues présentes (et notamment les Croix-de-Feu de La Rocque, explicitement) ne partageaient pas l'idée d'une prise du pouvoir par la force, mais simplement d'un "coup de pression" permettant une reprise en main institutionnelle du pays par la droite. C'est d'ailleurs ce qui se produisit ; le gouvernement du second Cartel des Gauches (Daladier) tomba, fut remplacé par un gouvernement d'"union nationale" nettement plus ancré à droite... et tout rentra rapidement dans l'ordre, Chiappe revenant pour sa part à la tête du Conseil municipal de Paris dès l'année suivante. Jusqu'à la prochaine crise, bien plus grave en l'occurrence (et aux conséquences du coup beaucoup plus graves) : la guerre, la défaite, l'occupation. Une réalité toute bête, c'est qu'il n'y pas (il n'y a JAMAIS eu) d'instauration du fascisme dans un pays quel qu'il soit si la FORCE ARMÉE, l'état-major militaire, ne le veut pas ; fut-ce comme solution "provisoire" qui ensuite perdurerait contre le souhait de bon nombre de ses initiateurs (si une partie seulement le veut, le fascisme peut aussi s'installer après une guerre civile, comme en "Espagne"). Mais, encore derrière la Force armée, il y a la classe dominante-possédante, le Grand Capital, la bourgeoisie monopoliste. En Février 34, l'Armée n'a nullement "bougé" (même en partie) en faveur des émeutiers d'extrême-droite ; il est même probable qu'elle serait intervenue CONTRE eux si nécessaire (en cas de prise du Palais Bourbon) ; en revanche, avec le patronat (Comité des Forges etc.), elle a poussé à la démission de Daladier dès le lendemain et à la formation d'un nouveau gouvernement radicaux-droite (dans lequel s'illustrera notamment un certain Pierre Laval...) ; ce qui était d'ailleurs sans doute l'objectif d'une grande partie des manifestants (comme les Croix-de-Feu).

Ce que l'on voit clairement là, c'est que si la tendance au fascisme face à la crise générale du capitalisme des années 1930 était bel et bien une réalité, elle avait également des caractéristiques TRÈS DIFFÉRENTES dans un système bourgeois politiquement mature comme la "France" de ce qu'elle pouvait avoir dans des pays nouveaux-nés comme ceux d'Europe de l'Est (de la Finlande à la Turquie), arriérés comme l’État espagnol ou le Portugal, ou en tout cas jeunes et n'ayant pas encore consolidé et ancré une vraie idéologie dominante dans les masses comme l'Italie ou l'Allemagne, avec d'autant plus de gravité, dans ce dernier cas, qu'il y avait de décalage entre cette immaturité politique et l'extrême modernité du développement capitaliste. En un mot : la tendance au fascisme est autant une réalité (hier comme aujourd'hui) en France qu'ailleurs, mais il est illusoire et finalement suicidaire de l'attendre sous les habits bruns du NSDAP allemand.

Dans la nouvelle crise générale du capitalisme mondial commencée depuis 1970, mais entrée dans sa phase aiguë depuis 2007-2008, c'est exactement cette même erreur qui amène les uns à nier la tendance au fascisme du régime capitaliste dans lequel nous vivons (et à se concentrer, par exemple, uniquement sur les "attaques contre les travailleurs et les acquis sociaux", dans une logique économiste), et les autres à se concentrer sur des appendices du phénomène, "maîtres quenelliers" de Dieudonné, conspirationnistes de tout poil fleurissant sur la toile ou bandes nazillonnes ultras (à combattre par tous les moyens bien entendu) sévissant dans la rue, jusqu'à parfois tomber dans la pire alliance qui soit, celle avec l’État républicain bourgeois... du CŒUR duquel viendra, le moment venu, la dictature terroriste ouverte autrement appelée fascisme !

Nous, depuis le début en octobre 2009, avons clairement tracé le parallèle entre la situation actuelle et celle d'entre-deux-guerres, montrant même les ressemblances saisissantes entres les forces en présence dans les deux cas : non seulement entre le fleurissement des "ligues" de l'époque et celui des "Blocs" ceci ou "Jeunesses" cela, des "Printemps français", "Résistance républicaine" et autres "Jours de Colère", bref de l'atmosphère de "Mai 68 de droite" actuelle (particulièrement depuis la victoire "socialiste" de 2012) ; mais aussi entre les Croix-de-Feu/PSF et le Front Nation "dédiabolisé", "reconnaissant les valeurs de la République" et rassemblant (très) large (6 millions et demi de voix à la présidentielle, 3 et demi aux législatives) de Marine Le Pen, et entre l'UMP de plus en plus "décomplexée" de Copé et consorts et la Fédération républicaine des années 1930 qui fournira à Vichy plus d'un de ses acteurs de premier plan (Xavier Vallat, Philippe Henriot) ; sans même parler des tendances de plus en plus droitières à "gauche", au PS et même au P'c'. La seule différence (mais majeure...) étant la haute improbabilité d'une situation comparable à la défaite et l'occupation de 1940, et même au bourbier algérien de 1958, laissant donc ouvert le point d'interrogation quant à la situation exceptionnelle qui ferait passer de la fascisation rampante au fascisme stricto sensu (attaques "terroristes" majeures ? situation de "guerre civile" dans les quartiers populaires ?). En tout cas, si les circonstances sont peut-être du domaine de la politique-fiction, la "solution" est déjà dans les tuyaux... et ce n'est pas un allumé internétique (Soral ou autre) qui le dit, mais bien le leader du principal parti "républicain" d'opposition.

Nous n'avons nullement besoin de "date anniversaire" (fut-ce octodécennale) pour exprimer notre point de vue sur la question : le capitalisme est en crise générale et celle-ci, après une brève et illusoire "reprise" après la défaite stratégique de l'URSS, est même entrée dans sa phase terminale ; la tendance au fascisme (fascisation rampante) en est l'expression politique incontournable dans un système capitaliste monopoliste, et cela n'a pas commencé hier mais bien depuis 20 ans voire 30 ans (même si les choses ont, peut-être, été un peu freinées par le mitterrandisme et le jospinisme) ; il faut combattre les mille et une expressions de cette tendance, les mille et une têtes de l'hydre fasciste sur la terrain de notre vie sociale populaire ; MAIS il ne faut jamais perdre de vue, jamais baisser la garde envers l’État qui est le cœur du problème et là d'où, en dernière instance, viendra le coup décisif (comme le vote pour la "révolution nationale" en juillet 1940, l'appel à De Gaulle en mai 1958 etc.).

Ce que nous avons dit et qui a pu, le cas échéant, nous être reproché ; mais que nous répéterons toujours, en lien avec tout ce que nous avons exposé plus haut ; c'est que le mouvement révolutionnaire du prolétariat doit être plus vigilant aujourd'hui qu'hier, au regard de l'expérience historique, à développer un véritable antifascisme populaire AUTONOME qui ne se mette pas purement et simplement à la remorque de l'aile "gauche" (ou prétendue telle...) du système "républicain" bourgeois BBR, "gauche" qui dans l'histoire a toujours fini par être la droite quelques générations plus tard... voire beaucoup plus vite pour certains éléments. Un antifascisme qui ne se jette pas, par exemple, dans les bras d'un Manuel Valls, profil même du "républicain" de "centre-gauche" qui aurait été vichyste sans états d'âme en 1940, 41 et peut-être même 42 ; contre un "antisionisme" antisémite et complotiste (anti-impérialisme des imbéciles) détestable et écœurant, vomitif même, mais nullement mainstream dans la tendance fasciste générale - tout au plus des tirailleurs idiots utiles qui le moment venu finiront comme les SA allemands de la Nuit des Longs Couteaux...

Si nous retenons évidemment du 6 février 1934 (et de tout ce qui a suivi) l'enseignement que la mobilisation progressiste de masse, sous la direction des révolutionnaires communistes, peut faire reculer le fascisme ; nous retenons aussi L'AUTRE enseignement fondamental, celui de la faillite politique totale d'un mouvement révolutionnaire antifasciste qui se VEND sans guère de conditions à l'"antifascisme" républicain bourgeois, lequel s'en va de ce pas (par exemple) continuer à mitrailler ou carrément bombarder, à massacrer sans nom dans les colonies (comme en Algérie en 1945, alors que l'Europe célébrait la défaite du fascisme justement...) ; bien loin il faut dire des délicats yeux métropolitains qui, du coup, sont saisis d'effroi lorsque des verts-de-gris viennent commettre de telles choses sous leurs riants clochers ; et puis chuuut, il ne faut surtout rien dire car cela "casse le front républicain" et "fait le jeu du fascisme"... Un peuple complice de l'oppression d'un autre ne saurait être libre : tel est l'enseignement que nous lègue l'histoire du siècle dernier, à nous communistes "occidentaux" ; la "République française" est un appareil INTERNATIONAL d'oppression ; et c'est ainsi (faute d'avoir compris cela) qu'en février 1934 et en 1936-39 comme en 1944-45, en 1961-62 (face aux putschiste de Salan et à l'OAS) comme dans les années 1980 avec SOS-et-compagnie, le fascisme a bel et bien reculé... pour mieux sauter, et non été écrasé en même temps que le capitalisme impérialiste dont il n'est que le visage sans fard ; ce dernier ne faisant que se réorganiser et se moderniser jusqu'à la nouvelle crise... et au nouveau pourrissement fasciste.

Et puis, pour qui a étudié le fascisme en marxiste conséquent, celui-ci apparaît en définitive comme une caporalisation du système capitaliste d'un État donné et de ses contradictions, face aux urgences posées par la crise générale. Pour comprendre la tendance au fascisme dans l’État capitaliste où nous vivons, il faut donc avoir compris le "système" que celui-ci recouvre, et ses contradictions. Et cela, c'est justement tout le travail que mène Servir le Peuple depuis des années, pour comprendre la "France" comme système produit d'une construction historique.

Repris sur Servir le peuple.

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