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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 11:52
Pourquoi Dieudonné n'est pas fréquentable

Voici un article écrit par quelqu'un qui a soutenu Dieudonné avant de s'en mordre les doigts.

Mettons cartes sur table. J’ai fait parti des sempiternels soutien à Dieudonné, et il y a encore quatre ans, je participais à l’organisation de sa venue dans ma ville d’origine. Je n’ai jamais soutenu, et ne soutiens toujours pas, le fait d’interdire Dieudonné de jouer ses spectacles. Pour un certain nombre de jeunes, Dieudonné a même pu être source, à une époque, de prise de conscience politique en abordant et en dénonçant, avec humour, les dérives de la politique française et internationale. Lorsque nous parlons du cas Dieudonné, la question israélo-palestinienne n’est jamais loin. Son exclusion du monde médiatico-politique a débuté, notamment, au lendemain de son sketch chez Fogiel où il caricaturait un colon israélien. Encore aujourd’hui, les références à Israël ne manquent pas. Paradoxalement (ou peut-être pas), plus je prenais place, notamment, dans le mouvement de solidarité avec la Palestine, et moins je soutenais Dieudonné.

Une colère légitime

Dieudonné, lorsqu’il ironise sur la politique dans ses spectacles, aborde des thèmes très différents : dérive de la classe politique française, hypocrisie diplomatique… La concurrence des mémoires est un des premiers piliers « humoristico-politique » de Dieudonné. Un thème qui, à première vue, semble légitime, ou du moins, demeure un sujet de débat. Pierre Tevanian, dans un article intitulé Un négationnisme respectable, relève la manière dont les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz qui ne seraient qu’ « un détail » de l’histoire ont entraîné une condamnation unanime de l’ensemble de la classe politique française ainsi que du monde associatif et du corps enseignant. À l’inverse, l’historien Max Gallo, fréquemment invité sur les plateaux télés, déclarait à propos du rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière par Napoléon, ainsi que de son interdiction au territoire métropolitain aux « nègres et autres gens de couleur » : « Cette tache, car c’est une tache, est-ce que c’est un crime contre l’humanité ? Peut-être, je ne sais pas ». Ces propos furent réitérés, et Gallo n’a eut à affronter ni la justice ni la désapprobation du monde politique et associatif. Il en va de même, souligne Tevanian, pour « la colonisation, dont le caractère intrinsèquement criminel est largement nié ou minimisé, aussi bien dans la culture de masse que dans les programmes scolaires ».

Ne souhaitant pas me réapproprier des analyses, je me permets de poursuivre la citation de l’article de Tevanian : « le cas de Dieudonné est là pour nous rappeler les dérives auxquelles ce juste constat peut conduire s’il n’est pas réfléchi et analysé politiquement ». Dans ses dénonciations et ses actes, Dieudonné use à plein régime de provocations gratuites au point d’en faire oublier « la part de vérité sur laquelle viennent s’agréger rancœurs, amalgames et provocations racistes ». C’est sûrement ici que se situe la première dérive de l’humoriste. Singulièrement, il ne nie pas, directement, le fait même de l’Holocauste, mais ses célébrations et son emploi dans la sphère politique. Un sujet qui, tout en étant justifié, se doit d’être abordé de manière réfléchie et raisonnée (cf. Idith Zertal, La Nation et la mort ; Norman Finkelstein, L’industrie de l’Holocauste). Mais Dieudonné préfère en rire, parodiant dans divers sketchs, et dernièrement dans un film tout entier, des déportés dans un camp de concentration, ajoutant à ses personnages un goût immodéré pour l’argent. Selon lui, la mémoire du génocide des juifs occulterait les autres mémoires dans une abjecte concurrence victimaire.

Quiconque s’emploie à relire l’historiographie française se rendra compte assez facilement que ce n’est pas l’enseignement de la Shoah qui occulte les autres crimes. Dans les années 1950, 1960 et 1970, nous parlions très peu, voire absolument pas, du génocide des Juifs. Parlions nous pour autant davantage des crimes coloniaux ? Je ne le pense pas. Reprenons Tevanian : « La vérité, c’est que l’occultation du tort fait aux Noirs – comme du tort fait aux colonisés – repose sur des ressorts beaucoup plus anciens, profonds, puissants et complexes que la formation récente d’une mouvance sioniste ultra-droitière au sein des élites associatives juives de France. Si les Noirs sont injuriés, si leur mémoire est bafouée, si un Max Gallo peut en toute impunité et en toute innocence leur cracher son mépris à la figure, ce n’est pas « parce qu’une petite clique de Juifs fascistes en veut aux Noirs de concurrencer la Shoah » : ce qui est en cause, c’est la quasi-totalité des élites politiques françaises catholiques, protestantes, laïques, athées, républicaines, progressistes…, qui sont structurées par une idéologie, une culture et un imaginaire républicaniste profondément chauvins, ethnocentriste voire raciste. Ne pas prendre en compte le système politique qui est à l’origine d’un tort subi, en rabattre toute la responsabilité sur un groupe social délimité (en l’occurrence les extrémistes sionistes), tel est le premier faux pas qui conduit de la révolte légitime aux divagations racistes. »

Dans les bras de l’extrême droite

Dans ses premiers combats, Dieudonné s’inscrivait dans ce combat politique évoqué précédemment. Figure de la lutte antiraciste de gauche, il a été, peu à peu, dégoûté du milieu politique français. Sa première cible, les associations antiracistes, type SOS Racisme, et la gauche française qui semblait sourde à la prise en compte de ses revendications. Une nouvelle fois, sa rancœur peut sembler légitime. Voir SOS Racisme travailler main dans la main avec l’Union des Étudiants Juifs de France, organisation qui ne cache pas son soutien à la politique israélienne, ou encore s’afficher dans des manifestations aux côtés de la Ligue de Défense Juive (groupuscule violent ultra-sioniste), c’est bien évidemment nauséabond. Il en va de même pour un certain nombre de représentants de cette « gauche molle », aux avant-postes médiatique pour défendre les droits de l’homme et la dignité humaine, mais qui dans le même temps, par amour et/ou intérêt envers Israël, se taisent sur les innombrables crimes dont le peuple palestinien est victime. Évidemment, ils sont, sur bien d’autres sujets encore, éloignés d’un quelconque « socialisme », au sens idéologique du terme, les Roms le savent actuellement mieux que quiconque. Se reconnaîtront ici Manuel Valls, Julien Dray, Pierre Moscovici, Harlem Désir… Ecœuré, Dieudonné quitte la sphère politique, et enchaîne les rencontres, brisant les clivages droite et gauche, affirmant qu’ « il ne sait plus où est le bien et où est le mal ». Il nie ainsi l’hétérogénéité de la gauche française, et tourne le dos à toutes ces forces politiques, ces militants, ces élus, ces parlementaires, qui mènent leurs actions en adéquation totale avec leurs idéaux. Simpliste, le choix de Dieudonné de se diriger vers ses anciens ennemis était donc bien plus intentionnel que ce qu’il laisse à penser.

Sa rencontre avec l’essayiste Alain Soral, passé du PCF au FN, semble décisive. Tout autant nationaliste qu’homophobe, sexiste que fascisant, le fondateur du mouvement Égalité et Réconciliation s’inscrit dans la droite ligne des propos précédents de Tevanian. Soral est loin de reconnaître les crimes coloniaux, et méprise ceux qui défendent cette mémoire. Il admire le mouvement italien Casa Pound, qui se revendique de Benito Mussolini, et ne masque pas sa fascination pour les néo-nazis grecs d’Aube Dorée. Il œuvre pour un rapprochement entre l’Occident chrétien et le monde musulman afin de lutter contre « l’Empire ». Nul ne sait précisément ce qui se cache derrière ce terme, mais Israël et les États-Unis semblent en être les fers de lance. Musulmans et catholiques devraient s’allier contre les juifs et les protestants. Pourquoi ? Parce que juifs et protestants sont les créateurs du prêt à intérêt. Le prêt à intérêt n’est pas autorisé par le catholicisme ni l’islam, et il est la matrice de la finance mondiale qui permet d’asservir les peuples. Après cette rencontre, Dieudonné s’affiche sans problème avec des cadres de l’extrême droite française, considéré comme « victime » du système politique. Le symbole de ce rapprochement est sans aucun doute sa candidature en 2009 à la tête de la liste « Anti-sioniste », rassemblant à la fois Yahia Gouasmi, directeur du centre Zahra France et dirigeant de la Fédéraction Chiite de France, Alain Soral, mais aussi un cadre du Front National Jeune, un nationaliste catholique…

Sans forcément retranscrire toute l’histoire de Dieudonné, arrêtons-nous sur l’un de ses derniers faits d’arme : une interview, complaisante à souhait, de Serge Ayoub, aka Batskin. Figure des milieux skinheads d’extrême droite, il fut fondateur entre autre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires et de Troisième Voie (dont je laisse à chacun de vous la liberté de lire leurs faits d’armes). L’interview vient se caler au lendemain de la mort de Clément Méric, étudiant et militant antifasciste de 18 ans, mort sous les coups de skins liés au mouvement d’Ayoub. Clément Méric se mobilisait pour toutes les causes qui lui semblait juste. Il participait aux manifestations parisiennes contre l’islamophobie, notamment la campagne « Mamans toutes égales », aux actions contre le mal logement, pour les sans-papiers, aux rassemblements de soutien au peuple palestinien, etc… Si Dieudonné laisse à Ayoub la possibilité d’expliquer ce qu’il veut, sans jamais être contesté ou remis en cause, il affirme à demi-mot que Clément Méric était proche de la Ligue de Défense Juive : « L’extrême gauche de Méric est, je l’ai découvert à ce moment là (cf. altercation sur un marché parisien entre des militants antifascistes et Dieudonné et son entourage), […] très proche des milieux sionistes, de la LDJ et ce genre de mouvements, plutôt protégé par la police ». L’interview se termine par une brève salutation : « nous avons nos différences, mais nous avons un même ennemi ». Certains s’amusent à noyer le poisson en évoquant les méthodes de lutte, jugées violentes, de certains milieux dits « d’extrême gauche ». Gardons à l’esprit que Serge Ayoub se bat pour une domination de race, un nationalisme exclusif, et plaide pour un régime politique d’inspiration fasciste. Clément Méric se battait pour une suppression des classes, une justice sociale, et contre la diffusion de toutes les idées haineuses, racistes et fascisantes, quelles soient portées par Ayoub, la LDJ ou Dieudonné.

Le mouvement de solidarité avec la Palestine

En tant que citoyen français, nous avons un rôle important à jouer dans notre pays sur la question palestinienne. La France a eut et doit retrouver son indépendance diplomatique afin d’agir, et d’être le fer de lance politique d’une lutte pour l’application stricte du droit international au Proche-Orient. Pour cela, il faut un mouvement de solidarité pour la Palestine qui soit fort, organisé et capable de relever des défis politique. C’est un rapport de force, tout est une question de rapport de force. Celles et ceux qui sont dans le mouvement peuvent en témoigner, les lignes ne sont pas enracinées, elles bougent, elles évoluent. D’année en année, de nouveaux députés nous rejoignent, de nouveaux élus ou simples citoyens partent sur le terrain afin d’œuvrer à une solidarité concrète, à un élargissement du front. Si les droits des palestiniens sont bafoués, c’est à nous de refuser que ceux qui soutiennent ce crime puissent influencer la politique de notre pays. Et eux, ce ne sont ni « les juifs », ni même forcément les « sionistes », mais simplement les soutiens à la politique israélienne. Et ce de la même manière que le mouvement de solidarité avec la Palestine n’est pas composée exclusivement que d’arabes ou de musulmans. Qu’apporte Dieudonné à ce mouvement de solidarité ? Rien.

En s’affichant comme soutien à la cause palestinienne tout en multipliant les dérapages et les provocations, Dieudonné sert les intérêts des soutiens à la politique israélienne. Ces derniers peuvent ainsi aisément mettre dans un même sac antisémites et anti-sionistes. Dans les faits, c’est encore plus clair. En 2004, malgré la désapprobation de Leila Shahid, représentante officielle de l’Organisation de Libération de la Palestine en France, Dieudonné conduit une liste EuroPalestine aux élections européennes. Plus récemment encore, des membres du Parti Solidaire Français (PSF), dont Emmanuelle Grilly – colistière de Dieudonné en 2009 – est l’une des responsables, s’affichaient discrètement dans une manifestation parisienne commémorant l’anniversaire de la Nakba (expulsion des Palestiniens de leur terre en 1948 afin de créer l’Etat d’Israël). Aussitôt démasqués, ils furent chassés du rassemblement par le service d’ordre. Le soir même, le PSF publiait un communiqué critiquant la présence dans la manifestation de l’Union Juive Française pour la Paix, parce qu’ils sont « juifs ». En Palestine comme en France, des Juifs sont engagés aux côtés du peuple palestinien. Le problème n’est pas ethnique, mais politique. Dieudonné aime jouer sur cette frontière en mélangeant l’ethnique, la religiosité, et le politique ; mais le danger intervient lorsque la frontière de l’humour et de la politique n’est plus identifiable, ou plutôt que les deux se trouvent volontairement entremêlés.

Certains lecteurs diront que ces écrits ne sont qu’une leçon de morale « d’un petit gauchiste », du bla bla politique. Au cours de mes lectures, je suis tombé sur une tribune du Parti des Indigènes de la République (PIR) à propos de Dieudonné, intitulée "Houria Bouteldja dénonce le rapprochement de Dieudonné avec l’extrême droite". L’intérêt est que le PIR est sans concession avec la gauche française et son « passé colonial », et ne peut pas être accusé de « solidarité politique » avec quelque partis que se soit. Je vous invite à lire l’article dans sa totalité, tant les mots de sa porte-parole, Houria Bouteldja, sont à ce sujet justes et pertinents. Je retranscris ici quelques extraits : « Nous n’avons pas non plus hésité à discuter avec lui, à le mettre en garde contre les conséquences gravissimes de ses prises de positions pour ce que nous pensions être nos causes communes, l’antiracisme et l’anticolonialisme (dont l’antisionisme est aujourd’hui une composante majeure). Catastrophés, nous l’avons vu, à chaque fois qu’il était l’objet d’une nouvelle campagne médiatique, glisser, déraper, aller toujours plus loin dans l’aberration politique. [...] Le message qu’il communique aux nôtres à travers ses prises de position politiques est extrêmement dangereux : l’extrême-droite est une « victime » du système politique, l’extrême-droite est antisioniste, l’extrême-droite est nationaliste tout comme nous, l’extrême-droite est donc notre alliée « naturelle ». Rien n’est plus faux ! L’extrême-droite n’est pas une « victime » du système politique, elle en est le produit ; elle constitue la tendance la plus dure du racisme français ; l’extrême droite n’est pas antisioniste (certains de ses courants sont pro-sionistes par haine des Arabes, d’autres se déclarent solidaires du peuple palestinien par haine des juifs en tant que juifs) ; quant au nationalisme de l’extrême-droite, c’est un nationalisme parfaitement impérialiste, colonialiste et raciste qui n’a rien à voir avec notre lutte pour la libération nationale des peuples opprimés. En s’alliant avec l’extrême-droite Dieudonné [efface] sans scrupules plus de quarante ans de lutte de l’immigration contre l’extrême-droite ; [il insulte] la mémoire de tous ceux qui se sont battus contre le colonialisme. […] Le combat antisioniste, le combat de Azzedine Elqassam, de Arafat, de Georges Habbache, de cheikh Yassine, le combat anticolonialiste et antiraciste de Mandela, Fanon, Césaire, Malcolm X, Angela Davis, Sankara, Lumumba et bien d’autres est beaucoup trop précieux pour le corrompre aujourd’hui avec une extrême droite française toujours fière d’avoir torturé en Algérie ; une extrême droite qui a organisé des ratonnades contre les arabes et les noirs ; une extrême droite qui dénonce l’islamisation de la France, qui exige toujours plus de répression contre l’immigration et dans nos quartiers, qui justifie la chasse aux sans papiers. Nous n’avons aucun intérêt commun avec ces gens-là. »

Dieudonné est exclut du mouvement de solidarité avec la Palestine. Il ne travaille avec aucune organisation sérieuse, et n’œuvre à aucun projet pour le peuple palestinien. Ses actes ne font que desservir la cause. Je ne parle pas ici d’humour, cela relève selon moi des goûts de chacun, mais de politique. Continuez à soutenir politiquement Dieudonné, le considérer comme un « héros anti-système », tout en prenant publiquement fait et cause pour la cause palestinienne, et vous ne serez, malheureusement, rien de plus qu’un idiot utile aux soutiens à la politique israélienne.

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 10:25
Le FN, un parti respectable? Vraiment !?

Le FN veut se faire passer pour un parti républicain, dédiabolisé et loin des dérapages négationnistes du père Le Pen. Pourtant quand on y regarde de plus près ce n'est plus aussi net... La photographie à gauche montre Marine Le Pen chez Serge Ayoub...

Le Front national se réunit ce week-end à Marseille pour son université d’été. À six mois des municipales, Marine Le Pen veut poursuivre son nettoyage de façade du parti et gommer son image d’extrême droite. Le FN n’aurait aucun rapport avec les JNR, le GUD, les révisionnistes, l’ultra droite et autres, affirme haut et fort sa présidente. Faux. Mediapart publie, photos à l’appui, les preuves contraires.

Marine Le Pen a beau assurer que son parti n’a « aucun rapport avec ces groupes, qui expriment d’ailleurs régulièrement leur désapprobation à (son) égard », son vice-président, Florian Philippot, a beau répéter que « le FN n’a rien à voir avec ces personnalités radicales » et qu’il n’est « pas d’extrême droite », les faits sont têtus. De nombreuses photos et documents mettent à jour des liens existant de longue date entre le Front national et ces groupuscules. GUD, JNR, identitaires, néofascistes, etc. : encore aujourd’hui, la barrière est loin d’être étanche (lire notre Boîte noire).

1. Les liens avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR)

Cette porosité existe d’abord avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), le mouvement – dissout en juillet – de Serge Ayoub, l’ancien leader des skinheads parisiens, dont sont issus les agresseurs de Clément Méric. En juin, Marine Le Pen (qui n’a pas souhaité répondre à nos questions) avait martelé qu’elle « ne connai(ssait) pas précisément ce groupe ». Florian Philippot avait lui affirmé qu’il « ne savai(t) même pas que ça existait » et avait « appris leur existence dans la presse ». Pourtant, en juin 2008, la présidente du FN était présente au Local, le bar associatif d’Ayoub, lors de la première “100 % French Pride” organisée par le site d’extrême droite Fdesouche.com. En août 2010, elle dîne même avec « Batskin ».

En avril 2012, en pleine campagne présidentielle, le même Ayoub appelle dans une vidéo à « voter Marine », la seule « qui défend toujours la France et les Français ». Le 1er juin, pendant les législatives, il tracte avec ses militants sur le marché d’Hénin-Beaumont, à quelques pas de la candidate Marine Le Pen. Interrogée alors sur France 3, la présidente du FN avait affirmé n’avoir « jamais entendu parler » de ce parti solidariste et réfuté tout « lien » avec elle : « Ils sont venus défendre leur candidat » qui se présentait « dans une autre circonscription ».

Mais selon Mathias Destal, le journaliste de Marianne présent, Serge Ayoub était lui « clairement venu pour faire campagne pour Marine Le Pen, avec des tracts qui concernaient bien la 11e circonscription (celle de Le Pen – Ndlr) », tout en profitant « du cirque médiatique pour se faire connaître ».

Plus important encore : ce jour-là, aux côtés d’Ayoub, on trouve Yohan Mutte (cercle violet), impliqué dans l’attaque du bar gay à Lille en avril 2013, Olivier Vivien (cercle rouge) et un certain Serge, surnommé « Sergueï » (cercle vert). Ces deux derniers sont aussi présents… au défilé du 1er Mai du FN, respectivement en 2012 et 2013.

Car des passerelles existent aussi au sein du service d’ordre des événements du FN. Ainsi, Olivier Vivien (cercle rouge) et Daniel Mack (cercle jaune) jonglent entre leurs prestations d’agents de sécurité pour le Front national et leurs apparitions au sein des JNR :

Deux semaines plus tard, le 13 mai 2012, les mêmes défilent en effet avec les JNR, à l’occasion du rassemblement traditionnel de l’extrême droite radicale, à Paris :

Les passerelles sont aussi visibles à l’occasion des élections. Ainsi, l’ancienne conseillère régionale frontiste Sylvie Langlois (exclue en 2008 du FN), était candidate aux législatives de 2012 sous les couleurs du Front populaire solidariste d’Ayoub (qui réunit plusieurs groupuscules régionaux), dans la 8e circonscription du Nord :

Cette porosité s’étend à d’autres figures du Rassemblement bleu Marine (RBM). Le 29 septembre 2011, Serge Ayoub accueille au Local Christian Bouchet, candidat frontiste aux cantonales de 2011 et aux législatives de 2012 en Loire-Atlantique, pour une conférence sur la Syrie.

Bouchet ne lui est pas inconnu, il fut secrétaire général de Troisième Voie et signe dans son journal, Salut public, comme en témoigne cette Une :

Christian Bouchet a également animé le site VoxNR, nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-iranien. Mais ces liens ne semblent pas déranger Marine Le Pen, qui l’a à nouveau investi pour les municipales de 2014, à Nantes.

Pas plus qu’elle n’est gênée par son fils, Gauthier Bouchet, qui pose devant un portrait de Bachar el-Assad, lors d’un voyage en Syrie avec son père, à l’été 2011. Ce responsable du Front national de la jeunesse (FNJ) figure sur la liste FN pour les municipales à Saint-Nazaire et est membre de la délégation “communication numérique” du parti.

Plus récemment, le 15 mai, Serge Ayoub a reçu au Local le médiatique Robert Ménard, candidat soutenu par le FN pour les municipales à Béziers.

C’est d’ailleurs sur Serge Ayoub – accompagné de Rodolphe Crevelle, militant anarcho-royaliste à la tête du groupuscule le Lys noir –, que l’ancien président de Reporters sans frontières comptait s’appuyer pour sa campagne.

2. Les liens avec le GUD

C’est avec le GUD (Groupe union défense), organisation étudiante d’extrême droite, que les liens sont plus difficiles à masquer pour le FN. Dans l’entourage de la présidente du FN, plusieurs anciens gudards jouent les conseillers officieux. C’est le cas de l’avocat Philippe Péninque – qui a ouvert le compte suisse de Jérôme Cahuzac en 1992. Cette année, Mediapart l’a aperçu dans la foule du 1er Mai du FN, où il écoutait le discours de la présidente du FN en compagnie de Jean-Claude Nataf, homme de réseaux et de la Ligue de défense juive (LDJ), organisation d’extrême droite sioniste :

La plupart du temps invisible, il gravite dans l’entourage des Le Pen depuis de longues années. Il était aux côtés des Le Pen lors du fameux discours du fondateur du FN à Valmy, le 20 septembre 2006:

En avril 2007, c’est lui qui organise la visite de Marine Le Pen à Aulnay-sous-Bois (voir la vidéo) :

Aujourd’hui, l’avocat ne renie rien de ses années GUD : « Bien sûr », il voit encore ses anciens membres, « on se connaît tous », expliquait-il il y a quelques mois à des journalistes de Canal Plus. Mieux, il s’« honore d’avoir été au Groupe union défense » et estime que « nous serons considérés, quand l’Histoire va nous rendre raison, rapidement, comme des héros et des résistants ».

Autre homme clé autour de Marine Le Pen, son vieil ami de fac Frédéric Chatillon. Cet ancien chef du GUD et ex-directeur de la librairie révisionniste Ogmios était prestataire du FN pendant la campagne présidentielle de 2012. On a pu l’apercevoir lors de meetings et déplacements de la candidate, comme la tournée qu’il a organisée en Italie en octobre 2011.

Il est aussi présent au point presse de Marine Le Pen au Salon des maires, en novembre 2011 :

La mère de ses six enfants, Marie d’Herbais, amie d’enfance de Marine Le Pen et militante historique du FN, est employée au service de communication du Front national et présente chaque semaine le Journal de bord vidéo de Jean-Marie Le Pen. Elle fut même candidate dans la Sarthe aux législatives de 2012.

Chatillon est resté très proche de la mouvance néo-fasciste européenne, mais aussi des Syriens du parti Baas (lire notre enquête sur ses affaires avec la Syrie). À l’été 2006 puis en mars 2008, il accompagne Dieudonné – « un pote », expliquait-il à Mediapart – dans sa tournée à Damas, où ils apparaissent aux côtés de certains dignitaires syriens comme Manaf Tlass, le fils du général et ancien ministre de la défense, ami d’enfance de Bachar el-Assad (qui a fait défection en juillet 2012).

En 2011, Chatillon parraine la création du site Infosyrie.fr, pro-régime (fermé en janvier 2013). À Mediapart, il ne cache pas ses opinions : « Le régime se défend comme il peut, il a raison. Ce n’est pas le monstre que décrivent les médias. Aujourd’hui on cherche un prétexte pour le bombarder. Mais les vrais barbares sont du côté des rebelles ». Il est aperçu à une manifestation de soutien au régime syrien le 30 octobre 2011, dans une période de répression accrue (comme en attestent aussi ces images d’un documentaire de Canal Plus).


Ce jour-là, d’autres anciens du GUD liés au FN sont présents, comme Olivier Duguet, trésorier jusqu’en mars 2012 de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen (lire notre boîte noire):


À la tête de Jeanne, Marine Le Pen a placé Florence Lagarde, amie de fac et compagne de l’ex-gudard Jildaz Mahé O’Chinal, bras droit de Chatillon. Autre personnage-clé de ce cercle des anciens gudards: Axel Loustau. Président de la société privée Vendôme Sécurité, prestataire de service du Front national, Loustau a été candidat FN lors des législatives de 1997, dans les Hauts-de-Seine. En 2012, il a assuré une partie de la sécurité du FN, au défilé du 1er Mai et lors de meetings de Marine Le Pen (lire notre article).

Deux semaines plus tard, il était au traditionnel rendez-vous de l’extrême droite radicale, place de la Concorde, à Paris, devant le cortège du GUD, où il donne l’accolade à Edouard Klein (qui fut le chef du GUD entre 2010 et juin 2012):


Le même Edouard Klein était lui aussi présent au rassemblement pro-Bachar el-Assad, en 2011:

Klein, un autre élément gênant pour Marine Le Pen. Cet ancien chef du GUD a intégré le FNJ au printemps 2012. Cette année-là, il est d’ailleurs présent à la convention présidentielle de Le Pen, à Lille, les 18-19 février, avec son compère du GUD Baptiste Coquelle, adepte des saluts nazis (voir photos ci-dessous). L’Union de défense de la jeunesse (UDJ), avatar du GUD pour se présenter aux élections universitaires à Paris II-Assas, annonce même leur venue sur son site:

Trois mois plus tard, Klein est au 1er-Mai du FN, vêtu d’un t-shirt “les jeunes avec Marine”, à nouveau avec Coquelle:

En décembre 2012, on le voit participer à un tractage du FNJ à Angers, où est implanté un autre ancien chef du GUD (des années 1990): Gaëtan Dirand, secrétaire départemental du Maine-et-Loire et tête de liste à Angers pour les prochaines municipales.

Plus gênant: Klein et Coquelle apparaissent sur les photos du gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2012, à la Mutualité, à Paris. À leurs côtés, Marion Maréchal-Le Pen (en haut à gauche), le président du FNJ, Julien Rochedy (au centre avec un noeud papillon), son adjoint Paul-Alexandre Martin (à sa gauche) et d’autres membres du bureau national du FNJ et candidats frontistes, comme Anne-Sophie Levêque (Nord – 1ère en partant de la gauche), Julien Leonardelli (Pyrénées-Orientales – 2e en partant de la gauche), Adrien Grosjean (Alpes-Maritimes, 1er en partant de la droite), Julie Abraham (Alsace – 2e en partant de la droite):

La petite équipe s’est retrouvée à plusieurs reprises. Comme ici, en 2012:

Ou le 13 janvier 2013, lors de la manifestation contre le mariage pour tous organisée par la « Manif pour tous »:

La députée du Front national collectionne les amitiés sulfureuses: lors d’un défilé du 1er-Mai du FN, elle pose avec le rappeur d’extrême droite Fasc, également batteur dans le groupe Franc Tireur Patriote, proche du groupuscule nationaliste et antisémite “Renouveau français”:

3. Les liens avec l’Œuvre française

L’histoire d’un autre groupuscule est étroitement liée à celle du FN: l’Œuvre française (OF), fondée en 1968 sur les ruines de l’OAS, et dissoute par le gouvernement en juillet. Ce mouvement pétainiste et antisémite a pratiqué l’entrisme au FN pendant des années, plusieurs cadres frontistes conservant la double appartenance. Et à écouter son fondateur, Pierre Sidos, « de nombreux militants de l’Œuvre française appartiennent encore au FN » aujourd’hui (lire notre enquête).

En 2011, lors de l’élection interne du FN, plusieurs têtes pensantes de l’OF font la campagne de Bruno Gollnisch: Yvan Benedetti, conseiller municipal FN de Vénissieux, bras droit et directeur de campagne de Gollnisch; Alexandre Gabriac, conseiller régional FN Rhône-Alpes, devenu chef des Jeunesses nationalistes, la branche « jeune » de l’OF ; Jérôme Guigue (photo ci-dessous), entré au FN en 2006, responsable du DPS (le service d’ordre du FN) Rhône-Alpes ; Christophe Georgy, responsable du DPS « Grand Est », candidat FN à plusieurs élections et animateur d’un site à la gloire de Léon Degrelle, ancien Waffen SS et leader du mouvement collaborationniste belge « Rex ».

En 2008, encore membres du Front national, Gabriac et Benedetti participaient avec l’Œuvre française à un rassemblement néofasciste en Espagne:

On les retrouve en avril 2012 (après leur exclusion du FN) à un rassemblement en hommage à Mussolini, en Italie:

En juillet dernier, Gabriac se recueille sur la tombe de Mussolini pour l’anniversaire de sa naissance:

En mars 2011, un événement met en lumière ces doubles appartenances: une photo montrant Alexandre Gabriac faisant un salut nazi suscite un tollé. Marine Le Pen est contrainte de réagir. Elle annonce à grands renforts de médias l’exclusion de Gabriac et dénonce « l’entrisme » de l’Œuvre française. Une grande partie des cadres frontistes membres de l’OF sont exclus, tel Thierry Maillard, militant de longue date dans le groupuscule et responsable du Front national à Reims.

D’autres seront écartés bien plus tardivement, comme Laura Lussaud, exclue en janvier 2012. Fille et petite-fille de militants frontistes, elle affiche un long CV dans le parti : entrée au FNJ dès ses 13 ans, ancienne secrétaire régionale du FNJ, réélue au comité central du FN en 2011 (après l’élection de Marine Le Pen), candidate FN à Pornic la même année. Elle a rejoint les JN de Gabriac en 2012 et préside le groupuscule « le Clan » à Lyon. Dans une cinglante lettre ouverte à Jean-Marie Le Pen, elle a dénoncé une « purge » et invoqué son militantisme au FN « depuis toute petite ».

Sa grand-mère, elle, est encore membre du comité national du FN, d’après le site du Front national. En 2011, elle était responsable… du comité de soutien de Marine Le Pen en Loire-Atlantique.

Aujourd’hui, le flou demeure concernant certains cadres frontistes. Comme Amaury Navarranne. Responsable de l’Œuvre française à Toulon, cet ancien chef du FNJ dans le Var demeure membre du bureau du FN varois, mais aussi du comité central du parti :

En avril 2012, les Anonymous ont piraté les sites liés aux mouvements d’extrême droite lyonnais et les boîtes mail d’Yvan Benedetti. On y apprend qu’Amaury Navarranne est désormais l’un des bras droits de Benedetti pour l’organisation des camps d’été de Jeune nation. Ce que l’intéressé a démenti à Mediapart.

Parmi les documents piratés par les Anonymous, on trouve des demandes d’adhésion émanant de cadres du FN (lire l’article de Lyon Capitale), mais aussi la liste des membres. Parmi eux, Jean-Marie Cojannot, candidat FN aux législatives de 2012 et aux cantonales de 2011 dans le Vaucluse.

4. Les liens avec les identitaires

Fin 2011, un cadre du FN détaillait à Mediapart les « contacts individuels mais prolongés » de dirigeants du FN issus du MNR (Steeve Briois, Nicolas Bay, Bruno Bilde) avec ceux du bloc identitaire (BI), groupuscule anti-islam et xénophobe (lire notre article). La même année, lors des universités d’été du FN, à Nice, plusieurs responsables du BI, dont Philippe Vardon, étaient présents lors du discours de Marine Le Pen.

Entre les deux formations, les liens ont une dimension plus électorale. Aux cantonales de 2011, le FN a soutenu Jacques Peyrat, proche des identitaires, à Nice. En 2012, le bloc identitaire a réclamé des alliances avec le FN, ce que Marine Le Pen a pour l’instant refusé étant donné leurs divergences idéologiques sur l’Europe notamment. Mais à Nice, Nissa Rebela, la branche locale du Bloc, représenterait un potentiel électoral non négligeable pour le FN.

Le 19 septembre, ces liens prendront une tournure plus officielle, puisque Bruno Gollnisch – membre du bureau politique du FN, député européen, conseiller régional – se rendra à la Traboule, le local des identitaires à Lyon, pour une conférence.

Le 26 février, les identitaires lyonnais avaient déjà reçu Robert Ménard:

L’ancien président de RSF était aussi annoncé le 11 juin chez Jeune Bretagne (né de la scission du Bloc identitaire en 2012):

5. Les sulfureux secrétaires départementaux toujours en place

Les dirigeants du Front national se félicitent régulièrement d’avoir « fait le ménage » dans leur parti. Mais ce grand « ménage » est loin d’être effectif. Y compris parmi les responsables locaux du parti.

Épinglé par StreetPress puis par le livre Bienvenue au Front, Rémi Carillon, secrétaire départemental des Hauts-de-Seine, est toujours en place. Ce candidat FN aux législatives de 2012 s’est illustré par le post, sur site du FN 92, d’une vidéo antisémite de David Duke, ancien du Ku Klux Klan dont il juge les théories « intéressantes » mais aussi par sa version satirique de la Cigale et la Fourmi (où il question d’un « gang de cafards immigrés » qui « squatte » « la maison de la fourmi devenue logement social ») ou encore par sa tribune sur le site « Les 4 vérités » prônant la « méthode forte » « contre l’islamisation ».

Autre secrétaire départemental maintenu malgré son CV, Vincent Gérard, patron du FN de la Haute-Vienne, candidat frontiste régulier et ex-guitariste du groupe skinhead nationaliste Tolbiac’s Toads.

En avril 2012, il agresse le patron d’un bar, à Limoges. Marine Le Pen promet qu’il sera démis de ses fonctions s’il est condamné. Mais malgré sa condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour « violences avec ou sous la menace d’une arme » (il a fait appel de cette décision), il figurait cette année au 1er-Mai du FN, sur l’estrade officielle, comme secrétaire départemental:

Jean-Marie Le Pen lui a même renouvelé sa confiance lors d’un déplacement, en mai dernier (voir les images). Et sur le site du parti, il est toujours en poste:

6. Les liens sans frontière avec les négationnistes, néofascistes et néonazis

Le Front national flirte aussi avec des personnalités négationnistes.

Ainsi, en 2011, le FN investit l’ex-MPF Jacques Kotoujansky, pour les cantonales, dans l’Yonne. On le retrouve aux universités d’été du FN, en septembre 2011, à Nice, puis à la tribune du colloque santé organisé par le think tank du parti, à Paris, le 10 novembre 2011. Membre du comité d’action programmatique du FN sur la santé, c’est lui qui a rédigé les propositions de Marine Le Pen sur la Sécurité sociale pour la présidentielle de 2012.

Mais Kotoujansky est aussi un médecin révisionniste, comme l’a révélé la journaliste Claire Checcaglini dans son livre Bienvenue au Front (Jacob Duvernet, 2012). Adepte des thèses de Thierry Meyssan, il a donné des conférences sur le 11-Septembre et a créé sa propre association conspirationniste, « Vérité & Liberté », visible sur le site, kotou.fr, dédié à la théorie du complot.

Autre exemple, Mathieu Spieser, membre du FN dans les Hauts-de-Seine et du DPS. Ce jeune homme, qui assure régulièrement la sécurité des Le Pen (photos ci-dessous), dialogue avec des négationnistes et antisémites notoires, tels que Robert Faurisson, Hervé Ryssen, Vincent Reynouard, comme en attestent plusieurs mails publiés par le site Fafwatch (à voir ici, , ou encore là), où il apparaît sous l’identifiant « msierra88″. Il figurait aussi sur la liste des invités du “forum de la nation” de l’Œuvre française, le 15 octobre 2011.

Le 13 janvier 2013, c’est un autre élu connu pour ses déclarations racistes, négationnistes et antisémites (notamment dans les années 1980-1990), qui défile avec le Front national, lors de la manifestation contre le mariage pour tous: Nick Griffin, chef du British National Party, parti d’extrême droite britannique. Le député européen a assisté à des meetings du Ku Klux Klan (lire ici et ), nié l’Holocauste en le comparant au « canular du XXe siècle », expliqué qu’il rêvait « d’une société entièrement blanche » et prôné la « suprématie blanche ». En 1998, il a été condamné à 2 ans de prison avec sursis pour incitation à la haine raciale (lire notre article).

Derrière eux on retrouve… Mathieu Spieser:

À l’étranger aussi Marine Le Pen conserve des contacts avec des personnages sulfureux (lire notre article sur son front européen). En 2006, lors de la dernière « fête des Bleu-Blanc-Rouge», elle pose avec Manuel Andrino, le leader de la Phalange. Cette organisation fasciste espagnole est alors invitée officiellement à la rencontre annuelle du Front national. D’autres responsables du FN (Jean-Marie Le Pen, David Rachline) prennent aussi la pause avec les Phalangistes (voir les photos ici)

En janvier 2012, la présidente du FN se rend aussi au très controversé bal de la Fédération des corporations pangermanistes, à l’invitation du FPÖ, le parti autrichien d’extrême droite. Ce rassemblement annuel de toute l’extrême droite européenne reçoit régulièrement des figures du négationnisme (comme John Gudenus, ex-FPÖ), des responsables internationaux d’extrême droite (le Vlaams Belang belge, le parti national-démocrate allemand – NPD –, le sulfureux Alexander Dugin du parti eurasiste de Russie).

Marine Le Pen y rencontre Martin Graf, député du FPÖ, membre d’Olympia, une corporation secrète interdite aux juifs et aux femmes dont les membres sont chargés de véhiculer, par des biais détournés, des idées néonazies, pangermanistes, antisémites et négationnistes (lire notre article).

En 2012, une photo circule, sur laquelle la présidente du FN pose avec Anthony et Grégoire, deux figures du milieu néo-nazi lyonnais – vraisemblablement en 2006, lors de la dernière « fête des Bleu-Blanc-Rouge », qui était la rencontre annuelle du FN. Anthony (à droite), batteur du groupe néo-nazi lyonnais Match Retour, a notamment participé à la tentative de rassemblement « contre les casseurs », le 22 octobre 2010 à Lyon (voir les images), à l’issue de laquelle quelque 150 personnes ont été arrêtées.

Sur leurs t-shirts, ils affichent des symboles nazis: une croix gammée arrondie avec une tête de mort (emblème des SS gardiens de camps); un détournement de la marque Londsdale en « LoNSDAPe », renvoyant au parti NSDAP d’Hitler. La présidente du FN assure alors n’avoir pas vu la croix gammée et minimise: « Depuis trois ou quatre ans, j’ai dû me faire photographier 10 000 fois, et encore ».

La famille Le Pen était aussi liée avec l’ancien député européen d’extrême droite Franz Schönhuber (décédé en 2005), auteur en 1982 d’un livre dans lequel il défendait son engagement dans les Waffen-SS:

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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 07:45
Bijoutier assassin de Nice, marre de la démagogie d'extrême droite!

Suite notamment à l’affaire du bijoutier de Nice, une tribune libre parue sur le site d’Union Pour le Communisme.

« Mais il n’est plus l’heure pour personne de cacher le vrai jeu joué. »

L’été de la France paranoïaque traîne en longueur. Dans les journaux télévisés, la trouille dégouline des micro-trottoirs, suinte des voix off, s’étale dans les mines équivoques des présentateurs au chevet d’un pays à feu et à sang. Les faits divers se succèdent, on se sent comme étranglé, étouffé par un corset tissé de meurtres, de braquages sanglants, de vols et d’agressions incompréhensibles. On ne les voit pas encore, ces actes de guerre terrible qui pourtant seraient partout, mais on s’y prépare : quelques excités s’arment, hurlent leur peur dans des réunions de riverains, s’organisent en « voisins vigilants », rivalisent de bêtise et de lâcheté. Une famille rrom entassée à l’intérieur d’un amas de tôles et de bâches en plastique devient l’Ennemi, le Danger ; un voleur soudain mérite de se faire tirer dans le dos pour des bijoux assurés : il paraît que c’est de la « légitime défense ».

Et puis, somme toute, tout a l’air normal. Une fois passé le seuil de son appartement, de sa maison, le « français moyen » ne voit rien de tout cela. Ou plutôt, il ne le voit que dans les on-dit des collègues au travail, les titres des journaux gratuits qu’il parcourt dans les transports, la panique collective de basse intensité.

Bien sur, il y a de la violence. De l’auto-défense aussi. Mais ni cette violence, ni cette auto-défense ne préoccupent les 20h, Manuel Valls, Christian Estrosi et les sympathisants lepénistes.

Cette semaine, les ouvriers de plusieurs usines de PSA ont fait grève. Ils/elles font face à une réduction de leurs salaires, permise par l’ANI – « Accord National Interprofessionnel » – voté par la majorité « socialiste ». La baisse de leur salaire est une violence sans nom, que ne dénonce aucune des forces politiques qui hystérisent le « débat » sur la sécurité. Et pour cause : ces forces sont au service de ceux qui exploitent le travail des ouvriers de PSA, et qui cherchent aujourd’hui à compenser la baisse de leur taux de profit en attaquant les salaires. La lutte que ces mêmes ouvriers ont amorcée, c’est de l’auto-défense. Pourtant, pas un mot dans les JT du soir.

L’enjeu du jour, ce n’est pas de savoir si la mort nous guette au coin des rues, une cagoule sur la tête et une arme de gros calibre entre les mains. L’essentiel des dangers auxquels nous faisons face quotidiennement, nous les trouvons et les trouverons dans des objets aussi banals que nos fiches de paye, nos relevés de compte, nos quittances de loyer, nos factures diverses. Nous sommes en train de subir des blessures que nous ne sentons pas tous encore, et nous allons saigner pour ceux-là même qui nous donnent à contempler ce Crime qui devrait concentrer toutes nos peurs, toute l’appréhension dont nous sommes capables.

Le crime, le véritable crime de masse, c’est celui que commet chaque jour qui passe le gouvernement avec ses mesures antisociales. La bourgeoisie encourage la défense de la propriété par les armes, et condamne dans le même temps les résistances à l’exploitation salariée, que nous devrions subir calmement et pacifiquement. Aucun héros vengeur ne nous sauvera, nous n’avons pas de police que nous pourrions renforcer et qui arrêterait nos agresseurs. Nous sommes notre propre « héros vengeur », et nous ne pourrons compter que sur les formes que nous donnerons à nos luttes pour stopper dès à présent non seulement l’ANI ou la réforme des retraites, mais toute l’organisation criminelle du capitalisme.

Ce constat, à l’heure où tout indique que les directions syndicales ne sont pas même décidées à une mobilisation minimale contre la réforme des retraites, pourrait donner à qui veut lutter des raisons de se morfondre. Il est parfois difficile, devant l’ampleur de ce qu’il y a à gagner, de se résoudre à jeter toutes ses forces dans la construction de la seule défense de nos conditions présentes de vie et de travail. C’est pourtant cette défense qui aujourd’hui paraît à même de balayer la peur qui s’installe, d’imposer le mouvement réel contre l’hégémonie de la trouille. Malgré la politique des Lepaon, des Mailly, nous savons que tôt ou tard, comme dans les usines PSA, les travailleurs se défendent contre les coups qui leur sont portés, et en portent à leur tour. La colère s’exprime encore de manière dispersée, mais elle existe : les tenants du « dialogue social » seraient bien mal avisés de croire qu’elle ne connaîtra jamais d’explosion. On ne peut pardonner ni oublier un crime dont les effets se font sentir chaque jour.

L’image que cette société en crise donne à voir se réduit à présent à celle d’une maison en ruine dont on fermerait les volets par peur du noir, sans comprendre que le toit s’effondre déjà. Nous n’avons pas peur, car nous savons que les véritables dangers qui nous menacent pourront être vaincus, parce qu’il est possible de les désigner et de les écarter ; parce qu’ils ne sont pas seulement des ombres qu’on agite dans la nuit, mais des hommes et des choses qu’on peut attaquer.

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 10:31

Martial Roudier, qui est le président du CEPE, le comité de soutien à Esteban Morillo, l'assassin de Clément Méric vient lui même d'être condamné à 4 ans de prison pour avoir poignardé dans le dos un antifasciste de 16 ans à Nîmes...

Comme quoi l'extrême droite fasciste malgré ses discours lissés ne change pas et montre ici sont vrai visage. Voici l'article du Midi Libre qui relate les faits.

Un mineur avait été poignardé et grièvement blessé

Mis en cause dans une violente agression visant un jeune red skin (skin d’extrême gauche), Martial Roudier, sympathisant de la Ligue du Midi et du réseau Identités, a été condamné, hier, par le tribunal correctionnel de Nîmes à quatre ans de prison dont deux ans avec sursis mis à l’épreuve. Les juges ont également condamné Thomas Haraigue, agresseur de Martial Roudier, défendu par Me De Prato, à six mois de prison.

La victime : un militant antiraciste

La principale victime, Thomas, âgé de 16 ans et militant antiraciste, a été poignardée et grièvement blessée, rue Cité-Foulc à Nîmes, pendant la feria des Vendanges en 2008. Martial Roudier a toujours contesté le contexte idéologique et nié être l’auteur du coup de couteau.

Contexte alcoolisé

Ce 20 septembre, une bagarre éclate dans un appartement de la rue Cité-Foulc. Attiré par la musique, Martial Roudier, âgé d’une trentaine d’années, accompagnée d’une femme, s’impose dans la fête. Visiblement, il comprend que les occupants de cet appartement ne partagent pas ses idées. Martial Roudier aperçoit le blouson de Thomas, un mineur, portant un logo antiraciste, demande à qui il appartient... Dans un contexte très alcoolisé, les coups partent.

Batte de base-ball

Selon Martial Roudier, les insultes et propos visant son amie sont à l’origine de la rixe. D’autres témoins décrivent une bagarre mettant en cause des red skins - militants antiracistes armés d’une batte de base-ball -, et Martial Roudier, sympathisant de l’extrême droite. Celui-ci est blessé dans la bagarre.

Poignardé dans le dos

La seconde scène se déroule dans la rue. Le jeune Thomas est poignardé dans le dos. Martial Roudier, en fuite, se coupe la barbe. Il est interpellé plus tard par les policiers qui le recherchent.

Condamné pour violence avec arme

Mis en examen pour tentative de meurtre, Martial Roudier a été finalement renvoyé devant le tribunal correctionnel pour violence avec arme en récidive. L’audience s’est déroulée le 3 juin dernier. La représentante du parquet avait requis quatre ans de prison ferme.

Le président du comité de soutien à l'assassin de Clément Méric en prison pour avoir poignardé un antifa!
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